Chapitre 74 - La disparition d'Aka - partie 3

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Ils regrettaient déjà la sécurité qu'ils avaient trouvé au cœur de la vallée des temples auprès des hiérophantes qui gardaient les mystères d'Eleusis. Même s'ils avaient eu leur dose d'aventures, ils s'y étaient sentis comme chez eux. Ils s'embarquaient maintenant sur un nouveau sentier qui leur réservait sans aucun doute son lot de dangers. Ils roulaient depuis un peu plus d'une heure. Osmane ne souffrait pas trop. Il était étendu sur la banquette arrière, la tête sur les genoux d'Aka et avait visiblement trouvé une position qui était supportable. Nunzio avait mis la radio. Aliénor se trouvait à l'avant du véhicule. Elle s'était dévouée pour occuper le siège passager. Comme le silence était un peu gênant, Nunzio avait mis la radio juste assez fort pour qu'ils entendent la musique à l'avant. Il faisait nuit et il se concentrait sur la route. Aliénor observait les bandes blanches défiler sur le côté droit de la route, méditant sur le sens des images qui lui avaient traversé l'esprit. Elle cherchait à comprendre si certaines corrélations avaient pu lui échapper. Ces visions étaient à chaque fois si fulgurantes qu'elle avait peur de ne pas en avoir perçu correctement le sens. Sédah et Maddy semblaient s'être assoupies, ce qui lui permettait d'être entièrement dévouée à sa réflexion. C'est alors qu'elle fut interrompue par un flash d'informations visant à prévenir les siciliens que l'Etna venait d'entrer subitement en irruption, menaçant de recouvrir une grosse partie de l'île de fumées et de cendres, et de contaminer l'air de microparticules. Avec Nunzio, ils se regardèrent, comprenant que, comme l'annonçait la prémonition d'Aliénor, la situation s'envenimait. Était-ce Hylas, Gaïa ou Hadès ? Ils ne le savaient point. Ils comprenaient juste que les dieux étaient en colère. Aliénor se retourna vers les autres et préféra les informer de la situation.

— Je suis désolée de vous réveiller. J'ai quelque chose à vous dire. Nous venons d'entendre une information importante à la radio. L'Etna est en éruption. Il y avait les témoignages de deux volcanologues qui avaient l'air très surpris parce qu'ils ne l'avaient pas du tout vu venir. Visiblement l'éruption n'était pas du tout prévisible. Ils disent également qu'il y a une forte activité sismique. Plusieurs personnes ont été blessées. Les pompiers et l'armée évacuent plusieurs zones menacées.

Sédah regarda Osmane et baissa les yeux. Elle était sûre que c'était Hylas. Il était en train de réveiller des forces qui menaçaient la vie de milliers de personnes. Il leur fallait vraiment quitter l'île au plus vite. La jeune déesse espérait que leur départ conduirait à l'apaisement du géant de la Sicile. Aliénor évoqua également une autre information. Une épidémie venant de Chine était en train de faire des centaines de morts dans le nord de l'Italie, suscitant une vive inquiétude parmi les experts de santé qui craignaient une saturation des services de santé. Ils se demandèrent alors s'il ne s'agissait pas d'un fléau lancé par les émissaires du roi des morts. Sédah eut l'intuition que la moisson des vivants avait bel et bien commencée. Elle se souvint d'une conversation entre sa grand-mère et Hespéré. Cérès se désespérait de voir les sècheresses gagner du terrain. Elle avait alors évoqué une prophétie qui avait fait frémir les deux femmes. Il s'agissait de la moisson du vivant qui débuterait au moment du grand déséquilibre entre les royaumes de la vie et de la mort. Elle ferma ses paupières et sentit des larmes enfler à leurs commissures. Était-elle la cause de ce grand déséquilibre ? Était-elle à l'origine de cette prophétie ? Son cœur se serra et elle sentit alors la chaleur d'une main qui venait de se déposer précautionneusement sur son épaule droite. Elle se tourna et vit Osmane grimacer. Il avait entendu ses pensées et tentait de la réconforter. Elle lui sourit tristement et se détourna vers la fenêtre, cherchant à perdre ses yeux dans la profondeur de la nuit.

Ils arrivèrent à Palerme vers quatre heures du matin. Tout le monde s'était endormi. Nunzio se gara dans un parking souterrain situé sous l'immeuble de sa sœur. La sœur de Nunzio habitait un grand appartement situé au troisième étage d'un immeuble datant des années cinquante qui n'avait visiblement pas été rénové, mais qui avait son charme avec ses murs de céramique et ses équipements démodés. Il n'y avait pas assez de lits pour tout le monde. Le lit le plus confortable fut naturellement attribué à Osmane. Sédah et Maddy avaient décidé de dormir à côté de lui sur un épais tapis situé dans la même pièce, même si Osmane s'était insurgé contre cette idée. Aka dormirait sur un canapé situé dans le salon et Aliénor avait convenu qu'elle dormirait dans la chambre d'enfant, même si le lit était un peu petit et étroit. Nunzio avait insisté pour dormir sur le tapis, mais Maddy et Sédah avaient été formelles, il était hors de question qu'elles dorment loin d'Osmane. Après avoir effectué un rituel de protection destiné à protéger leurs songes, Nunzio dormit dans la chambre de sa sœur, non sans une pointe de culpabilité à l'idée de laisser Sédah et Maddy dormir à même le sol. Ils s'éveillèrent en début de matinée, littéralement affamés.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant