Chapitre 70 - La propriétaire des ombres - partie 3

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— Comment ça ? bégaya la jeune déesse, ne comprenant pas ce qu'il essayait de lui dire. 

— Ta grand-mère ne t'a rien dit ? la railla Hylas.

Elle le regardait bouche bée.

  — C'est toi qui m'as donné naissance Sédah. Tu me nourris de tes ombres  depuis plusieurs semaines maintenant. Admire ton œuvre, ajouta-t-il  avec ironie en tournant lentement sur lui-même.  

— De quoi parles-tu ?

— Ouvre les yeux Sédah, plaisanta-t-il. Ne fais pas l'innocente. Au fond de toi, tu l'as toujours su. 

— Alors c'était toi... Mes ombres...

— Je n'aurais pas pu le faire si tu ne m'y avais pas autorisé.

Sédah commençait à rassembler à son tour toutes les pièces du puzzle.  Elle comprenait à quel point elle avait été dupée. Quelle naïveté ! Il avait  profité de la culpabilité qu'elle avait éprouvée à son égard suite à la  mort d'Irina. 

— Depuis quand me trompes-tu ? Depuis quand sais-tu ce que tu es ?

— Je crois que je l'ai toujours su et toi aussi n'est-ce pas ? 

Sédah ne répondit pas tant elle était abasourdie par ses insinuations. 

— Mais j'en ai vraiment été sûr le jour où j'ai senti le flux de tes  ombres au Mégara. Alors que tu gisais devant moi, et que Déméter tentait  de te ranimer, j'ai perçu la pulsation de tes ombres qui affluaient  dans tes veines. J'ai d'abord été fasciné par l'arborescence noire qui  se déployait dans ton corps, puis je me suis laissé guider par elles.  Elles m'appelaient Sédah. Leur chant était si envoûtant et leur voix si suave. Trop préoccupée par ton sort, Déméter ne les a  pas entendues m'appeler, elle ne m'a pas vu les goûter, encore moins  m'en repaître. Je ne sais d'ailleurs toujours pas comment elle a fait  pour ne rien remarquer. En tout cas, à compter de cet instant, j'ai  compris à quel point j'avais besoin de toi. Les ombres qui habitent en  toi m'ont éveillé. Lorsque je suis revenu à moi quelques jours plus  tard, j'étais en manque. Tu n'as rien compris alors. Tu as pensé que  j'étais anéanti par l'état de cette femme qui prétendait être ma mère.  C'était tout sauf cela. J'avoue avoir été soulagé que cette femme ne  soit pas ma vraie mère. Ça expliquait tout ! Le sentiment de ne jamais  me sentir à ma place ne m'avait jamais quitté depuis l'enfance jusqu'à  ce jour. J'étais enfin en train de découvrir qui j'étais. C'était à la  fois terrifiant et extraordinaire. Et désormais, je ne réfléchissais  plus qu'à une seule chose : comment recommencer. C'est alors que Cérès  t'a arrachée à moi. J'étais furieux, car je savais qu'il fallait que tu  sois auprès de moi pour aller au bout de mon éveil. Tu es indispensable à  l'accomplissement de ma destinée. 

À ces mots, les flammes dans ses yeux s'étaient mises à flamboyer. Puis il reprit : 

— Et Cérès ! Haha ! Cérès n'a rien vu ! Hylas a sa partition à jouer a-t-elle dit en arrivant ici à Valentina et à tous les autres. Haha !  C'est vous qui allez jouer dans ma partition maintenant ! Quelle  prétention ! Ce doit être l'aveuglement des puissants ! Ils sont  tellement préoccupés par leur propre importance, que le reste leur  échappe. Elle s'en mord les doigts ! Regarde-là ! 

Un rire moqueur lui échappa alors en devinant sa détresse. Puis il reprit :

— J'ai juste besoin de toi pour une dernière chose Sédah, juste une dernière et ensuite... Tu seras... libérée... 

Il la fixa alors frénétiquement. 

— Mais qui es-tu ? demanda Sédah effrayée par la folie qui s'allumait dans son regard.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant