Sédah et Georgios sortirent d'un pas pressé, se hâtant de rejoindre le réfectoire qui était peut-être déjà fermé. Ils surgirent en trombe dans l'atrium éclaboussé par la lumière crue du matin, et déboulèrent sur un jeune homme qu'ils manquèrent de faire tomber au passage.— Désolé, grimaça Georgios en levant ses bras et en tournant sur lui-même pour l'éviter au dernier moment tout en poursuivant sa course.
Elle eut à peine le temps de remarquer qu'il portait une capuche qui recouvrait ses yeux jusqu'à son nez et qu'il les ignorait, ne prenant pas la peine de répondre aux excuses formulées par Georgios. Alors qu'elle le frôlait à son tour, elle se fit la réflexion qu'il n'avait pas du tout l'air commode et elle fut alors interrompue net dans sa course. Il avait pris la liberté de la saisir par le bras et la fixait méchamment :
— Alors c'est toi la nouvelle ! Celle qui pense si fort qu'on l'entend dans toute la ville !
Pour qui te prends-tu à foncer sur moi ! L'autre blanc-bec s'est excusé au moins...
Tu te crois au-dessus de ça ? Dégage et tiens-toi à distance si tu ne veux pas te faire exploser ! grogna-t-il tout en rejetant violemment son bras.
— Je hais les gens autocentrés, cracha-t-il tout en s'éloignant d'elle irrité.
Sédah reconnut immédiatement sa voix rauque pincée d'ironie. Et alors qu'il était déjà en train de repartir, lui tournant le dos, elle le suivit du regard, d'un air hébété.
— Alors c'était lui...
Il s'arrêta immédiatement, se retourna. Et il riposta aussitôt avec acidité :
— S'il n'y avait que moi... Apprends à tenir les parois de ta cervelle ! Ça ne te gêne pas d'étaler tes pensées stupides à la planète entière ?
Tu es effrayante de naïveté, je te garantis que c'est usant !
J'ai besoin de silence pour mon hygiène mentale. Je n'ai pas envie d'entendre sans cesse les élucubrations d'une personne remplie de sa petite importance.
Il la dardait moqueusement, se délectant de l'effet que ses paroles avaient produit sur elle. Et comme elle resta interdite, il enfonça le clou :
— Si tu ne sais pas te tenir, tu n'as qu'à repartir chez toi. Tu ne manqueras à personne !
Ses dernières paroles la percutèrent si fort que Sédah sentit immédiatement des larmes monter aux yeux. Elle demeurait plantée au milieu de l'atrium fixant le garçon, les yeux embués de larmes. Il savourait sa victoire, un rictus mauvais étirant l'une des commissures de ses lèvres.
Lorsque Georgios se retourna, il fut choqué de découvrir Sédah sur le point de fondre en larmes. Il fut encore plus surpris de la voir jeter un regard assassin au jeune homme qu'il venait de bousculer un instant plus tôt. Il se rendit compte qu'il ne lui avait jamais vraiment prêté attention.
Il s'agissait d'un garçon de taille moyenne, les cheveux noirs mal coupés, une mèche désordonnée accentuant un regard indéchiffrable. La méchanceté dont il venait de faire preuve à son égard et la désinvolture de son attitude irritèrent Sédah au plus haut point. Il ne lui en fallut pas davantage pour le détester viscéralement. Elle se retourna, essuya ses yeux rageusement du revers de sa main droite et attrapa le bras de Georgios.
— Viens, nous n'avons plus rien à faire là. L'air est irrespirable, trancha-t-elle.
— Apprends à ta petite protégée à la mettre en sourdine ! lança-t-il à Georgios dans le dos de Sédah qui tirait ce dernier avec empressement, tout en feignant l'indifférence.
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Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1
FantasyDepuis sa naissance, Sédah vit loin du monde. Des ombres terribles grandissent en elle, menaçant toute forme de vie qui entre à son contact. Elle ne ménage pourtant pas ses forces pour tenter de les contenir. Accompagnée de sa grand-mère Cérès, une...