Sédah ressentit l'impérieuse nécessité de justifier ses actes auprès de Georgios, désireuse d'effacer le moindre doute qui aurait pu subsister à leur égard.
— Et bien, je t'ai invité à rentrer dans ma chambre parce que j'en avais assez de te voir bouder hier. Je t'ai dit tout ce que je te reprochais et tu t'es emporté, me disant que je ne comprenais rien, que je ne devais faire confiance à personne, toi y compris.
Georgios, embarrassé par le récit de cette conversation devant Maddy, qui en riait ouvertement, baissa les yeux.
— Après, tu m'as suggéré de quitter l'école prétextant que je ne suis pas assez préparée et que ma protectrice est non seulement mauvaise, mais également imprudente en me laissant traîner dans cet établissement remplis d'émissaires des dieux. Et c'est là que je te rejoins. Tout le monde, du directeur aux élèves, est insensé ici. Ensuite, je me suis sentie submergée par la colère. Tu m'as mise hors de moi ! Tu t'es approché, et je ne sais pas ce qui s'est passé. Tu titubais sur tes jambes. Je t'ai alors aidé à t'allonger sur mon lit le temps que tu te remettes. J'ai cru que tu faisais une crise d'hypoglycémie. Et puis Maddy est arrivée, elle s'apprêtait à aller chercher l'infirmière quand tu t'es redressé. Aka et Guadaloupé sont arrivés à leur tour. Ils s'inquiétaient de ne pas te voir revenir.
— C'est tout ? Tu es bien sûre ?
Il avait l'air de se creuser la tête, essayant de comprendre ce qui lui était arrivé.
— Oui ! C'est tout ! répondit Sédah avec assurance.
— Bon ! J'espère qu'on a répondu à toutes tes questions ? Pour le rêve, mon ami, difficile de dire quoi que ce soit. On n'y était pas... ajouta Maddy d'un ton taquin.
— Il y a un autre truc étrange et un peu gênant à vrai dire. À gauche sur ma poitrine, je me suis réveillé avec une trace de patte de 2 cm. J'y connais rien, mais j'ai pensé à un rat... Sûrement parce que j'en ai rêvé.
Les regards de Sédah et Maddy se figèrent.
— Tu peux nous montrer ? demanda Maddy.
Il grimaça, certainement embarrassé par la situation, puis il souleva son tee-shirt.
— Quelle musculature ! Je suis impressionnée ! siffla Maddy, mettant ainsi les pieds dans le plat.
Il dévoila la fameuse trace de patte, et le plus curieux, c'est qu'elle ressemblait à une tache de naissance.
— Tu es sûr que tu ne l'avais pas avant ? demanda Maddy, tentant de se rassurer.
— Absolument sûr. Tout de même, Maddy ! Tu ne penses pas que je l'aurais remarqué depuis tout ce temps ?
— Que comptes-tu faire ? demanda Sédah.
— Eh bien, je ne sais pas trop. Je vais peut-être la montrer à l'infirmerie, histoire de vérifier si c'est grave. C'est quand même bizarre. Du jour au lendemain, je me réveille avec ça...
— Ça te fait mal ? l'interrogea Maddy.
— Heureusement non ! Ça ne me fait pas mal. C'est juste flippant.
Georgios rougit, légèrement honteux. Sédah apprécia qu'il leur fasse confiance, même si elle savait que les paroles d'Umbra étaient fondées.
— Et bien ! Tu vas rester là indéfiniment ? Laisse-nous émerger, prendre notre douche, non ? déclara Maddy d'un ton faussement outré.
Georgios sourit et quitta la pièce. Maddy regarda Sédah avec gravité.
— Qu'est-ce que c'est que cette marque ?
Sédah se retourna à la recherche de la petite rate noire du regard.
— Umbra, l'as-tu marqué ?
Son ton assuré laissait entendre qu'elle s'attendait à ce que la petite rate surgisse et réponde. Cependant, Umbra demeura invisible, les laissant sans explication. Maddy remarqua d'ailleurs que Brune avait également déserté la pièce.
— Pourquoi est-elle partie ? Nous avons tellement besoin de comprendre ! fit Sédah désemparée.
Elle soupira de découragement.
— Je crains que cette histoire de marque n'ait des conséquences. J'espère que Brune et Umbra auront assez de bon sens pour éviter ta chambre, voire l'école tout entière, déclara Maddy d'un ton fataliste.
— Il faut absolument fouiller la bibliothèque. Il pourrait y avoir des cas similaires répertoriés sur le comportement des dévoreuses d'ombres. Tu avais l'air de t'y connaître à ce sujet, non Maddy ?
Maddy réfléchit un instant avant de répondre.
— À vrai dire, je pensais que seules les chauves-souris étaient des dévoreuses d'ombres. C'est pour cela que j'étais étonnée.
Son expression s'assombrit, et elle ajouta :
— Dans les encyclopédies et les livres que j'ai consultés, il n'était jamais question de traces qu'elles auraient pu laisser. On les connaît pour dévorer les cauchemars des enfants. Elles sont les alliées de Morphé, le dieu du sommeil. Mais tu sais Sédah, je suis loin d'être une experte sur le sujet.
Pendant cette discussion, Maddy rassembla ses affaires.
— Je rentre me doucher et me changer dans ma chambre. On se retrouve au réfectoire d'accord ?
Elle se dirigea vers la porte avec sa mallette en bandoulière. Au moment où elle s'apprêtait à sortir, elle s'interrompit et se retourna vers Sédah. Un rayon de soleil matinal les séparait, et elle sembla hésiter un instant avant de se lancer, une pointe de gêne dans la voix :
— Au fait, Sédah, tu devras me parler davantage de toi. Nous n'avons pas le temps maintenant, mais après tout ce qui s'est passé, j'ai besoin de savoir.
Sans attendre de réponse, elle ouvrit la porte et sortit. Un sourire éclaira le visage de Sédah. Elle avait enfin une amie ! Malgré la marque mystérieuse laissée par Umbra sur la poitrine de Georgios et la mésaventure terrifiante de la nuit, Sédah avait le cœur léger pour la première fois depuis son arrivée. Elle rangea son chante-cri dans sa boîte avant de prendre sa douche. Elle s'habilla, remit le chante-cri autour de son cou, enfila ses mitaines légères et prit le dessin du narcisse.
Lorsqu'ils descendirent avec Georgios au réfectoire, le directeur attendait tous les élèves et professeurs. Son expression était grave.
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Merci d'avoir lu et à la semaine prochaine ! 🌚
Brune. 🖤
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Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1
FantasyDepuis sa naissance, Sédah vit loin du monde. Des ombres terribles grandissent en elle, menaçant toute forme de vie qui entre à son contact. Elle ne ménage pourtant pas ses forces pour tenter de les contenir. Accompagnée de sa grand-mère Cérès, une...