Chapitre 66 - Un affaiblissement inquiétant - partie 3

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Osmane et Hylas reprirent rapidement des forces. Tout le monde remarqua le magnétisme qui se dégageait à présent d'Hylas. Il était revenu différent, plus sûr de lui, comme transfiguré. Quant à Osmane, il avait gagné en maturité et une farouche détermination l'animait depuis qu'il avait recouvré toute sa vigueur. En revanche, ce n'était pas du tout le cas de Sédah. Elle était très fatiguée et ne semblait pas du tout se remettre de cette dernière épreuve. Des cernes bleuâtres soulignaient ses yeux, ses joues étaient creusées, son teint était grisâtre et elle était très amaigrie. Cérès et ses amis étaient inquiets. Le plus préoccupant était l'affaiblissement continu de ses pouvoirs. Ils déclinaient chaque jour un peu plus. En s'observant fixement dans le miroir, Sédah avait remarquait que les tâches de sang qui piquetaient le noir de ses yeux avaient également tendance à s'atténuer, voire à disparaître. Elle allait mal. Elle n'eut bientôt plus la force de marcher. Elle passa alors le plus clair de son temps couchée ou assise dans une chaise longue qui avait été installée tout spécialement pour elle à l'extérieur du bâtiment, à l'ombre d'un vieil olivier. Lorsqu'elle ne chassait pas, Brune dormait en boule sur ses genoux, ce qui la réconfortait. Et Nunzio, l'herboriste de la confrérie tentait divers traitements qui échouaient les uns après les autres à améliorer son état. 

L'un des réconforts de Sédah se trouvait dans l'omniprésence d'Hylas à ses côtés. Depuis qu'ils s'étaient réveillés, Sédah passait le plus clair de son temps avec lui, Osmane et ses autres amis étant occupés à s'entraîner d'arrache-pied auprès de Cérès et de certains membres de la confrérie. Hylas l'accompagnait partout, l'aidant à s'asseoir, à se relever, anticipant chacun de ses besoins. Sédah était devenue tellement fragile au fil des jours, qu'elle ne pouvait effectivement plus rien faire sans être aidée. Hylas endossait modestement ce rôle.

Si tout le monde lui en était reconnaissant, Osmane ressentait une gêne. Il n'avait pas oublié l'attitude étrange d'Hylas et son arrogance lors de ses derniers échanges avec Sédah, avant qu'ils ne quittent le songe. Et malgré son obligeance auprès d'elle, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver malaise et défiance à son égard. Lorsque l'entraînement d'Osmane lui laissait un moment de répit, celui-ci s'empressait de venir auprès de la jeune déesse, et Hylas s'éclipsait, les laissant seuls. Le contact des mains d'Osmane représentait alors un énorme réconfort pour la jeune femme qui semblait retrouver un peu de force, même si le bénéfice n'était malheureusement à chaque fois que de courte durée, dépendant du temps qu'Osmane passait à ses côtés. Les picotements qu'elle ressentait toujours à son contact la rassuraient. Contrairement à ses pouvoirs, ceux-ci n'avaient pas faibli, de même que les frissons qu'elle éprouvait lorsqu'il faisait son apparition, qu'il la touchait ou la regardait. Ceux-ci s'étaient même amplifiés au fil des jours, jusqu'à lui couper le souffle. Sédah pensait que c'était le signe que ses pouvoirs restaient tapis en elle, prêts à ressurgir. Elle en était venue à penser que seul Osmane parviendrait à l'aider à les retrouver et s'expliquait ainsi son désir entêtant de le retrouver dès que cela lui était possible. De son côté, Osmane aussi était impatient. Sédah occupait son esprit à chaque instant, mais à la différence de la jeune déesse, il savait parfaitement ce qui était en train de lui arriver. Il luttait contre l'affection qui grandissait en lui, mais en vain. Il allait régulièrement tirer de l'eau au puits, tentant de se refroidir les idées, et il mettait toute son ardeur à s'exercer, persuadé qu'il aiderait peut-être Sédah à retrouver ses pouvoirs.

Quant à Cérès, elle ne cessait de rechercher la cause de l'épuisement inquiétant de sa petite fille. Elle avait demandé à maintes reprises à Sédah, Osmane et Hylas de produire le récit complet du piège qui leur avait été tendu par Hélios. Elle leur avait demandé d'insister sur la description de nombreux petits détails qui semblaient parfois complètement insignifiants à leurs yeux. Pour Cérès chaque élément, même le plus infime, pouvait revêtir une importance capitale. Elle semblait particulièrement troublée par la description de l'apparence d'Hylas. Elle avait beaucoup questionné Sédah sur sa consistance et paraissait à chaque fois intriguée lorsque celle-ci évoquait son aspect charbonneux. Quelque chose la chiffonnait sans qu'elle ne parvienne à mettre le doigt dessus. Sa petite fille avait été moins précise sur la restitution du contenu de ses échanges avec Hylas. Elle ne voulait pas augmenter les soupçons qui pesaient déjà sur lui. Elle préféra donc taire certains détails et impressions par loyauté à l'égard de celui dont elle pensait avoir gâché la vie.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant