Chapitre 34 - La peur d'être renvoyée - partie 2

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Numa toisa Sédah, et, face à son abattement, son visage s'éclaira.

— Enfin démasquée ! C'est pas trop tôt ! ricana-t-elle mesquinement. Tu n'aurais jamais dû venir à La Valette. Ce monde n'est pas fait pour toi, princesse. Tu n'as jamais réussi à m'abuser avec tes manières faussement effarouchées. Tu respires l'imposture. Il n'a pas fallu trois  mois pour que tout le monde s'en rende compte.

Georgios la fusilla du regard.

— Tais-toi ! Ça n'est franchement pas le moment, soupira-t-il, conscient que sa pique tombait au plus mal.

— Quoi, tu la défends encore ? Tu n'as donc pas encore atterri... Tu es  long à  la détente mon cœur. Ça ne devait pas durer quinze jours le  tutorat ? ironisa-t-elle. Quand tu en  auras fini avec cette  mystificatrice, je serai là ! ajouta-t-elle mielleusement.

Elle  regarda ensuite Sédah avec un rictus diabolique, et son regard glissa  jusqu'à son  cou. Sédah sentit alors sa gorge se resserrer. Elle  remarqua que Numa  contractait ses mâchoires et qu'elle avait fermé son  poing droit. Elle étouffait. Elle visualisa alors l'illusion que son  ennemie activait  contre elle et mentalement, elle s'imagina que sa  gorge était brûlante. Numa émit un petit cri, recula, et, choquée,  elle manqua de rater une marche. Elle secouait sa main avec une expression  de douleur sur le  visage.
Choquée, elle reprit sa progression, fixant Sédah avec une expression d'étonnement qui n'échappa pas à Georgios.

— Que s'est-il passé ?

— Elle vient juste d'essayer de m'étouffer et je ne me suis pas laissée faire, voilà tout.

Sédah était satisfaite d'avoir remis cette peste de Numa à sa place. Une fois arrivés en bas de la cage d'escaliers, ils franchirent une grande porte, et traversèrent la cour en direction de la bibliothèque. À l'ombre d'un grand olivier devant l'entrée, ils découvrirent Maddy agenouillée, tenant un oiseau mort dans sa main. Autour d'elle, une nuée d'étourneaux s'était rassemblée, perchée sur les branches au-dessus d'elle, pépiant tristement en réaction à la mort de leur congénère.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? s'inquiéta Sédah en se précipitant auprès de son amie.

— Je crois que c'est Numa. Il est tombé du ciel et s'est échoué au pied de l'arbre peu après qu'elle soit passée.

— Tu es sûre ? Pourquoi aurait-elle fait ça ? l'interrogea Georgios, perplexe.

— Elle t'a dit quelque chose ? poursuivit-il.

—  Non, elle n'a rien dit. Elle ne me parle jamais de toute façon. Je  suis  trop insignifiante pour elle. Je n'ai pas de protecteur, pas de descendance prestigieuse, bref, je n'existe pas.

— Elle a peut-être fait ça gratuitement ? Ce serait bien le genre, réagit Sédah avec une moue écœurée.

—   Mais... Enfin ! On ne fait pas quelque chose comme ça pour rien. Ton accusation est infondée. Numa peut parfois être bêcheuse, je te l'accorde, mais elle n'est pas cruelle, lui adressa-t-il sur un ton de reproche.

— Elle n'a pas été malfaisante juste à l'instant peut-être ?

Le voir défendre cette garce juste après l'épisode qui venait de se dérouler sous ses yeux dans l'escalier l'énervait au plus haut point. De toute manière,  depuis qu'elle avait perdu confiance en lui, Georgios l'irritait. Elle leva la tête pour voir si elle décelait quelque chose ou quelqu'un. C'est à ce moment qu'elle aperçut Osmane. Il était situé à l'un des balconnets de couleur rouge, au  deuxième étage de la bibliothèque. Elle se concentra sur l'image  qu'elle  avait de lui, cherchant à le visualiser avec le plus de  netteté  possible, puis elle mit toute son intention pour parvenir à lui  parler  mentalement.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant