Chapitre 64 - Aveuglés par l'aurige - partie 3

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Les hiérophantes s'étaient mises en cercle autour de la jeune déesse et de la colonne. 

— Pouvez-vous me dire ce qui va se passer ? s'enquit cette dernière, inquiète et frissonnante. 

— Nous allons essayer de réveiller une déesse. Ton don n'est que partiellement ouvert. Nous allons chercher à libérer l'héritage de ta mère, la déesse du printemps, que nous espérons honorer par ce rituel. C'est la première fois que nous pratiquons ce rituel, il fait partie des mystères d'Eleusis dont nous sommes les gardiennes et gardiens dans ce temple à la gloire de la grande déesse Déméter. Nous sommes les hiérophantes.

— Est-ce que je vais souffrir ? demanda Sédah qui n'était pas du tout rassurée et qui se sentait extrêmement vulnérable. 

— Je ne saurais le dire, lui rétorqua-t-elle avec honnêteté.  Abandonnes-toi à la lumière du dieu soleil Hélios. C'est lui que nous venons solliciter. Notre cercle te soutiendra du mieux qu'il peut, ajouta-t-elle d'un ton se voulant encourageant.

— Pourquoi Hélios ? reprit Sédah la voix légèrement éraillée par la peur qui la gagnait progressivement.

— Hélios est un dieu de vie, de création et de régénération. Il est associé à la création du Monde. C'est à ce titre que nous pensons que ce rituel faisant appel à sa chaleur et à sa lumière pourrait révéler ton don de vie et te faire advenir pleinement. Alors seulement tu pourrais nous aider à soutenir la déesse de la Terre Gaïa. C'est pour obtenir sa bénédiction que nous nous sommes enfoncées dans son royaume, dans cette grotte sacrée. 

C'est alors que le rayon de lumière apparut sur la colonne au-dessus de la tête de la jeune déesse, mettant un point final à leur échange. Il descendit doucement. D'abord sur son front, puis sur son nez, sa bouche, son cou, et au moment où il arriva sur son plexus, une lumière foudroyante jaillit, inondant la grotte d'une lumière si puissante que l'on se serait cru à la lueur du jour lui-même. Un très beau jeune homme aux traits délicats, à la chevelure abondante et dorée, auréolée d'une couronne solaire, descendit du ciel, conduisant un char solaire tiré par quatre chevaux de feu. Les hiérophantes du cercle se mirent à réciter :

— Ô Hélios, aurige du soleil et de la lumière, la terre fertilise la vie quand tu la flattes de tes augustes rayons. Au nom de la déesse du printemps Perséphone et de sa mère la déesse de l'agriculture et des moissons Déméter, éveille le don de vie de leur descendance, celui de la jeune déesse Sédah. 

Le dieu Hélios leur répondit d'une voix empreinte d'éternité :  

— Elle est aussi fille d'Hadès, dieu du royaume des Enfers, lieu que jamais ma lumière n'atteint. Comment mes rayons pourraient-ils toucher son cœur alors qu'elle est tissée de nuit et d'ombres ?

Une voix gutturale et profonde s'éleva alors des roches alentours et se mit à vibrer en réponse à celle du dieu auréolé d'or :

— Ô Hélios, toi qui me darde de tes raies de feu, qui en certains endroits m'assèche, me transforme en néant de sable, en terre morne et triste, en désert de feu, en tartare. N'insulte pas les ombres, ni la nuit. Honore-les de ta présence, ne déserte pas les ténèbres, ni l'obscurité. Ne laisse pas la vie à la mort.

— Ô Gaïa, déesse primordiale de la terre, j'entends ta voix, mais je ne peux écouter le sens de tes paroles. Je me retire en mon zénith. 

À ces mots, la vieille déesse s'éveilla et des bras de roche surgirent des parois et emprisonnèrent le pauvre Hélios. Des serpents d'eau s'élevèrent vers le plafond de la caverne avant de fondre sur les quatre chevaux de feu pour les entraver. Gaïa s'exprima de nouveau :

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant