• CHAPITRE QUATRE-VINGT-QUINZE •

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– A –

Ce n'est qu'au moment où nous pénétrons dans la cabine que je remarque à quel point son t-shirt blanc immaculé épouse parfaitement les contours de son dos musclé. Peu importe où je porte mon regard, la surface réfléchissante me renvoie inlassablement son image, et quand je réalise qu'il me fixe, une étrange culpabilité s'empare de moi.

Une douce chaleur nous enveloppe dès que nous entrons chez lui. Mes doigts demeurent entrelacés aux siens alors que je le suis à travers les différentes pièces. Ce n'est qu'une fois dans la salle de bain principale qu'il me libère. D'un geste assuré, il fait glisser son t-shirt au-dessus de sa tête et il termine de se déshabiller sans se soucier de ma présence. Incertaine, je le scrute tandis qu'il se fond sous un jet d'eau brûlante en fermant les yeux. Les tatouages qui ornent sa peau semblent prendre vie et leur danse envoûtante me fascine pendant un long moment avant qu'il ne brise le charme.

— Attends-tu une invitation formelle ? dit-il.

— Rafraîchis-moi la mémoire. Comment sommes-nous passés d'une injonction à rentrer chez moi à une invitation à te rejoindre sous la douche ?

— Je pense surtout que tu devrais quitter ces vêtements qui ruissellent ou tu vas attraper la mort. Comme tu le sais, ce n'est pas la seule salle de bain ici. Sens-toi à l'aise d'utiliser celle qui te conviendra le plus.

L'idée de me réchauffer sous l'eau chaude me séduit. Son air satisfait me rend presque jalouse, alors que je commence à frissonner.

— Souhaites-tu que je te laisse l'intimité de cette salle de bain ci ? m'interroge-t-il avec une politesse feinte.

— Non, merci, Hayden. Ça ira.

La confidence qu'il m'a faite à l'hôtel il y a quelques jours résonne dans un recoin de ma tête et je décide que ce n'est pas raisonnable de jouer avec le feu. Comme s'il pouvait lire dans mes pensées, un sourire en coin se dessine sur son visage lorsqu'il s'empare de son gel douche. J'enlève mon manteau ainsi que mes Converses et mes chaussettes. Dès qu'il perçoit le mouvement de ma part, il suspend ses gestes. L'un de ses sourcils s'arque presque jusqu'au sommet de son front, mais je m'arrête là. Je saisis une pile de serviettes alors que deux auraient largement suffi, puis je quitte la salle de bain avec mon butin sous le bras. En direction de la salle de bain voisine, près de l'une de ses chambres d'amis, je termine de me dévêtir. J'étale mes vêtements sur un radiateur avant de glisser à mon tour sous une eau bouillante. Malgré le plaisir que cela me procure, j'en ressors en moins de cinq minutes. J'enveloppe mon corps dans une immense serviette et j'en noue une autre autour de mes cheveux. La sensation qui m'étreint est étrangement agréable et quelque chose me dit que cela va au-delà de cette simple douche. J'ai l'impression qu'un poids invisible s'est envolé de mes épaules.

En pénétrant dans le salon, je découvre Hayden vêtu uniquement d'un bas de jogging, le regard plongé dans l'horizon. Sur son canapé, une chemise et un peignoir sont soigneusement disposés côte à côte et je présume qu'il y a une raison qui se cache derrière cette mise en scène. Je l'observe en silence un moment en tentant de faire taire cette petite voix intérieure qui prétend comprendre pourquoi cette tension a disparu d'un coup.

— Tu apprécieras probablement dormir dans quelque chose de moins contraignant, dit-il sans se retourner.

— Dormir ?

La dernière chose que j'avais en tête en venant ici était de passer la nuit. Alors qu'il se tourne vers moi, ses mains glissent tranquillement dans les poches de son jogging. J'essaie de ne pas remarquer les petits centimètres de peau qui se dévoilent progressivement sous l'influence de la gravité, mais c'est impossible.

BALLERINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant