PART LIX

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Le ciel flottait en arrière-plan juste au-dessus de son miroir qu'était l'océan. Les deux vastes étendues se reflétaient l'une à l'autre, et souvent le regard s'y perdait en contemplation dans le bleu qui était si caractéristique à la Terre.

Un individu aux cheveux rose pâle tirant un peu sur le blanc platine sort de l'eau en essorant les mèches abîmées de ses cheveux. Le ciel était calme se colorant d'un bleu-gris et des épais nuages épars se distinguaient à l'horizon rafraîchissant l'air ambiant. Pour autant l'individu au maillot noir ne semble pas avoir froid et s'avachit sans distinction sur la serviette disposée sur son transat à côté d'un autre.

Lunettes de soleil visés sur les yeux, l'homme à côté de lui lève légèrement son regard sans ajouter un mot. Cela faisait à peine deux jours qu'ils étaient sur leur île privé et pourtant les dernières heures avaient été tellement riches en émotions qu'ils avaient l'impression d'avoir déjà passé deux semaines.

Mollement, Yuji fît tomber sa main dans le sable fin et fît crisser la matière entre la pulpe de ses doigts. Le sable est chaud, humide, et il enfonce sa main recouvrant sa paume jusqu'à sa montre.

Le regard carmin se pose sur l'objet métallique à l'aspect ancien qui avait fait son temps et se demande comment un objet aussi vieux pouvait être encore waterproof à son âge.

- Ta montre.

- Hum ?

- Elle marche encore ?

La tête écrasée contre son oreiller de fortune, c'est-à-dire sa main, le nageur tourne la tête et soulève son autre main ensevelit pour jeter un coup d'œil au dit objet.

- Oui et il est 15h43.

- C'était celle d'Hiro, je suppose.

- Oui, c'est mon seul souvenir de lui mais c'est grâce à toi, non ?

- De ?

- Que j'ai pu la récupérer. C'est mon grand-père qui me l'a offerte à mes dix ans, mais maintenant que je sais que tu étais là, ce soir-là, je sais que c'est toi qui la prise avant que tout n'explose..., laisse-t-il planer le regard dans le vague.

Ryomen ne répond pas tout de suite, abaissant son livre sur ses genoux et tourne la tête à son tour vers le regard jaune-noisette du plus jeune.

- C'était moi.

- Il y a une raison particulière ?

- Ton père ne s'en séparait jamais non plus. Quand je vous ai vu dans la voiture, je l'ai prise instinctivement et je l'ai donné à ton grand-père. Je n'ai rien pu prendre à ta mère, je n'ai pas eu le temps...

Se relevant de sa position à demi couché, Yuji bascule sur un flanc pour faire entièrement face au plus âgé.

- C'est déjà mieux que rien, donc merci.

- C'était le minimum, j'ai pas réfléchi, accuse-t-il en reportant son regard sur la couverture de son livre qui représentait un ninja sur le toit d'un temple à la tombée de la nuit.

Ryomen se mord légèrement la lèvre inférieure comme sur le point de dire quelque chose. Il n'aurait jamais voulu lui cacher aussi longtemps une telle chose, lui-même n'était pas sûr de ce qu'il avançait, mais il devait lui dire. Yuji était assez grand et méritait de savoir la vérité.

- Tu as déjà fait réparer ta montre ?

- Non, pourquoi ?

Ses larges épaules s'affaissent, cela lui enlevait un poids. Cela voulait dire que personne en dehors de lui, Yuji ou de son grand-père n'avait touché à l'objet.

Flawless fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant