Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 7 - Un départ précipité - partie 1

En dépit des révélations bouleversantes qu'elle venait de faire à Hylas, Sédah devait trouver le moyen d'accélérer leur séparation sous peine d'irriter sa grand-mère et de n'avoir pas le temps de finir ce qu'elle avait à faire avant de quitter les lieux.

— Je suis tellement désolée. Je ne peux faire attendre ma grand-mère... 

Il la coupa : 

— Personne ne peut jamais rien dire à ta grand-mère. Je vais aller la voir et je vais lui dire le fond de ma pensée ! 

Il était dans une fureur noire. Il se leva et commença à se diriger vers la porte. Alors, Sédah ôta ses mitaines, et se surprit à lui attraper la main. Il se figea de surprise. Il enfonça alors ses yeux dans les siens, cherchant une explication à ce contact impromptu.

Sédah lui saisit l'autre main et se concentra de toutes ses forces. Elle sentit son don s'activer et le pouls d'Hylas ralentir. Sa grand-mère entra alors en trombe et les sépara. Sédah resta droite, ses bras venant de retomber le long de son corps, tout mous.

Cérès retint Hylas, l'aidant à ne pas s'effondrer. Il semblait être plongé dans une profonde léthargie. Elle réussit à l'asseoir dans un fauteuil, un peu plus enveloppant que la chaise qui était située tout près du lit d'Irina. Elle s'adressa alors à Sédah : 

— Il faut que l'on parte immédiatement. Je me suis occupée de Brune et de tes valises qui sont chargées dans la voiture. De nombreux signes me laissent entendre qu'il est important de nous presser. 

— J'ai une dernière chose à faire. 

Elle attrapa la petite fiole qui contenait les gouttes du fleuve de l'oubli et en fit couler une dans la bouche d'Irina. Comme pour se rassurer, elle lui dit : 

— Cette goutte pour oublier le secret lié à ton fils Hylas. 

Et elle lui en glissa une seconde : 

— Et celle-là pour nous oublier Cérès, la déesse Déméter et moi-même, Sédah fille d'Hadès. Paix à ton âme Irina et merci pour ton aide. Ton fils t'a entendu et il t'aime et te remercie lui aussi.  

Irina hoqueta et exhala. Sédah sentit une larme rouler le long de sa joue. Elle attrapa un bout de papier qui traînait dans l'une de ses poches, prit un crayon à papier qui se trouvait sur la commode et écrivit :

" Pardon pour tout Hylas et désolée de partir ainsi. Je n'ai pas le choix. Sédah "

Elle glissa le mot entre ses mains en prenant bien soin de ne pas le toucher. Puis elle suivit sa grand-mère. 

Elles descendirent les escaliers en trombe, prenant soin d'expliquer ce qui venait de se passer à l'étage, Nikoleta se hâta de les quitter non sans les saluer. L'inquiétude s'était immédiatement installée sur son front tel un masque tragique.

En dépit de tout ce que leur passage venait de causer comme malheurs, les autres membres du monastère les saluèrent avec chaleur, les exhortant à revenir si le besoin se faisait de nouveau sentir.

Sédah était extrêmement honteuse de fuir dans un moment aussi grave dont elle était hautement responsable.

Sa grand-mère la pressa de nouveau. Le chauffeur les attendait au volant de la voiture. Elles s'installèrent à l'arrière. Brune était agitée. Dès que Sédah fut assise, elle vint s'installer sur ses genoux.

Elles bouclèrent leur ceinture et ils quittèrent l'endroit où demeurait Hylas saluant de la main les membres du monastère. Le cœur de Sédah lui serrait terriblement. Elle avait l'impression de les abandonner et Hylas tout particulièrement. Elle se sentait si triste, se disant qu'elle ne le reverrait probablement plus jamais, le laissant orphelin de sa mère adoptive et dépositaire d'un lourd secret dont elle ne mesurait pas encore les conséquences.