— Georgios ! Arrête s'il te plaît, tu vas me rendre folle à faire les cent pas comme ça !
— C'est toi qui me rends dingue Sédah ! Depuis que tu es arrivée, tout va de travers. C'est l'enfer. Et le pire, c'est que tu mets les pieds dans un bourbier dont tu ne mesures ni l'ampleur, ni la complexité d'ailleurs.
Je le vois bien...
Franchement, je ne sais pas d'où tu sors. C'est n'importe quoi !
C'est complètement inconsidéré de te jeter à La Valette comme ça, sans aucune compréhension des règles minimales de survie.
Tu ne connais rien à la politique qui régit le monde des dieux et de leurs obligés !
— Ben alors dis-le moi ! Apprends-moi ! Pourquoi tu ne m'aides pas ?
— C'est bien tout le problème... Tu n'aurais pas dû. Qui a bien pu t'envoyer ici avec aussi peu de préparation ? Tu ne sais même pas te protéger, tu utilises tes pouvoirs psychiques n'importe comment, sur n'importe qui.
Je ne comprends pas. Ça me dépasse.
Ta protectrice est mauvaise Sédah ! Très mauvaise ! Si elle voulait vraiment te protéger, elle ne t'aurait jamais laissée venir ici sans un minimum de préparation. C'est meurtrier franchement et là je te parle en ami.
Tu ne vois aucun des rapports de forces qui se jouent entre les uns et les autres. Si j'avais su que tu étais aussi peu armée, je n'aurais jamais accepté d'être ton tuteur. Tu vas finir par nous faire tous griller !
— Ça y est ? Tu as fini de t'énerver contre moi ? Je suis peut-être complètement nulle, mais je fais de mon mieux, je te le jure. J'agis avec le plus de justesse possible dans chaque situation nouvelle qui se présente à moi et il y en a à chaque instant. Je n'ai pas le temps de respirer. J'aimerais pouvoir étudier, préparer l'examen de février, mais je n'ai aucun répit. Je ne connais personne. Je suis toute seule ! Je n'ai aucun allié. C'est trop dur.
— Et bien abandonne. Dis à ta protectrice que tu veux quitter l'école, que ce n'est pas un endroit fait pour toi. Et pars demain ! Je t'accompagne au secrétariat demain matin à la première heure si tu veux ! En tout cas, tu ne peux pas continuer comme ça. Il y a des règles, des codes, des choses à comprendre. Tu ne peux pas agir comme tu le fais. Tu vas t'attirer des ennuis et m'en causer également. C'est déjà le cas d'ailleurs ! Je suis en train de me brouiller avec des personnes qui devraient être mes alliés.
— Tu veux parler de cette peste de Numa peut-être ?
— Je veux parler d'elle et de bien d'autres qu'elle. Et toi ? En deux semaines, tu réussis à te retrouver à l'infirmerie où tu ne te réveilles pas pendant trois jours ! Trois jours Sédah ! Tu avais les veines des poignets noires ! Je t'ai vue lorsqu'ils t'ont conduite à l'infirmerie.
Sédah ne voyait pas où cette conversation allait les mener. Elle sentait la colère et le désespoir monter en elle. Georgios s'en rendit compte, il commençait déjà à s'avancer vers elle. Sédah lui saisit le poignet pour le retenir. Elle se concentra, chercha en elle les influx nerveux responsables de sa colère pour les dévier, comme elle avait su le faire plus tôt dans la journée.
Elle commençait à se ressaisir, en revanche, elle s'aperçut qu'elle n'avait pas contrôlé son don et qu'elle portait l'une des paires de mitaines les plus fines. Le contact de Sédah avec le poignet de Georgios l'avait tellement affaibli, que ses jambes flageolèrent. Sédah l'aida à se coucher sur son lit. Il la regarda avec un regard interrogateur.
— Mince ! Mince ! Non ! Pas ça ! Pas ça ! Georgios, ne me fais pas ça !
Il n'avait même pas la force de lui demander ce qui venait de se passer. En canalisant son énergie sur sa colère, elle avait dévié l'influx nerveux sur Georgios qui avait l'air d'avoir du mal à respirer. Une émotion de panique monta en elle et si elle l'avait tué.
Elle n'osait pas prendre son pouls, risquant d'aggraver encore la situation. Elle inspira et chercha de nouveau à dévier les signaux chimiques en se concentrant sur son propre espace psychique. Elle reprit ses esprits.
Elle se disait que peut-être elle pourrait essayer de retourner son don pour lui transférer une partie de son énergie vitale. C'était hasardeux et risqué, car elle n'avait jamais réussi à le faire bien qu'elle ait essayé de très nombreuses fois. Mais après tout, quel autre choix avait-elle ? Elle remarqua alors que la rate était en train de gratter à la fenêtre avec ses petites pattes.
Sédah alla machinalement lui ouvrir, elle se déplaça jusqu'au couple de tourterelles qui s'agita avant de prendre la fuite. L'une des deux, partit à tire d'ailes, croisa un groupe d'étourneaux, lequel repartit à son tour dans le ciel rejoindre une nuée qui se mit à danser une chorégraphie mystérieuse dont le sens lui échappait, mais dont la beauté captiva son attention pendant quelques instants.
La multitude dessinait d'onduleuses nappes noires, virant et virevoltant de manière hypnotique dans l'espace céleste du couchant. Sédah entendit leur cri tchrrrriiiiii tchrrrriiiiii se prolonger. Elle crut percevoir une longue phrase faite de sifflements divers alternant avec des syllabes plus mélodieuses. Puis des notes grinçantes et discordantes, des trilles, et des roulades ponctuant les phrases que la nuée chantait en cœur.
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Merci d'avoir lu !
À dimanche prochain !🪶Brune. 💜
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Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1
FantasyDepuis sa naissance, Sédah vit loin du monde. Des ombres terribles grandissent en elle, menaçant toute forme de vie qui entre à son contact. Elle ne ménage pourtant pas ses forces pour tenter de les contenir. Accompagnée de sa grand-mère Cérès, une...