Chapitre 15 - L'agression - partie 2

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Plusieurs jours plus tard, ils eurent un cours de sport particulièrement éprouvant. Elle s'y sentait seule, car, probablement en raison de l'influence de Numa, personne n'osait l'approcher. Et elle ne pouvait compter sur la présence de Georgios car le cours était exceptionnellement non mixte.

Son professeur était un homme immensément grand et large de carrure, ses mains étaient aussi énormes que celles d'un ours adulte.

Son profil prognathe renforcé par de longues incisives, son abondante pilosité qui débordait de l'encolure de son tee-shirt, tout concourrait à donner l'image d'un homme rustre et bourru. Sa démarche excessivement musculeuse donnait l'impression que ses cuisses ne s'entendaient pas.

Il n'y avait pas plus dissonant. Si la nature avait cherché la disharmonie, elle ne s'y serait pas prise autrement. Elle ne pouvait s'empêcher de l'observer et de le détailler avec dégoût.

Et par-dessus le marché, elle remarqua que lorsqu'il se mettait à hurler, il postillonnait tellement qu'elle avait l'impression de prendre une douche. Ce faisant, il avait tendance à exhiber le fond de sa gorge, ce qui finit d'écœurer Sédah qui s'efforçait désormais de ne plus du tout le regarder sous peine de vomir son maigre déjeuner.

Les deux heures de sport qu'ils passèrent à trotter puis à courir dans la cour lui parurent durer une éternité. Le double coup de sifflet de fin retentit enfin, sonnant le retour aux vestiaires. Toutes ses camarades s'empressèrent d'aller se changer.

Sédah attendit longuement avant de les rejoindre à son tour, n'ayant pas envie de se confronter. Elle sentait qu'elle n'avait pas les codes. Elle se sentait gauche. C'était sans doute à cause des longues années durant lesquelles elle avait vécu recluse dans le jardin protecteur des Hespérides. Lorsqu'elle arriva aux vestiaires, tout le monde était déjà parti, sauf Numa qui l'attendait patiemment, les bras croisés. Son visage, aux traits si délicats, affichait un air venimeux et son attitude faussement indifférente, sentait la confrontation.

Ses cheveux noirs constellaient autour de son visage aux traits parfaits, et ses lentilles jaunes ajoutaient un éclat belliciste. Numa avait visiblement choisi d'en découdre immédiatement avec Sédah. La trêve que ce début de journée semblait lui avait offert, connaissait son clap de fin.

Sédah dépassa Numa, espérant que celle-ci renoncerait à s'engager plus loin. Mais elle se trompait. Numa lui saisit le poignet et lui murmura à l'oreille :

Je voulais juste faire une petite mise au point entre nous. Georgios est à moi. Ne le touche pas ! J'ai bien compris ton petit manège de sainte nitouche ! Ça ne prend pas avec moi. J'espère que tu m'as bien comprise, sinon tu vas vite le regretter.

Devant l'attitude interdite de Sédah qui ne savait pas comment réagir, Numa se sentit autorisée à poursuivre. Elle s'emballa. C'était comme si elle ne parvenait plus à contenir l'agacement qu'elle réprimait depuis qu'elle avait débarqué dans le lycée.

Je vais faire de ta vie un véritable enfer. Hadès lui-même ne fera pas mieux, fit-elle, les traits du visage contorsionnés par l'excès d'emportement.

Sédah était désemparée par ce déferlement d'invectives. Elle ressentit ensuite un petit picotement entre les yeux, qui se transforma très vite en une sensation de brûlure dont l'intensité devint insupportable. 

C'est alors qu'Aliénor surgit dans la pièce et poussa Numa tout en regardant salement Sédah et son front. Cette dernière précipita sa main sur l'endroit qui lui faisait si mal. Puis elle l'entendit s'énerver contre Numa :

Qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Numa ? Tu veux te faire renvoyer ou quoi ?

Elle se tourna ensuite vers Sédah et l'agressa à son tour :

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant