Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 10 - Une voix mystérieuse - partie 2

Ils arrivèrent devant un escalier de type art nouveau, dont la rampe était ornementée de motifs composés de courbes et de contre-courbes entrelacées qui produisaient un effet cinétique donnant une stupéfiante impression de mouvement.

Puis ils atteignirent une grande porte dont le cadre très ornementé pouvait faire penser à celui d'un miroir.

La porte semblait faite d'un bois épais qui sentait fortement l'encaustique. Georgios appuya sur une sonnette en forme de babouin bleu-turquoise et or.

Une jeune femme très fine et haute de taille vint leur ouvrir la porte. Elle portait un tailleur bleu-turquoise, avait des pommettes hautes et un nez très long et pointu qui la faisait ressembler à une musaraigne.

Elle avait une voix flûtée qui renforçait la drôle d'impression qu'elle avait faite à Sèdah. Elle lui tendit la main en se présentant :

— Bonjour, je suis madame Bernille Bernilde.

Et de nouveau, Sédah s'étouffa intérieurement :

— Mais pourquoi veulent-ils tous me serrer la main ! fulmina-t-elle intérieurement.

— Bonjour, je suis une nouvelle élève. Je suis Sédah Mordoh, répondit-elle avec un sourire gêné de refuser d'observer cet usage de serrer la main.

Madame Bernilde eut un petit mouvement de tête surpris, mais ne s'offusqua pas d'être éconduite. Elle lui offrit au contraire un sourire chaleureux.

— Entrez, mademoiselle Mordoh. Le professeur Thoth vous attend. Georgios, vous pouvez attendre mademoiselle ici.

Elle désigna une banquette empire tapissé de motifs égyptiens à Georgios.

— Vous pouvez laisser votre sac à Georgios ici si vous le souhaitez mademoiselle Mordoh.

Mais celle-ci refusa cette proposition. Il était hors de question pour elle de laisser Brune toute seule. Elle craignait que celle-ci ne s'agite si jamais elle ne sentait plus sa présence.

— Quant à vous Georgios, vous pourrez ensuite la conduire à sa chambre. Elle a été préparée. Voici la clé.

Et, alors qu'elle la tendait à Georgios, Sédah ne put s'empêcher de l'intercepter, provoquant un nouveau petit mouvement de tête chez madame Bernilde accompagné d'un sourire légèrement crispé.  Georgios alla s'asseoir sans rien ajouter, un air amusé éclairant son visage.

Sédah suivit madame Bernilde jusqu'à une nouvelle porte en bois, qui avait l'air tout aussi lourde et ancienne que la précédente. Cette dernière frappa doucement et la voix du fameux professeur Thoth retentit. Il s'agissait d'une voix au timbre chaud, qui plut immédiatement à Sédah. Il s'adressa à elle dans un grec parfait, si bien qu'elle se demanda si toute l'école connaissait aussi bien sa langue natale.

— Entrez, mademoiselle Mordoh et venez vous asseoir. Votre grand-mère est une vieille amie. Je peux affirmer sans rougir que nous nous connaissons depuis la nuit des temps.

Je vais vous présenter le fonctionnement de cette institution.

Bernille, vous pouvez nous laisser. Merci de fermer la porte.

Une fois qu'ils furent seuls, le professeur marmonna quelque chose et la pièce se mit à raisonner autrement. Sédah parut si surprise, que le professeur se sentit obligé de préciser :

— Je fais simplement attention aux oreilles qui traînent...

Comment va votre protectrice, cette chère Cérès ? Cela fait si longtemps que nous nous sommes vus...