• CHAPITRE SOIXANTE-DIX-NEUF •

748 84 24
                                    




– A –

Je referme l'écran de l'ordinateur avec une telle violence que Hayden sursaute. Inutile d'approfondir, je connais déjà la teneur du contenu.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? je demande d'une voix tendue.

— C'est assez explicite pourtant.

— Faut-il vraiment que tu sois sarcastique dans un moment pareil ?

Il rouvre son ordinateur, mais un soupir s'échappe de ses lèvres. Mon regard suit le sien et je découvre avec horreur que l'écran est fissuré. Parfait! Une nouvelle dette financière à ajouter à ma liste.

— Je suis désolée... je... je t'en rachèterai un, je bafouille.

— Inutile, toutes mes données sont sauvegardées, c'est le principal. Ce n'est que du matériel. Allons dans mon bureau.

Bien que ce soit déjà assez délicat d'être dans son salon sans être assaillie par de nombreux souvenirs, j'obéis docilement. Je suis bien consciente que je n'ai pas d'autre choix.

En silence, il tire une chaise près de lui devant son imposant ordinateur et il me fait signe de m'asseoir. Je prie pour qu'il n'affiche pas cette vidéo sur un écran encore plus grand. Il tapote sur son clavier et ouvre sa boîte de réception. En parcourant rapidement les objets des e-mails, je suis horrifiée... et dire que je ne pensais pas pouvoir tomber plus bas.

— Elle est virale, Angelina. Mes informaticiens travaillent d'arrache-pied pour l'effacer de partout, mais le mal est fait. J'ai reçu près d'une centaine de courriels à ce sujet.

— Ce n'est pas possible, je murmure, la gorge nouée.

Je suis totalement abattue. Je prends ma tête entre mes mains et je serre aussi fort que je le peux. Je ne sais pas quoi faire d'autre de toute façon.

— Comme tu peux t'en douter, la sphère journalistique prépare déjà les gros titres de demain matin, m'achève-t-il. J'ai tout fait pour en dissuader beaucoup, mais...

— C'est bien trop juteux comme nouvelle, je termine.

— Oui, confirme-t-il.

— Depuis combien de temps est-ce en ligne ? je demande.

— Je suis venu te trouver peu de temps après l'avoir appris.

— Combien ? je répète.

— Environ trois heures.

J'accuse difficilement le coup. La moitié de la planète a donc pu voir ces images.

— Qui a bien pu faire quelque chose d'aussi ignoble ?

— Pas besoin de réfléchir des heures, ce sont les caméras de sécurité du Convivium.

— Jamie... je souffle. Comment a-t-il pu y avoir accès ?

— Je n'en ai aucune foutue idée.

— Là n'est même plus la question en réalité, je lâche, totalement consternée.

— Bien sûr que si ça l'est ! s'agace-t-il. Je vais détruire cet enfoiré.

— Pourquoi a-t-il attendu si longtemps, à ton avis ? je demande.

— Je n'en sais rien. Il a probablement patienté jusqu'à ce que l'un de nous deux ait quelque chose à perdre.

— Eh bien, ce n'est certainement pas moi.

— Pas même ton nouveau petit ami pour lequel tu travailles ?

— Quoi ? je m'écrie. Mais c'est maladif, bon sang !

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant