Chapitre 46 - Mais qu'est-ce qui m'arrive ? - partie 2

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Georgios ne la quittait pas d'une semelle. Maddy fut chargée de se renseigner à l'infirmerie. Elle alla jusqu'à frapper à la porte d'Osmane, mais celui-ci avait comme disparu. Plusieurs jours se succédèrent ainsi. Brune avait d'ailleurs refait son apparition. Elle dormait dans sa chambre tous les soirs. Maddy s'acharnait chaque jour à quérir des nouvelles d'Osmane. À force, Madame Signor eut pitié d'elle et finit par lui révéler que le jeune garcçon taciturne avait quitté l'école pour une urgence familiale. Elle ne sut pas lui préciser à quelle date il comptait rentrer.

Sédah et Maddy se mirent alors à récupérer tous les cours pour lui permettre de les rattraper dès son retour. Les jours passèrent, perdant de leur saveur. L'empressement de Sédah à découvrir le lien qui l'unissait à Osmane s'était émoussé. Quant à la corvée de vaisselle, elle s'était véritablement transformée en calvaire. Au début, Georgios était resté avec elle, mais face à l'ennui, il renonça à venir. Il se contentait de l'attendre lorsqu'elle avait terminé. À l'approche de l'opération qui visait à lui retirer sa marque, le jeune homme se montrait de plus en plus préoccupé, ce qui l'arrangeait, parce qu'elle n'avait pas du tout envie de faire la conversation. Lorsqu'il finit par s'absenter du Lycée, Sédah eut l'impression de respirer. Elle se rendit compte du sentiment d'oppression que cette surveillance constante exerçait sur elle. Et pourtant, elle n'arrivait pas vraiment à en vouloir à Georgios. Au fond, elle l'aimait bien. Il se montrait bienveillant et attentif à elle. Elle sentait la profonde affection qu'il avait pour elle, ce qui lui serrait parfois le cœur. Mais tous les secrets qui s'étaient glissés entre eux avaient tout de même fini par affecter leur relation.

Le jour de sa dernière corvée de vaisselle arriva le lendemain du départ de Georgios. Outre le sentiment de respirer, la journée se déroula sans incident notable. Alors qu'elle venait de démarrer sa dernière vaisselle, Osmane fit son apparition. La jeune déesse en laissa glisser une assiette de surprise et celle-ci se brisa.

— Ne touche pas. Je ne voudrais pas que tu te blesses de nouveau... déclara-t-il en se précipitant sur les morceaux cassés.

Cette soudaine proximité lui coupa le souffle. Le sang battait à ses tempes. Elle sentait chaque pulsation. Sa respiration s'était accélérée et le son était devenu cotonneux. Elle reconnaissait ces sensations entre mille. Elle était en train de perdre le contrôle. Son champ visuel se mit à son tour à se rétrécir. Contre toute attente, Osmane se précipita sur elle. Il lui attrapa les mains, plongea ses yeux dans les siens. Elle sentit alors une profonde sérénité se déverser en elle. Son cœur se mit à ralentir, le son se fit plus net et sa vision retrouva son amplitude habituelle.

— Ça va ? s'inquiéta-t-il.

Une larme roula sur la joue de Sédah.

— Pourquoi tu pleures ? réagit-il, complètement décontenancé.

— Je ne sais pas.

Elle le regardait et sentit de nouveau son cœur s'accélérer. Elle avait si chaud et elle se sentait si bouleversée. Osmane eut un léger sourire.

— C'est moi qui te fais cet effet ?

La jeune déesse se sentit rougir et sans vraiment savoir pourquoi, elle éprouva un sentiment de honte. Il la regarda et ses lèvres s'étirèrent lentement.

— Ne me dis pas que j'ai raison. Tu rougis !

Elle se cacha le visage. Il lui attrapa les poignets et la força à le regarder. Elle releva ses yeux embués de larmes et le fixa :

— Comment peux-tu...

Et elle regarda silencieusement ses propres poignets retenus par les mains du jeune homme.

— ... faire ça ?

Ils furent alors interrompus par le cuisinier.

— Qu'est-ce que vous faites là ? Aller ! Vous me la terminez cette vaisselle ! Si vous continuez, je vous rajoute une semaine de corvée !

Les deux adolescents ramassèrent les morceaux de l'assiette cassée et terminèrent la vaisselle silencieusement. Sédah ne pouvait s'empêcher de regarder Osmane qui restait obstinément concentré sur sa tâche. Ils terminèrent en même temps. Sédah remit ses mitaines, prit sa veste et son sac, et ils sortirent ensemble.

— Tu veux que je te raccompagne ? lui proposa-t-il, un petit sourire indéchiffrable soulevant la commissure droite de ses lèvres.

Elle l'examina du coin de l'œil, cherchant à le décrypter.

Il se fiche de moi, pensa-t-elle.

— Non, je suis très sérieux. Tu veux des réponses à tes questions, n'est-ce pas ?

Osmane plongea les mains dans ses poches, ce qui lui donnait cet air nonchalant si détestable. Ils marchèrent quelques instants en silence. Le jeune homme avait ralenti, la laissant marcher devant lui. Sédah se retourna plusieurs fois, cherchant à évaluer son revirement d'attitude, lui qui s'était toujours montré si fuyant.

— D'accord.

Il la rattrapa aussitôt avant de lui passer devant.

À quoi joue-t-il ? songea-t-elle.

Subitement, il s'arrêta net et se retourna. Si bien que celle-ci lui fonça dedans. Elle releva la tête et les yeux d'Osmane se plantèrent littéralement dans les siens. Elle sentit la chaleur de son souffle caressant son visage. Ses jambes ne tardèrent pas à se dérober sous elle. Il la rattrapa par la taille, sans cesser de la regarder. Sédah sentait de nouveau son cœur battre à tout rompre.

Mais qu'est-ce qui m'arrive à la fin ? réagit-elle en posant sa main sur sa poitrine.

Osmane continuait de la fixer avec davantage d'intensité encore.

— Qu'est-ce que tu as ?

— Je voulais juste vérifier quelque chose, sourit-il.

— Tu ne vois pas que je t'ai foncé dedans imbécile ! J'aurais pu me faire mal ! Arrête tes bêtises maintenant ! maugréa-t-elle, tentant de retrouver ainsi contenance.

Il souffla sur sa propre mèche pour la dégager de son visage et il se pencha vers celui de la jeune déesse qui eut l'impression de se liquéfier.

— J'ai ma réponse, on peut y aller, se moqua-t-il.

Il lui prit alors la main. Mais celle-ci, tellement habituée à éviter tout contact, eut pour réflexe de la retirer. Osmane usa alors de sa force pour la maintenir dans la sienne. Il la tira à lui et elle s'écrasa contre sa poitrine.

— Tu ne crains rien avec moi. Tu ne comprends donc vraiment pas ce que je suis pour toi, n'est-ce pas ? Au début, j'ai cru que tu te moquais de moi, que tu m'ignorais et me dédaignais volontairement...

De quoi parle-t-il ?

— Je vois bien que tu ne sais pas... Il est temps que nous parlions.

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Merci d'avoir lu !

B.🖤

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant