• CHAPITRE CINQUANTE NEUF •

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— A —

— Un chien ? s'étonne Lex.

— Oui, tu veux voir une photo ? je lui demande le plus sérieusement du monde.

— Oh non, pitié ! Tu ne vas quand même pas devenir une mère gâteuse ? lance-t-elle, moqueuse.

— Espèce de jalouse !

— Moi ? éclate-t-elle de rire.

J'attrape une bouteille de soda pour remplir un verre, mais je suspends mon geste quand je croise le regard d'Aaron. La simple vue de son visage vicieux fait remonter en moi une vague de ressentiment. J'aimerais pouvoir l'ignorer lui ainsi que son aura toxique et retourner vaquer à mes occupations, mais je présume qu'il ne s'en ira pas de lui-même. Pourquoi prend-il le risque de venir dans l'un des établissements de son frère après leur altercation ? Son attention se fixe sur mon arcade et je dois me retenir d'y porter instinctivement la main. Une colère indescriptible enfle en moi. J'ai reçu un coup de poing à cause de ce primate qui se pavane tranquillement avec un sourire arrogant sur son visage encore tuméfié.

— Bonsoir, crie-t-il pour tenter de couvrir le bruit.

Je lui adresse un regard venimeux, car je n'ai rien d'autre à lui offrir. Je ne me laisserai pas prendre à son jeu de nouveau. Je dépose la boisson devant un client et il en profite pour agripper fermement mon poignet. Je jette un coup d'œil à l'entrée, mais à cause de la foule qui est agglutinée à côté du bar, je n'aperçois aucun agent de sécurité. Sa poigne se resserre comme un étau et il me force à me pencher vers lui.

— C'est mignon. C'est mon frère que tu cherches ? Si c'est le cas, sache qu'il ne volera pas à ton secours. Une urgence familiale le retient.

Il éclate d'un rire mauvais et je me demande si je n'ai pas été catapultée dans une version déplorable d'une émission de télé-réalité. Depuis que Monsieur bleu acier a fait irruption dans ma vie, j'ai l'impression d'être devenu le centre d'attention de beaucoup de personnes.

— Une véritable urgence familiale ? je le provoque en tentant de me libérer de sa poigne de fer.

— Hum, va savoir ma beauté.

Je me penche cette fois de mon plein gré sur le bar pour cracher à son oreille.

— Ne m'appelle plus jamais « ma beauté », espèce de taré ! 

Profitant de l'effet de surprise, je saisis sa gorge de ma main libre et serre son cartilage thyroïde aussi fort que possible. Il lâche rapidement mon poignet en reculant, me toisant avec amusement tout en palpant sa pomme d'Adam.

— Je crois comprendre pourquoi tu intrigues mon frère. Tu es aussi dérangée que lui !

— C'est peut-être ça. Maintenant, déguerpi avant que...

— Avant quoi ? m'interrompt-il rageusement. Coucher avec mon psychopathe de frère ne te donne aucun pouvoir, espèce de petite chose insignifiante.

— Insignifiante ? je ricane. Pourtant, tu te tiens face à moi. J'imagine avoir une certaine importance à tes yeux pour que tu prennes la peine d'éloigner ton frère juste pour avoir deux minutes avec moi. Je suis plutôt magnanime ce soir, je te laisse donc dix secondes pour t'expliquer.

— Mais pour qui te...

— Neuf !

— Très bien ! dit-il, marquant une pause.

— Alors ? je m'impatiente.

— Il semblerait que tu aies une influence étrange sur lui.

— Une influence ? Tu ne connais pas bien ton frère si tu crois que quelqu'un peut l'influencer.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant