Chapitre 60 - Les mystères d'Éleusis - partie 3

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Hylas les conduisit dans la vallée des temples.  Il était très tôt, le jour n'avait pas encore percé lorsqu'ils se garèrent dans un parking vide, situé en contre-bas d'une colline à la végétation clairsemée. Avant  de quitter le véhicule, Cérès les protégea en générant une nouvelle  illusion. Aka et Osmane avaient revêtu l'apparence de deux chiens malinois l'un noir, l'autre tacheté de roux. Sédah et Cérès prirent  l'allure de deux femmes âgées, Hylas resta égal à lui-même, et Maddy et  Aliénor furent transformées en rates que Cérès nicha dans chacune des poches latérales de sa veste. Brune se trouvait toujours dans le sac en bandoulière porté par Sédah et elle s'y tenait tranquille. Ils  remontèrent ensuite à pied jusqu'au temple de Déméter par un chemin de  pierre qui serpentait au milieu de quelques oliviers, pistachiers  lentisques, aubépines, cactus, aloe vera et autre végétation basse et éparse. 

Ils s'approchèrent d'une architecture en pierre blanche composée d'une rotonde, laquelle était accolée à un bâtiment à base rectangulaire fermé. Ce dernier avait une allure très massive et  austère. Au moment où ils atteignirent l'enceinte du bâtiment, le corps de Cérès se mit à irradier de manière irrépressible. Quelques primo visiteurs qui se trouvaient déjà là, attribuèrent cette lumière surnaturelle aux rayons du soleil qui perçaient derrière elle à travers les nuages. Cérès se para d'un nouveau sort d'illusion faisant taire sa radiance. Ce geste bouleversa Sédah. La voir ainsi parmi les ruines de sa gloire passée lui serra le cœur. Pourquoi Cérès avait-elle ainsi  renoncé à son antique grandeur ? Sédah ne se l'expliquait pas, mais elle lisait son amertume.  

La présence de la déesse sur ce sol sacré attira un étrange visiteur. Il se dirigeait avec lenteur à la  rencontre de la déesse. Il lui remit une gerbe de blé. Puis il baissa la  tête, et fit une révérence discrète pour ne pas attirer l'attention. 

— Ô vénérée déesse, soyez la bienvenue sur vos terres. Nous, gardiens  de vos mystères, humbles héritiers de Céléos et Triptolème, de Dioclès,  Eumolpos et Polyxène vous attendions. Veuillez me suivre, déclara-t-il en langue mère.

Et  toute la troupe le suivit. Il tournèrent autour du temple et arrivèrent  devant une vieille porte en bois de chêne soutenue par un arc en plein cintre. La porte avait l'air d'être scellée. Il sortit une grosse clé,  la glissa dans le trou de la serrure et la porte s'ouvrit en grinçant.  Ils entrèrent et s'avancèrent à l'intérieur du bâtiment pendant que l'homme refermait derrière eux. Ils traversèrent la pièce. Leurs pas étaient éclairés par quelques trouées de lumière qui filtraient au  travers de la charpente. Ils atteignirent rapidement une nouvelle porte,  moins lourde que la première. Il l'ouvrit avec une seconde clé. Ils se trouvaient désormais à l'arrière du bâtiment, au cœur de la rotonde.  L'homme les conduisit vers une nouvelle porte plus petite et discrète. Elle s'ouvrit sur un escalier en pierres  taillées qui s'enfonçait dans la roche. Il était faiblement éclairé par une torche posée au mur. Il était étroit et le plafond était assez bas et voûté, les obligeant à se pencher un peu pour éviter de se cogner.  L'homme laissa passer tout le monde et referma derrière eux. 

— Veuillez descendre je vous prie. Vous pouvez prendre la torche. 

Ils descendirent en prenant soin de ne pas glisser car certaines marches étaient humides. Et au terme d'une longue descente, ils  arrivèrent au niveau d'une nouvelle porte en bois. L'homme leur demanda  de la pousser. Après cette traversée dans la pénombre, l'éclat de la lumière du soleil les éblouit. Leurs yeux s'acclimatèrent rapidement et  ils découvrirent qu'ils se trouvaient face à un paysage admirable. Il y avait une oliveraie sur la pente d'un coteau se situant sur leur  gauche, de la vigne un peu en contre-bas sur leur droite et ils  déambulaient sur une crête au milieu d'un maquis qui embaumait le myrte, la lavande et le thym et qui était également ponctué par la présence  d'arbousiers, et enluminé ici et là par des tamaris et des lauriers  roses. Plus en contre-bas encore sur la gauche, après l'oliveraie, se devinait la présence d'un ensemble de bâtiments. L'homme s'arrêta et leur dit : 

— Je vous présente le domaine des mystères d'Éleusis. Veuillez me suivre. Si vous le souhaitez, je pourrai vous  faire visiter les bâtiments, leur suggéra leur guide avec déférence. 

— Conduis-nous à Valentina mon bon Luiggi, nous visiterons les bâtiments plus tard, lui répondit Cérès avec considération.

Il acquiesça timidement de la tête et reprit son chemin.

Ils observèrent que l'édifice était en vieille pierre blanche recouverte de végétation par endroits et composée de trois corps de bâtiment disposés autour d'une cours centrale au milieu de laquelle se trouvait un grand autel circulaire. L'un des corps de bâtiment latéral présentait une galerie rythmée par une série de colonnes massives sous laquelle était installée une longue table de bois, flanquée de longs bancs de chaque côté. Un magnifique bougainvillier courrait à la jointure des deux corps de bâtiment. L'endroit était chaleureux, loin de l'image austère qui caractérisait habituellement les lieux voués au culte. Une corniche unifiait les différents corps architecturaux, représentant des épis de blé, et des serpents entremêlés, attributs de la grande déesse Déméter.

— Bienvenue à vous, Ô vénérée Déméter, très chère Cérès !

Une femme d'âge avancé, au teint très mat, fit immédiatement son apparition d'un pas léger et dynamique. Sédah la détailla et elle remarqua l'éclat de ses grands yeux bruns. Sa chevelure étonnamment blanche était réunie en un élégant chignon tressé qui lui donnait une grande prestance et soulignait son autorité naturelle.

— Vous nous faites un si grand honneur en nous visitant, vous et vos amis ! ajouta-t-elle avec une joie sincère.

Cérès leva l'illusion et chacun reprit son apparence normale.

— Vous nous présenterez vos protégés une fois que nous vous aurons servi une limonade bien fraîche. Suivez-moi, nous allons nous installer autour de la table. Agostino ! S'il te plaît ! Des verres de limonade pour tout le monde ! Et n'oublie pas le panier de fruit ! adressa-t-elle à un jeune garçon qui se trouvait à l'intérieur.

Ils s'installèrent tous et le jeune homme ne tarda pas à revenir avec un plateau sur lequel se trouvaient une bouteille de limonade et des verres. Il disposa également une grande corbeille de fruits comportant des oranges sanguines, des mandarines et un petit ramequin comportant des dattes et des figues séchées. Valentina le remercia :

— Merci Agostino !

— Ma chère Valentina, je suis émue par votre accueil. Je serai très directe, car je manque de temps. Je suis accompagnée par de jeunes mortels qui ont scellé un pacte d'allégeance. Et voici ici leur future protectrice, dit-elle en désignant Aliénor qui resta de marbre.

— J'ai besoin de votre aide pour les former. Ils doivent comprendre et développer leur don en complémentarité. Je ne pourrai m'acquitter seule de cette tâche. Athéna nous soutient, ajouta-t-elle en pointant de nouveau son doigt sur Aliénor.

— Et Métis nous prête ses arts, dit-elle en regardant Aka.

— Nous avons besoin d'éveiller leurs âmes aux mystères. Qui mieux que vous pour accomplir ce dessein ? plaida-t-elle.

Aliénor et Aka se sentirent investis d'importance. Cela fit visiblement grand bien à Aliénor qui ne devait sûrement pas bien comprendre le périmètre de la tâche qui allait lui être dévolue. Elle retrouva un peu de hauteur, ce qui rassura Cérès qui la trouvait fragilisée depuis qu'elle était parmi eux. Valentina laissa s'installer un temps de silence propice à la réflexion, puis elle s'exprima :

— Ô Déméter ! Ô vénérée déesse ! Ta confiance nous honore, commença-t-elle. Comme tu le sais, nous sommes peu enclins à l'agitation. Nous sommes très attachés à la paix qui règne en cette demeure dédiée à l'étude et à la transmission des mystères d'Éleusys. Et nous exécrons la violence qui contrevient aux vœux que nous avons prononcés.

Elle marqua alors un long temps de pause, prit une inspiration et poursuivit, consciente que ses visiteurs étaient suspendus à la décision qu'elle   allait prendre...

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Merci d'avoir lu ^^

B.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant