– A –Je suis partagée. Partagée entre l'envie de consoler l'homme assis dans la voiture à côté de moi et celle de le secouer violemment à cause du nouveau pétrin dans lequel il nous a plongés. Puisque je n'ai pas entendu le son de sa voix depuis que nous avons quitté la salle de conférence, je décide d'opter pour l'approche la plus frontale. Éviter le sujet ne fera qu'empirer les choses de toute façon.
— Fiancés, hein ?
Ses mâchoires se contractent, signe qu'il m'a parfaitement entendu, mais il garde les lèvres scellées. Je sens que la dernière question concernant Judith l'a profondément ébranlé et bien que je ne veuille pas tout centrer sur moi, ces échanges m'ont aussi secouée. Son silence ne fait donc qu'accentuer mon malaise.
— Encore une fois, tu choisis quand faire front commun, c'est ça ? je lâche entre mes dents serrées.
— Ce n'est pas le cas, finit-il par répondre.
Je fixe obstinément le paysage qui défile devant ma vitre, car à en juger par sa voix, il ne semble pas se donner la peine de me regarder non plus.
— Si ça l'est. Penses-tu que l'exercice était agréable pour moi ?
— C'est toi qui as demandé à venir.
Ma tête pivote si vite dans sa direction que je sens quelque chose claquer dans ma nuque.
— Je te demande pardon ? je réplique en cherchant à contenir ma frustration.
Il se tourne enfin pour me faire face.
— Pourquoi crois-tu que j'ai tenu à faire cette conférence de presse, Angelina ? C'était un coup de poker pour faire sortir Aaron du trou noir dans lequel il se cachait depuis des jours et cela a fonctionné.
— Un coup de poker ? je m'indigne. Et tu n'as pas jugé nécessaire de m'en informer ?
— Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? soupire-t-il.
Il marque un point, mais si nous voulons que les choses marchent entre nous, il ne peut plus mener ce genre d'actions derrière mon dos sans m'en avertir.
— Tu aurais dû me le dire, je maintiens. Qu'importe que j'aie décidé de venir ou non. Je t'ai dit que je ne fuirais plus, et j'étais sincère, mais c'est toi qui t'évertues une fois encore à me tenir à distance.
— Je ne te tiens pas à distance, Angelina, bon sang ! J'essaie de te protéger ! explose-t-il.
— Et comment, Hayden ? En me dissimulant ta stratégie et en me mettant face au fait accompli concernant ces fausses fiançailles sans même m'en informer au préalable ? Malheureusement, je ne suis pas dotée de dons télépathiques et je ne peux pas deviner tes intentions si tu ne les exposes pas clairement.
— Elles ne sont fausses que parce que tu as laissé entendre que tu ne désirais pas que cela en soit autrement.
— Que... quoi ? je bégaie.
— Aux dernières nouvelles, tu n'as pas souhaité emménager avec moi, ne serait-ce que pour quelques jours.
— Tu ne peux pas extrapoler de cette façon à partir de notre conversation de ce matin !
— Au moins, nous ne nous disputions pas, contrairement à maintenant.
— Ce n'est pas une dispute, c'est une discussion, c'est différent.
— Réponds-moi simplement : as-tu des doutes sur notre relation ?
Sa question me prend de court et c'est à mon tour de garder le silence un instant face à son expression sévère.
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BALLERINA
RomanceAngelina Carter et Hayden Reed n'ont en apparence rien en commun, si ce n'est une détermination farouche à réaliser leurs rêves. Alors qu'elle ne vit que pour le ballet et qu'elle s'y abandonne corps et âme, il n'a de considération que pour l'empir...