Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 38 - La jalousie de Georgios - partie 2

Lorsque Georgios frappa à la porte, Sédah avait fini par céder au sommeil et n'avait pas entendu le réveil qui avait dû sonner il y a un certain temps. Elle se leva, encore habillée de la veille et alla lui ouvrir.

— Il est 7h45. Il faut te dépêcher les cours commencent dans 45 minutes. J'espère que tu te souviens que la commission visite les chambres ce matin !

Georgios l'excéda d'emblée avec toutes ses questions. Il dut le sentir car il lui proposa de l'attendre dehors.

— Je te rejoins directement au réfectoire.

— Non, je t'accompagne. Le directeur l'exige compte tenus des récents événements.

Sédah souffla, mais elle n'eut pas l'énergie de lutter. Elle se hâta de préparer, constatant que Brune avait de nouveau disparu. Rassurée, elle espéra qu'elle échapperait à l'inspection des professeurs. Elle n'osait pas imaginer le sort qu'ils lui réserveraient s'ils venaient à la découvrir dans sa chambre. Elle n'oublia ni son chante-cri, ni son amulette, ni encore le dessin du narcisse. Elle espérait toujours croiser le professeur Lunare comme le lui avait préconisé sa grand-mère. Lorsqu'elle sortit, Georgios l'attendait adossé au mur du couloir comme à son habitude. Il discutait avec Maddy dont les cheveux avaient repris une allure plus disciplinée, ce qui était le signe que son amie avait retrouvé sa sérénité et s'était bien reposée. En voyant Sédah, elle lui fonça dessus.

— J'ai essayé de passer avant le couvre-feu hier soir, mais tu n'as pas répondu. J'ai appris que tu étais passée à l'infirmerie hier et je me suis beaucoup inquiétée. J'espère que ce n'est pas à cause d'Osmane. Je sais qu'il a le don de t'exaspérer. Il aurait bien pu te causer ton saignement de nez ! rigola Maddy.

— Osmane n'y est pour rien. Même s'il ne s'est pas départi de son sale caractère, il a été plutôt serviable. Et c'est vrai que quand je suis rentrée, j'étais vraiment fatiguée, je ne me souviens plus de rien. Je me suis endormie très vite. Finalement, c'est plutôt la pression que m'a mise Beaucerf qui m'a causé ce mal de crâne terrible et le saignement de nez. Pour elle, c'est simple, je suis condamnée d'avance. J'aurai beau dire et faire. Elle m'a déjà jugée.

— Tu exagères. Elle est très entière c'est vrai, mais elle a bon fond. Tu verras quand tu la connaitras mieux, tu vas apprendre à l'apprécier ! tenta de nuancer Georgios.

— Alors ça, aucune chance... répondit Sédah de manière sarcastique.

Alors qu'ils s'engageaient dans le grand escalier pour descendre, ils aperçurent Numa, Aliénor et Anna. Sédah se demanda si elles n'avaient pas fait exprès de choisir le même timing. Ce qui suivit confirma cette intuition.

— Alors, on change de chaperon comme de chemise Mordoh ? Pas mal non plus le bad boy ! Je comprends ton hésitation. Ça ne te dérange pas de ne plus être son premier choix ? Si ça te tente, ma porte est toujours ouverte, claironna Numa avec un sourire enjôleur.

— Mais de quoi elle parle ? chuchota Maddy.

— Elle ne vous l'a pas dit qu'elle a été raccompagnée par Aleazim ? Il s'est fait chopper par le surveillant parce qu'il est sorti de chez elle après le couvre-feu cet idiot.

Et Numa partit en riant méchamment. Maddy s'arrêta dans l'escalier.

— Tu aurais pu m'en parler quand même ? Et moi qui te demandais pourquoi tu n'avais pas répondu quand j'ai tapé à ta porte... Bonjour la confiance !

Contrariée, les cheveux de Maddy s'étaient aussitôt embrouillés. Elle était vexée. Mais en raison de la présence de Georgios, elle ne pouvait pas se permettre de lui donner la moindre explication. Quant à ce dernier, il se ferma instantanément et ne dit plus un mot. Sédah s'inquiéta davantage pour Osmane que pour elle-même. S'il avait des ennuis, ce serait à cause d'elle. Lorsqu'elle arriva dans le hall du réfectoire, le directeur l'attendait avec un air grave.