BALLERINA

• CHAPITRE QUARANTE CINQ •

— A —

J'arrive près du bar et je découvre Monsieur bleu acier installé sur l'un des tabourets avec une décontraction naturelle. Sa veste est soigneusement pliée à côté de lui, tandis que la lumière semble être captivée par sa seule présence. Tel un acteur sur scène, il occupe tout mon champ de vision. Il ne m'a pas menti, le club est vide et une atmosphère calme et douce inhabituelle y règne. Je me glisse derrière le bar et j'attrape un verre au passage.

— Qu'est-ce que je te sers ?

— Surprends-moi, Angelina, me répond-il avec un sourire en coin.

Nous connaissons tous les deux la signification cachée de cette phrase, mais je ne réagis pas. Je lui verse un alcool fort et il avale la première gorgée sans sourciller. Il pousse mon téléphone vers moi et il vibre presque immédiatement. « On couche ce soir ? » Je réprime un rire à la lecture, car je refuse de lui faire ce plaisir. À la place, je range mon portable et je me sers à mon tour avant de grimper sur l'un des plans de travail de mon côté.

— Peut-être devrions-nous revoir notre arrangement de manière à ce que nous y trouvions tous les deux entière satisfaction, déclare-t-il.

Il prend une nouvelle gorgée et je remarque comment la lumière caresse les contours de son visage, mettant en valeur sa mâchoire carrée et ses lèvres sensuelles. Comme souvent, je suis partagée entre ma colère et mon attirance pour lui. Entre ma méfiance et cette attirance indéniable qui me pousse à vouloir succomber à ses bras.

— Peut-être devrions-nous discuter de ce qui vient de se passer, plutôt !

— Je t'écoute Angelina.

— Tu ne peux pas juste embrasser quelqu'un sans son consentement ! Peu importe tes motivations, je poursuis d'un ton tranchant.

— Il semblerait.

— Ce n'est pas un jeu !

— Angelina, je ne cherchais pas à te faire du mal, murmure-t-il d'une voix basse et rauque, ses yeux plongeant profondément dans les miens. Mais tu ne peux pas nier qu'il existe quelque chose entre nous, quelque chose d'intense et d'irrésistible.

— Hayden, ce n'est pas une excuse. Tu ne peux pas juste agir comme bon te semble, sans penser aux conséquences.

— Très bien. Je note que j'ai dépassé tes limites, rétorque-t-il en déposant doucement son verre.

— Nous avions un arrangement dont tu as toi-même fixé les règles.

Il se lève et contourne l'immense bar pour me rejoindre lentement, sa présence et son parfum envahissant mon espace personnel.

— Et si nous les redéfinissions alors ? propose-t-il d'une voix suave.

Mes yeux croisent les siens et je suis hypnotisée par l'intensité de son regard qui brûle maintenant de désir. Je sens que mes défenses s'effritent et que ma résistance faiblit et je réalise que je suis à deux doigts de succomber à ses charmes alors je m'éloigne de lui.

— Nous n'allons pas négocier de nouveau. Les règles étaient simples dès le départ.

— Pourquoi as-tu donc compliqué la chose ?

— Ce n'est pas compliquer la chose que de vouloir être traitée décemment, Hayden.

— Je ne dois plus savoir faire, lâche-t-il soudainement.

— Es-tu en train de me dire que tu ne sais pas faire preuve de respect envers les femmes ? Que tu ne sais pas les traiter avec décence ?

— Bien sûr que non ! s'agace-t-il.