• CHAPITRE CENT QUATRE •

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– A –

Mes mains sont moites et un frisson de nervosité parcourt mon échine alors que chaque fibre de mon être semble aussi tendue qu'une corde prête à se rompre. Je ne sais pas depuis combien d'années je n'ai pas eu autant le trac, mais je me sens étrangement vulnérable. Ce qui est idiot, je le sais ! Après tout, c'est moi qui ai insisté pour être ici, mais maintenant que nous sommes sur le point de faire face aux journalistes, j'ai l'impression que mes jambes vont se dérober sous moi à tout moment.

La conférence de presse se déroule dans l'une des immenses salles du siège de l'entreprise de Hayden. « Pour jouer à domicile », m'a-t-il expliqué lorsque je lui ai demandé pourquoi il avait fait ce choix. Et son idée n'est pas dénuée de sens, car si les discussions tournent mal, nous aurons au moins la possibilité de battre en retraite vers la porte la plus proche. Mais malgré cette assurance, je ne suis pas à l'aise pour autant.

Devant les portes, je vérifie une énième fois qu'il n'y a pas de taches sur mon jean ni de plis sur ma chemise.

— Arrête ça, chuchote Hayden à côté de moi.

Je lui lance un regard plein d'interrogation et il poursuit sur le même ton, d'une voix presque étouffée pour que les gens qui nous accompagnent n'entendent pas.

— Ne leur montre pas que tu es nerveuse. Autrement, ils ne feront qu'une seule bouchée de toi.

Une de ses mains se pose en douceur dans le creux de mes reins et il m'encourage silencieusement à mettre un pied devant l'autre. Nous nous élançons enfin dans la salle et les murmures des journalistes bourdonnent aussitôt dans la pièce, comme un essaim d'abeilles. Je tente de calmer les battements effrénés de mon cœur en inspirant profondément, mais la nervosité prend possession de moi et j'ai l'impression qu'il va finir par sortir par ma bouche. Chaque pas que je fais semble peser des tonnes, comme si mes jambes refusaient d'obéir.

Ce n'est que lorsque nous atteignons l'estrade que Hayden retire sa main et je ressens soudainement un vide. Je réalise à quel point j'avais besoin de sa présence réconfortante. Il s'installe avec une grâce tranquille en arborant son assurance habituelle, tandis que je m'efforce de maintenir un sourire confiant sur mon visage, bien que mes mains tremblent légèrement. Avec le même calme, il ouvre une bouteille d'eau et sert un verre qu'il fait glisser vers moi. Je risque un coup d'œil dans sa direction, mais son regard reste fixé sur l'assemblée devant nous, prêt à affronter la tempête de questions qui se profile.

Les flashs crépitent alors que l'un de ses avocats donne la parole au premier journaliste qui lève la main et cela sonne comme le coup d'envoi d'un match de foot. Les questions commencent à fuser de toutes parts. C'est un déluge incessant auquel Hayden répond avec une aisance déconcertante et sa sérénité inébranlable semble calmer l'agitation ambiante.

Les premières questions portent sur son entreprise et tout ce que ce « scandale » implique pour lui et ses investisseurs. Je réalise soudain que je n'ai même pas pris le temps de lui poser cette question moi-même. Un sentiment de culpabilité me traverse alors que je tourne toute mon attention vers lui. Malgré son calme apparent dans sa façon de répondre, je commence à le connaître suffisamment pour discerner la frustration dissimulée derrière sa façade impassible. La ligne dure qui se dessine le long de sa mâchoire ne laisse aucun doute à ce sujet.

Très vite, c'est à mon tour, Une question m'est destiné et même si j'en comprends parfaitement le sens, je n'arrive pas à formuler un semblant de réponse cohérent et les mots se coincent dans ma gorge. La panique monte de nouveau en moi alors que je prends conscience de l'ampleur de la situation et tout ce que je parviens à produire est un bégaiement incompréhensible. Les enjeux sont trop élevés... ce n'est pas une conférence de presse ordinaire. C'est un moment décisif pour notre avenir à tous les deux, et au fond de moi, je me demande si nous sommes vraiment prêts à affronter les conséquences de nos actions. Avant que je puisse rassembler mes pensées, Hayden prend la parole à ma place.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant