• CHAPITRE DOUZE •

19.7K 1.4K 115
                                    




— H —

Mes journées sont toutes les unes plus chargées que les autres, alors ce genre de petits jeux stupides ne devrait même pas avoir une place dans mon planning. Je n'ai rien à prouver ni à elle ni à moi d'ailleurs. Pourtant, je ressens un besoin quasi irrépressible de résoudre cette énigme chaque fois qu'elle apparaît dans mes pensées. Je l'ai lu dans son regard lors de notre première rencontre... mon charme ne la laisse pas insensible. Il n'y a aucune prétention à le reconnaître, j'énonce juste un fait. Cela dit, si je lui fais effectivement un quelconque effet, je dois dire qu'elle n'est pas en reste. Depuis plus d'une vingtaine de jours, elle a élu domicile dans mes pensées. Cela ne peut pas durer ad vitam æternam. Mon attention se doit d'être dédiée à cent pour cent à mon travail et rien d'autre. Toutefois, avec ma capacité à me lasser rapidement des choses que je possède, j'ai trouvé la solution parfaite pour la faire disparaître de mon esprit à tout jamais. Fonctionner de la sorte fait peut-être de moi un minable, mais c'est ainsi. Je jouerai mes dernières cartes ce soir et si cela ne marche pas je dénicherais bien autre chose sur quoi reporter mon intérêt. Je sais déjà que je pars avec un coup d'avance dans la mesure où l'on m'a informé que son dossier a été retenu dans l'école qu'elle convoite. Son humeur sera donc plus favorable à une réévaluation de ma proposition. C'est vicieux de ma part, mais ma conscience n'a pas pour habitude de s'arrêter sur ce genre de futilité et ce n'est pas aujourd'hui qu'elle le fera.
Ethan m'envoie un message pour m'annoncer que la ballerine est dans mon ascenseur et j'ai envie de sourire. Je ne comprends pas cette nouvelle manie, mais cela doit cesser si je veux pouvoir rester à la barre de mon navire. Cela dit, je suis plutôt confiant sur la suite. Qu'importe l'endroit, j'ai pour habitude de jouer en terrain conquis et ce soir ne fera pas exception à la règle. Je ne vois aucune raison pour que je n'arrive pas à atteindre l'objectif que je me suis fixé et dans mon propre appartement de surcroît. Après tout, le fait qu'elle a accepté de suivre mon chauffeur n'est-il pas en soi une confession ?
D'un pas tranquille, je m'approche des portes et je glisse les mains dans mes poches de pantalon. Lorsqu'elles s'ouvrent, ce n'est pas la tigresse aux griffes acérées, mais la biche prise dans les phares d'une voiture qui me fait face. Elle ne s'attendait probablement pas à se retrouver directement dans l'antre du loup.

— Angelina.

— Bonsoir.

— Bienvenue chez moi.

Nous restons là à nous jauger l'un l'autre sans un mot de plus et puisque je ne souhaite pas perdre cette bataille silencieuse j'accroche sereinement mon regard au sien. Malheureusement, je me laisse prendre à mon propre jeu et je réalise que je me laisse hypnotiser par la puissance et la beauté de son regard. Au diable la bataille! Je lui tourne le dos pour lui emboîter le pas en direction de ma pièce à vivre.

— Kris ? Oui, je suis désolée, ça a coupé ! J'étais dans....

Sa phrase meurt dans un souffle au moment où je me tourne vers elle.

— Je te rappelle, dit-elle avant de raccrocher.

— N'était-ce pas vous qui parliez de mes manières détestables lors de notre première rencontre ?

— Il faut croire qu'elles le sont toujours.

— Vous êtes plutôt culottée. Vous répondez à un coup de fil à peine arrivé chez moi, sans même vous excuser au préalable et...

— Premièrement, ce n'est pas moi qui me suis détourné sans un mot. Deuxièmement, il ne me semble pas vous avoir entendu présenter de quelconques excuses au Convivium lorsque vous avez pris votre appel. Ensuite, j'étais en ligne bien avant d'atterrir dans votre salon.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant