Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 58 - Le retour inattendu d'Hylas - partie 3

Un jeune homme attendait à la jonction, nonchalamment assis sur un muret. Cérès le salua et Sédah n'en crut pas ses yeux :

— Bonjour Hylas ! lança Cérès avec une pointe de malice dans la voix.

— Je ne te présente pas Sédah, même si tu dois la trouver bien changée, ironisa-t-elle, faisant allusion à son apparence de jeune garçon. 

Sédah et Hylas se dévisagèrent. Il sourit en voyant la surprise empreindre son visage d'emprunt juvénile. 

— Vous en avez de la compagnie ! constata-t-il ironiquement en balayant des yeux le chien, le chat et le bonsaï, que Sédah resserra dans ses bras.

Hylas avait changé. Quelque chose d'étrange et d'impalpable s'était épanoui dans son regard. Avec la lumière matinale, elle remarqua d'ailleurs que ses iris étaient d'un bleu marine plus intense que dans son souvenir, un bleu presque noir. Il avait toujours ses cheveux longs, noirs et bouclés qui lui tombèrent sur le visage. 

— Tu as beaucoup changé en quelques mois... Un peu plus jeune et masculine... Et je dois dire que tu ne sens pas bon. On dirait que Malte ne t'a pas réussi, se moqua-t-il.

Il se tourna aussitôt vers Cérès, coupant à Sédah toute riposte possible.

— Comment puis-je vous aider ? demanda-t-il à Cérès poliment. 

— Prends cette valise avec délicatesse s'il te plaît. 

Il s'en saisit et il prit la tête de cet étrange cortège. Ils se dirigèrent vers un parking se trouvant à proximité immédiate. Celui-ci était bordé par une rangée de splendides palmiers jupons. C'est là que les attendait un véhicule monospace gris. Cérès s'assit devant. Hylas ouvrit le coffre du véhicule et y installa la valise qu'il souleva avec soin et qu'il posa en toute délicatesse. Il demanda au chien de grimper à côté de la valise et il ôta la plage arrière afin qu'il puisse sortir sa tête du coffre. Il ouvrit la portière à Sédah, qui s'assit en prenant mille et une précautions pour ne pas secouer le frêle petit arbre. Et le chat bondit sur le siège d'à côté. Une fois que tout le monde fut installé, Hylas s'installa au volant du véhicule et démarra. Dès qu'ils furent suffisamment éloignés de la ville balnéaire de San Leone, Cérès leva l'illusion et tout le monde reprit son apparence habituelle. Aka et Aliénor étaient dans le coffre. Ils revêtirent les vêtements de fortune amples laissés par Hylas, et se hissèrent hors du coffre afin de s'asseoir sur la banquette arrière. Osmane était assis sur le siège arrière droit, et Maddy était sur les genoux de Sédah, sa coiffure dans un état inqualifiable tant elle était embroussaillée. Elle avait un énorme bleu sur les genoux et avait du mal à déployer ses membres encore très endoloris par sa précédente condition. Non sans difficultés, elle finit cependant par réussir à s'installer sur la banquette arrière entre Aliénor et Aka. 

— Tout le monde va bien ? demanda Cérès. 

Ils acquiescèrent. Maddy n'était pas la seule à avoir du mal à retrouver toute son agilité. Aliénor, Aka et Osmane, pliaient et dépliaient leurs bras, cherchant à retrouver leur mobilité habituelle. Seules Cérès et Sédah semblaient épargnées.

— Bien ! As-tu suivi mes instructions Hylas ? demanda Cérès.

— À la lettre ! répondit-il, visiblement troublé de revoir le vrai visage de Sédah. 

Le visage d'Osmane était sombre et fermé. Il regardait défiler le paysage, le regard impassible. En revanche, Maddy et Aka étaient de véritables moulins à paroles, reprenant chaque étape de ce trajet qui avait été pour le moins remuant. Maddy parlait des crampes qu'elle ressentait lorsqu'elle était immobilisée sous la forme d'un bonzaï. Et Aka, du plaisir qu'il avait eu à être gratté derrière les oreilles.