Chapitre 42 - Une tension électrisante - partie 2

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Osmane était déjà installé devant son évier. Il avait pris de l'avance. Il ne fit pas plus d'effort que d'habitude à son arrivée. Le ventre de Sédah se serra. Elle se sentait triste. Après un long moment durant lequel chacun faisait ce qu'il avait à faire, Sédah aperçut Aliénor derrière la porte donnant sur l'esplanade et le parc. Elle plongeait son regard à travers la vitre et l'air intrigué de Sédah attira l'attention d'Osmane. Il comprit alors qu'Aliénor le cherchait. Il s'essuya les mains et sortit, tirant la porte derrière lui. Il fut rappelé à l'ordre par l'un des cuisiniers et revint alors continuer sa vaisselle. Il regarda Sédah sèchement, lui signifiant qu'il n'appréciait pas sa curiosité. Et celle-ci se reconcentra sur son reste de vaisselle, la gorge serrée. Elle avait tellement envie de le haïr.

Qu'est-ce que je lui ai fait pour mériter un tel mépris ? S'il ne m'ignore pas, c'est pour me fusiller du regard. Ça ne peut plus durer... ce type est impossible ! Je devrais le détester !

Osmane lui bondit alors dessus, sa longue mèche désordonnée lui barrant le visage. Il lui attrapa les avant-bras, planta son regard dans le sien et lui dit :

— Ça suffit maintenant tu m'entends ! J'en ai marre de tes réflexions. Si je t'insupporte, reste à distance, ça me va très bien.

Sédah se sentit honteuse d'avoir pensé si fort, mais malgré cela, sans savoir ce qui venait de lui prendre, elle attrapa sa mèche, la dégagea de son visage pour mieux voir ses yeux et aussitôt troublée par son geste, elle bafouilla :

— Tu n'es que... qu'un...

Elle n'acheva pas sa phrase. Osmane la fixait avec une telle intensité qu'elle lâcha sa mèche et recula. Elle tenta alors de se reprendre et ajouta dans un souffle déconcerté :

— Mais pourquoi je n'arrive pas à te détester ?

Osmane en fut soufflé. Il la regarda encore un instant sans rien dire, puis il relâcha lentement ses avant-bras, un sourire à peine perceptible sur les lèvres.

— Reste à distance de moi Sédah Mordoh. On est quittes, trancha-t-il.

Elle prit ces dernières paroles comme une gifle.

MUFLE ! hurla-t-elle mentalement sans pouvoir se retenir.

— Tu ne comprends vraiment rien la bleue.

Et il se retourna pour continuer ce qu'il avait à faire. Sédah s'empressa de finir et sortit sans pouvoir contenir plus longtemps ses pensées :

J'aimerais tellement pouvoir le haïr... Qu'est-ce qui m'arrive ? Dès que je suis près de lui, j'ai le cœur si serré que j'étouffe.

Osmane entendit, mais ne répondit rien. En revanche, la jeune femme remarqua que ses gestes avaient marqué un moment d'arrêt. Elle quitta la cuisine. Georgios l'attendait dehors. L'orage n'avait toujours pas éclaté, le vent soufflait beaucoup et il faisait très lourd. Ils ne traînèrent pas dans le jardin et s'engouffrèrent bien vite dans les escaliers qui conduisaient aux chambres. Ils ne croisèrent personne. Sédah sentait qu'une nouvelle tension s'était insinuée dans sa relation avec Georgios. Mais elle était trop éprouvée par ce qui venait de se passer avec Osmane pour y accorder de l'attention.

Ils se quittèrent devant la chambre de Sédah. Georgios semblait comme hésiter à lui dire quelque chose. Finalement, il se ravisa et la quitta. Enfin seule, elle se jeta sur son lit, se remémorant sa dispute avec Osmane.

Elle alla prendre une douche pour se refroidir les idées et prit le livre d'Antoine Parfait. Les songes lucides, lut-elle de nouveau silencieusement.

Elle consulta le sommaire et identifia un chapitre qui l'intriguait. Il y définissait le "songe lucide" à partir des travaux décrits en 1867 par l'écrivain français Léon d'Hervey de Saint-Denys. Il décrivait différentes méthodes permettant de rendre conscient l'état de songe. Elle comprit que maîtriser ces techniques devait permettre de contrôler le déroulement du songe.

C'est ainsi que Sédah se rendit compte qu'elle avait déjà testé les principes du songe lucide. Lorsqu'elle avait libéré le jeune dragon noir de l'emprise du golem, elle avait instinctivement su comment faire. Elle aurait bien aimé avoir le courage de poursuivre sa lecture pour découvrir les différentes facettes du songe lucide, mais elle était trop fatiguée.

Elle sombra dans un profond sommeil sans conscience. L'orage éclata, tonitruant, faisant vibrer les vitres de son balconnet, le souffle du vent menaça à plusieurs reprises d'entrer dans sa chambre. Malgré cela, le sommeil de Sédah fut imperturbable. Elle se leva le lendemain avec la légèreté d'une fleur réveillée par les rayons du soleil. Elle enfila son chante-cri, s'habilla et sortit.

✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨✨

À samedi prochain 🌚
Merci d'avoir lu et n'hésitez pas à me laisser une petite étoile si vous avez aimé ce chapitre !

B. 🖤

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant