Chapitre 5 - Des ombres bien tenaces - partie 1

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Tu as à nouveau dormi trois jours Sédah.

Celle-ci était stupéfaite.

Et Irina ? Comment va-t-elle ? demanda Sédah.

Cérès lui répondit qu'elle allait mieux, mais qu'elle dormait encore.

La simple vue des dieux absorbe l'énergie des mortels, et les vide de toute substance. Il fallait que tu le voies de tes propres yeux. Irina était consentante.

Elle savait à quoi elle allait s'exposer en t'accompagnant au Mégara.

A contrario, tu as pu voir comment tes yeux réussissent à s'accommoder de la présence d'une déesse ou d'un dieu. Nous referons un essai afin que tu apprennes à résister au contact de mes mains.

Tu comprends désormais aisément qu'en présence d'une déesse ou d'un dieu, sous sa forme iridescente, tu devras feindre l'évanouissement sous peine d'être découverte, n'est-ce pas ?

Sédah acquiesça du chef. Après deux journées de repos, que Sédah passât à somnoler paresseusement dans son lit avec la présence intermittente de Brune qui s'absentait sûrement pour chasser ou faire ses besoins, Cérès exigea de Sédah qu'elle la retrouve au Mégara :

Une fois que tu te seras douchée et habillée, tu me rejoindras avec Hylas que voici. Irina est encore trop faible pour venir. Aujourd'hui, nous allons tenter d'éveiller l'intégralité de ton don.

Sédah vit entrer timidement un jeune homme qui devait avoir approximativement son âge. Il avait un regard sombre, des cheveux longs, très noirs, légèrement bouclés. Il baissait la tête et ne regardait ni Sédah ni Cérès dans les yeux.

Peux-tu attendre Sédah ici et l'accompagner au Mégara s'il te plaît ? Hylas acquiesça et s'assit promptement, sans les regarder.

Je n'ai plus besoin d'être escortée, grand-mère ! protesta-t-elle, craignant de se retrouver seule avec ce curieux garçon qui n'avait pas dénié les saluer depuis leur arrivée.

Je tiens à ce que tu sois accompagnée. Tu es encore fragile. Je ne tiens pas à ce que tu t'évanouisses sans que personne ne s'en rende compte, répliqua-t-elle avec une autorité qui ne laissait aucune place à la contradiction.

Hylas émit un léger rictus qui traversa son visage telle une ombre, puis il attrapa une pomme et mordit dedans, agissant comme si elles n'étaient déjà plus là. Sédah se leva, et remarqua tout le dédain qui était contenu dans son indifférence.

Sa grand-mère le regardait également, l'air surpris, puis elle se leva, se dirigea vers la porte et se retourna vers Sédah, la sommant du regard de monter sans perdre de temps. Sédah alla prendre sa douche. Elle ne sentait décidément pas du tout ce jeune homme. Son indifférence l'intimidait et sa manie de les éviter ne la rassurait pas beaucoup non plus.

Une fois prête, elle descendit. Le jeune homme l'attendait en bas des escaliers, adossé les mains dans ses poches. Il ne releva pas la tête vers elle. Il se retourna lentement, et à mesure qu'elle finissait de descendre, il s'engagea vers l'embrasure de la porte.

Ils empruntèrent le trajet qu'elle connaissait par cœur maintenant dans un silence oppressant. Le ciel était chargé de nuages, mais n'avait rien de menaçant. Une légère brise soufflait, déclenchant une chair de poule sur les bras nus de Sédah qui regrettait de n'avoir pas pris une petite veste.

Ils passèrent la clairière, puis le petit pont avant d'arriver au pied de l'escalier. Le jeune garçon s'assit avec un air indifférent sur la première marche, arracha une herbe et sembla s'installer dans la perspective d'attendre longuement.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant