Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 48 - La révélation d'Osmane - partie 2

Osmane chargea Aka sur son dos avec l'aide de Sédah et il la pressa d'ouvrir sa chambre :

— Dépêche-toi ! Personne ne doit nous voir. On risque d'être grillés.

— Quelle idiote ! Pourquoi je n'ai pas remis ma mitaine ! chuchota-t-elle avec irritation, se parlant à elle-même.

— Ce n'est pas le moment de culpabiliser, dépêchons-nous de sortir d'ici.

Sédah fut prise d'un petit vertige à l'idée d'avoir de nouveau mis en danger l'un de ses amis. Malgré son inquiétude, elle réussit à se ressaisir et à atteindre la porte de sa chambre. Elle l'ouvrit et ils entrèrent tous les trois. Elle referma la porte et se précipita auprès d'Osmane afin de l'aider à allonger correctement Aka sur le lit. Il se pencha sur lui pour s'assurer qu'il respirait encore, puis il se tourna vers elle.

— Nous allons retourner tes ombres.

Il fit un geste pour lui attraper les deux mains. Sédah eut un mouvement de recul désemparé.

— Je n'ai jamais réussi.

Les larmes se mirent à couler le long de ses joues. Osmane tendit ses mains de nouveau vers elle. Après un court moment d'hésitation, elle se décida à les lui confier. Une fois ses mains dans les siennes, il ferma les yeux. Et pour la première fois, le don de de la jeune déesse se transforma en énergie de vie. Sédah n'en croyait pas ses yeux. Dans les mains d'Osmane, ses ombres irradiaient d'un éclat bleuté. Il lâcha l'une des mains de Sédah et posa l'autre main sur la poitrine d'Aka qui ne tarda pas à revenir à lui. Il les regarda successivement, et ses yeux s'arrêtèrent finalement sur Osmane.

— Vous êtes ce que je crois que vous êtes ? balbutia-t-il impressionné.

— Tais-toi. Ne parle surtout pas. Ne dis pas ce que tu as en tête. Je t'en prie, dit Osmane, baissant le regard sombrement.

Il paraissait complètement abattu alors qu'ils venaient de sauver Aka. Sédah ne comprenait ni la réaction de ferveur d'Aka, ni l'accablement qui venait de s'emparer d'Osmane.

— De quoi parles-tu Aka ? Je ne comprends rien. Explique-toi ! le pressa-t-elle. Pourquoi as-tu des traces noires sur les yeux ? Et puis... tu es bizarre depuis plusieurs jours. Et toi Osmane, qu'est-ce que tu caches ? Pourquoi une telle réaction ? Qu'est-ce que tu ne veux pas que je sache ?

Osmane la fusilla du regard. Sa mèche lui barrant le visage. Des larmes embuaient ses yeux.

— Tu ne devines toujours pas Sédah ? s'étonna-t-il avec une évidente contrariété.

Il s'assit, et s'appuya sur ses cuisses avec ses coudes, la tête dans ses mains.

— Mais non ! Je ne comprends rien ! Et je n'en peux plus de tout ce que je suis censée savoir mais qui m'échappe.

— Arrête de faire ton difficile, mec... Tout le monde rêve d'être à ta place. Je te remplace quand tu veux ! s'agaça Aka, toujours aussi elliptique.

À ces mots, les épaules et la tête d'Osmane s'étaient affaissées de plusieurs centimètres.

— Si seulement je le pouvais, je te la céderais sans regret, déplora-t-il.

Aka vint alors s'agenouiller aux pieds de Sédah, et enserra théâtralement ses mollets.

— Je ne supporte pas son ingratitude, vitupéra-t-il, se décollant pour dévisager Osmane. Je veux bien suppléer ce bégueule et me dévouer à toi. Je t'en supplie, accepte ma requête ! Please, please, la pressa-t-il.

Elle se sentit extrêmement gênée. Elle n'osait plus regarder Osmane qui demeurait prostré, certainement honteux de se retrouver dans cette situation humiliante. Elle comprit alors pourquoi il la méprisait. Sans avoir pu choisir, il était lié à elle. C'est pour ça qu'elle éprouvait une telle confiance. Il lui était dévoué par obligation. Elle se sentit idiote de ne pas l'avoir deviné plus tôt.

— Je ne veux pas te retenir prisonnier Osmane. Que dois-je faire pour te libérer ?

— Tu ne peux rien faire. J'ai tant cherché à échapper à ce moment. Je savais que ça allait arriver, se désola-t-il, complètement abattu. Je le savais...

— On va chercher ensemble. Je ferai tout pour que tu sois libre, tu m'entends ?

Elle s'était agenouillée et lui avait attrapé les poignets. Comme il ne bougeait pas, ne la regardait toujours pas, elle attrapa sa mèche, se baissa pour chercher son regard.

— Je ne veux pas non plus de cette relation. Je veux juste être ton amie.

Il la regarda, comme pour s'assurer de sa sincérité. Aka, qui se taisait jusqu'alors, se permit d'intervenir.

— Arrête mec... Tu ne vas pas la forcer à s'abaisser à te supplier ! Tu ne sais pas la chance que tu as. Être d'une déesse. Tout humain en rêve. Tu as été élu.

Les yeux d'Aka brillaient d'envie.

— Tout le monde a des doutes sur toi, Sédah. Il y a des rumeurs depuis ce qui s'est passé avec Pilar. Pour être honnête, je ne sais pas ce qui les retient de te tomber dessus. Franchement, tu vas avoir besoin de notre aide. Et je tiens à te dire que tu peux compter sur moi. Je suis fais pour vivre des aventures, rigola-t-il.

Soudain, ils sursautèrent. On frappait à la porte. Sédah paniqua. Et si c'était Georgios ? Qu'allait-elle bien pouvoir inventer ?

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À samedi prochain !

B. 🖤