PART LXX

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Un calme écrasant tout sur son passage habitait une pièce au décor chic aux tons blanc cassé.

Deux personnes se ressemblant et se dissemblant étaient assisses face à face.

Même une mouche n'aurait pas osé voler dans ce silence.

Ils ne se regardaient pas, mais la tension habitant chacun était bel et bien présente, et se manifestant pour l'un d'eux à des phalanges tellement serrées que les jointures blanches ressortaient et pour l'autre à une fixation intense du sol qu'il aurait pu y faire un trou dedans.

Cela faisait dix minutes qu'ils étaient ainsi.

Dix minutes qui venaient d'être aussi longues que leurs vies entières rassemblées.

Yuji avait pensé qu'il aurait sauté sur Sukuna jusqu'à lui faire manger ses poings pendant un temps indéterminée, mais cette situation s'était déjà produite et il craignait de nouveau que l'homme ne se débatte pas, et qu'il se sente aussi faible que la dernière fois.

Alors il n'avait rien osé faire ni dire quoi que ce soit et Sukuna semblait se tenir au même régime que lui.

Ils ne s'étaient même pas regardés quand l'homme était rentré. Yuji avait senti sa présence et n'avait pas osé lever la tête.

Comment était-il censé le regarder maintenant qu'il était devenu à ses yeux l'assassin de ses parents ?

L'aigreur de la situation lui fit tourner la tête. Il n'y avait que lui pour se mettre dans des situations pareilles et il se maudissait intérieurement. Plus jamais, il ne le regardera de la même manière et s'était déjà un miracle qu'il arrive à tolérer sa présence.

La situation lui semblait d'un surréalisme cauchemardesque. Il avait l'impression que l'atmosphère de la pièce venait de se réduire et son thorax se compressa sur lui-même. Il commençait de nouveau à ne plus respirer correctement pour la deuxième fois de la journée. La fatigue lui tombait dessus ainsi que toutes les montagnes russes d'émotions qu'il avait vécu en moins de 24h.

Ni une ni deux il se leva précipitamment cherchant de l'air et ouvrit la baie vitrée donnant une vue imprenable sur la capitale Nippone, mais il n'y fit pas attention.

Ses deux mains s'accrochèrent à la rambarde du balcon, sa vision se troublait rendant le sol sous ses pieds tanguant comme sur un bateau et il eût le cœur dans la gorge.

Il avait tellement envie de sauter.

Du mieux qu'il pût il réussit à attraper une cigarette dans son paquet froissé, mais c'était sans compter le tremblements de ses mains. Il ne pouvait pas se tenir à la barrière et allumer sa cigarette en même temps, son corps tanguant également. Il essaya de s'appuyer, mais à cause de sa vision, il avait l'impression que le sol se rapprochait de ses genoux et allait venir se dérober à tout moment.

C'était tout simplement mission impossible et ses tremblements s'intensifièrent.

D'une manière ou d'une autre, il réussit à porter sa cigarette à ses lèvres et il ferma les yeux tentant d'ajuster sa vue priant pour que ses vertiges cessent. Il les rouvrit et ce fût pire. Il alla jurer alors que sa main s'accrochait désespérément à la rambarde et l'autre à sa cigarette dans sa bouche, mais il n'eût pas le temps.

Une poigne ferme et douce le ramena vers un mat dur et solide. Il sentit son visage s'échouer dessus et sa cigarette tomber à l'eau.

Il voulut repousser le mat de toutes ses forces, mais il savait pertinemment qu'il ne tiendrait pas sans lui.

C'est ce qui lui faisait le plus chier.

Instantanément ses tremblements cessèrent alors que ses mains s'accrochèrent désespérément à ce pilier. Ses vertiges se calmèrent à leurs tours et sa vision trouble redevînt petit à petit plus clair.

Flawless fireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant