Chapitre 25 - Satanés pouvoirs - partie 2

14 1 0
                                    

Georgios ! Arrête s'il te plaît, tu vas me rendre folle à faire les cent pas comme ça !

  — C'est toi qui me rends dingue Sédah ! Depuis que tu es arrivée, tout  va de travers. C'est l'enfer. Et le pire, c'est que tu mets les pieds  dans un bourbier dont tu ne mesures ni l'ampleur, ni la complexité  d'ailleurs.

Je le vois bien...

Franchement, je ne sais pas d'où tu sors.  C'est n'importe quoi !

C'est complètement inconsidéré de  te jeter à La Valette comme ça, sans aucune compréhension des règles  minimales de survie.

Tu ne connais rien à la politique qui régit le  monde des dieux et de leurs obligés !

Ben alors dis-le moi ! Apprends-moi ! Pourquoi tu ne m'aides pas ? 

  — C'est bien tout le problème... Tu n'aurais pas dû. Qui a bien pu  t'envoyer ici avec aussi peu de préparation ? Tu ne sais même pas te  protéger, tu utilises tes pouvoirs psychiques n'importe comment, sur  n'importe qui.

Je ne comprends pas. Ça me dépasse.

Ta protectrice est  mauvaise Sédah ! Très mauvaise ! Si elle voulait vraiment te protéger,  elle ne t'aurait jamais laissée venir ici sans un minimum de  préparation. C'est meurtrier franchement et là je te parle en ami.

Tu ne  vois aucun des rapports de forces qui se jouent entre les uns et les  autres. Si j'avais su que tu étais aussi peu armée, je n'aurais jamais  accepté d'être ton tuteur. Tu vas finir par nous faire tous griller !

  — Ça y est ? Tu as fini de t'énerver contre moi ? Je suis peut-être  complètement nulle, mais je fais de mon mieux, je te le jure. J'agis  avec le plus de justesse possible dans chaque situation nouvelle qui se  présente à moi et il y en a à chaque instant. Je n'ai pas le temps de  respirer. J'aimerais pouvoir étudier, préparer l'examen de février, mais  je n'ai aucun répit. Je ne connais personne. Je suis toute seule ! Je  n'ai aucun allié. C'est trop dur. 

Et bien abandonne. Dis à ta  protectrice que tu veux quitter l'école, que ce n'est pas un endroit  fait pour toi. Et pars demain ! Je t'accompagne au secrétariat demain  matin à la première heure si tu veux ! En tout cas, tu ne peux pas  continuer comme ça. Il y a des règles, des codes, des choses à  comprendre. Tu ne peux pas agir comme tu le fais. Tu vas t'attirer des  ennuis et m'en causer également. C'est déjà le cas d'ailleurs ! Je suis  en train de me brouiller avec des personnes qui devraient être mes  alliés. 

Tu veux parler de cette peste de Numa peut-être ?

  — Je veux parler d'elle et de bien d'autres qu'elle. Et toi ? En deux  semaines, tu réussis à te retrouver à l'infirmerie où tu ne te réveilles  pas pendant trois jours ! Trois jours Sédah ! Tu avais les veines des  poignets noires ! Je t'ai vue lorsqu'ils t'ont conduite à l'infirmerie.  

Sédah ne voyait pas où cette conversation allait les mener.  Elle sentait la colère et le désespoir monter en elle. Georgios s'en  rendit compte, il commençait déjà à s'avancer vers elle. Sédah lui  saisit le poignet pour le retenir. Elle se concentra, chercha en elle  les influx nerveux responsables de sa colère pour les dévier, comme elle  avait su le faire plus tôt dans la journée.

Elle commençait à se  ressaisir, en revanche, elle s'aperçut qu'elle n'avait pas contrôlé son  don et qu'elle portait l'une des paires de mitaines les plus fines. Le  contact de Sédah avec le poignet de Georgios l'avait tellement affaibli,  que ses jambes flageolèrent. Sédah l'aida à se coucher sur son lit. Il  la regarda avec un regard interrogateur. 

Mince ! Mince ! Non ! Pas ça ! Pas ça ! Georgios, ne me fais pas ça !

  Il n'avait même pas la force de lui demander ce qui venait de se  passer. En canalisant son énergie sur sa colère, elle avait dévié  l'influx nerveux sur Georgios qui avait l'air d'avoir du mal à respirer.  Une émotion de panique monta en elle et si elle l'avait tué.

Elle  n'osait pas prendre son pouls, risquant d'aggraver encore la situation.  Elle inspira et chercha de nouveau à dévier les signaux chimiques en se  concentrant sur son propre espace psychique. Elle reprit ses esprits. 

Elle se disait que peut-être elle pourrait essayer de retourner son don  pour lui transférer une partie de son énergie vitale. C'était hasardeux  et risqué, car elle n'avait jamais réussi à le faire bien qu'elle ait  essayé de très nombreuses fois. Mais après tout, quel autre choix  avait-elle ? Elle remarqua alors que la rate était en train de gratter à  la fenêtre avec ses petites pattes.

Sédah alla machinalement lui  ouvrir, elle se déplaça jusqu'au couple de tourterelles qui s'agita  avant de prendre la fuite. L'une des deux, partit à tire d'ailes, croisa  un groupe d'étourneaux, lequel repartit à son tour dans le ciel  rejoindre une nuée qui se mit à danser une chorégraphie mystérieuse dont  le sens lui échappait, mais dont la beauté captiva son attention  pendant quelques instants.

La multitude dessinait d'onduleuses nappes  noires, virant et virevoltant de manière hypnotique dans l'espace  céleste du couchant. Sédah entendit leur cri tchrrrriiiiii tchrrrriiiiii  se prolonger. Elle crut percevoir une longue phrase faite de  sifflements divers alternant avec des syllabes plus mélodieuses. Puis  des notes grinçantes et discordantes, des trilles, et des roulades  ponctuant les phrases que la nuée chantait en cœur.

++++++++

Merci d'avoir lu !
À dimanche prochain !🪶

Brune. 💜

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant