• CHAPITRE VINGT-HUIT •

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— A —

J'ai écopé, et c'est bien le terme, d'une semaine de congés. Je ne voulais pas de ce repos forcé, mais je n'ai pas eu le choix. Evan a prévenu l'école, le club ainsi que le restaurant avant même que je ne sorte de l'hôpital et je n'ai pas eu la force de batailler avec lui sur le sujet en rentrant. Le fait de devoir prendre un traitement de nouveau fait remonter en moi des souvenirs qui ne sont pas les bienvenus et cela m'irrite déjà assez. Ce n'est donc pas la peine d'alimenter encore plus cette humeur massacrante.

Alec est resté travailler depuis la maison pour me tenir compagnie bien que je me sois échinée à lui répéter en boucle que tout allait pour le mieux et même si je ne compte pas le lui avouer, cette attention m'a particulièrement touchée. Je ne sais pas comment j'aurais vécu le fait d'être enfermée seule avec mes pensées des jours entiers après cet incident. Lorsqu'il quitte l'appartement en milieu de semaine pour se rendre au bureau afin de régler une affaire urgente, je décide que j'ai assez fainéanté et qu'il est temps de chausser mes pointes de nouveau. Bien que j'appréhende la réaction de mon corps face à l'effort, je sais que je n'ai pas d'autres choix. Seule une persévérance sans faille me permettra d'atteindre mes objectifs. Il est donc inutile de m'apitoyer sur mon sort en espérant que ma condition médicale ne se révélera pas être un frein dans quelques jours. Je dois simplement faire en sorte de mettre toutes les chances de mon côté pour que cela ne se produise pas.

Lorsque Aleksei arrive en début d'après-midi, il m'offre une nouvelle paire de chaussons. Celui-ci ne s'appesantit pas sur de longs discours d'encouragement ou de bon rétablissement et il commence l'échauffement. Je ne m'en formalise pas le moins du monde. Son geste parle bien assez pour lui. Nous nous entraînons ainsi pendant deux bonnes heures avant que mon corps ne me rappelle sévèrement à l'ordre. Malgré mes protestations, Aleksei ne veut pas prendre de risque et préfère que nous en restions là pour aujourd'hui. Sa décision me frustre, mais au fond je sais qu'il a raison. Une petite reprise est toujours bien mieux qu'aucune reprise du tout.

***

Je n'ai plus une seule once d'énergie dans les muscles en fin de semaine, mais je suis fière de moi. Je ne m'essouffle plus aussi vite et je n'ai eu aucune crise lors des entraînements. Je profite du fait qu'Alec soit sorti faire quelques courses pour louer un film et me faire un chocolat bien chaud en guise de récompense. J'ai à peine le temps d'attraper un plaid que la sonnette retentit. Je me dirige vers la porte, mais je change d'avis au dernier moment. Personne ne sait que je suis à l'appartement et les garçons ont leurs clés. Par conséquent, rien ne me pousse à répondre. Je fais volte-face en direction du canapé lorsque j'entends distinctement mon nom. La colère l'emporte sur le bon sens et je décide d'aller à la rencontre de la personne culottée qui se trouve derrière la porte et dont j'ai reconnu sans mal la voix.   

— Bonjour, Mademoiselle Carter.

Le sourire de la vipère est aussi faux que le timbre de sa voix. 

— Bonjour Stella.

— Oh... nous laissons donc de côté la politesse.

— Puisque vous vous présentez chez moi sans invitation et sans m'avoir contacté pour me demander mon adresse au préalable, j'en conclus que nous sommes donc intimes au point de nous appeler par nos prénoms respectifs.

— Hum, très bien Angelina, ronronne-t-elle presque. Puis-je entrer un moment ?

— Non.

— Je vois. Manière forte ce sera alors.

— Le contraire m'aurait étonné de votre part Stella.

— Ce n'est pas moi qui manque de manières.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant