Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 76 - La fuite - partie 3

Ils se déplaçaient en rasant les murs, évitant les zones de lumière. Sédah manqua de se faire écraser par une voiture, Osmane de glisser dans une bouche d'égout. Maddy évita de justesse l'attaque coordonnée de deux pigeons affamés. Et après une vingtaine de minutes à suivre Aka qui avait déjà effectué le trajet, ils arrivèrent devant l'immeuble de la sœur de Nunzio. Deux personnes étaient postées à l'entrée, et là encore, quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils reconnurent leur ancienne professeur Nicaea Lunare et Georgios Céryces ! Ce fut le coup de trop pour Sédah qui se sentit envahie par un profond sentiment de désespoir. Ils se cachèrent et attendirent, tapis dans un coin sombre. Quoi faire désormais ? Prendre le ferry pour dix-neuf heures n'était plus une option, leur cachette était dévoilée, et découvrir que tous ces visages connus les avaient trahis l'atteignait droit au cœur. Nicaea semblait s'impatienter. Elle faisait d'incessants allers retours, tandis que Georgios se tenait parfaitement immobile, scrutant avec attention les environs. Nicaea regarda son poignet auquel elle semblait s'adresser. Puis elle s'avança vers Georgios et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Ils entreprirent alors de quitter l'entrée avant de disparaître complètement. Les cinq amis n'osaient pas bouger une moustache.

— Que fait-on ? demanda Sédah.

— En tant que protectrice du pacte, je préconise d'attendre le retour de Nunzio et d'aviser ensuite. Nous ne pouvons pas prendre le risque de nous rematérialiser pour l'instant.

À ce moment-là, Nunzio apparut, essoufflé, regardant de tous côtés, tenant l'ensemble de leurs effets dans ses bras. Il engagea sa clé avec précipitation dans la serrure, et disparut. Peu de temps après, Hylas, Numa et Anna arrivèrent. Hylas tourna la tête à droite et à gauche, puis son corps devint charbonneux et il s'avança vers la porte à travers laquelle il passa sans prendre la peine de l'ouvrir. Les cinq amis étaient sidérés, mais étaient surtout très inquiets pour leur ami Nunzio. Quelques minutes plus tard, Hylas ressortit comme il était entré, l'air décontracté et ils quittèrent les lieux. Aliénor suggéra qu'ils se rendent au parking sans passer par la porte d'entrée. Ils trouvèrent une fissure qui leur permit d'accéder directement au souterrain. Ils réussirent à retrouver la voiture de Nunzio. Leurs affaires se trouvaient bien à l'endroit convenu. Ils reprirent leur apparence normale et s'empressèrent de se rhabiller. La voiture était ouverte et lorsqu'ils ouvrirent la portière côté passager, ils découvrirent un mot plié sur le siège du conducteur. Maddy le déplia et se mit à le lire :

Si vous découvrez ce mot, alors cela signifie que vous aurez besoin d'un plan b. Regardez dans la boîte à gant et vous trouverez un téléphone sous le mode d'emploi. Appelez l'unique contact qui s'y trouve une fois que vous aurez quitté le parking par la porte de secours située derrière l'escalier qui monte vers les étages. Soyez courageux. Nunzio.

PS : ne me cherchez pas, c'est trop risqué.

— Ne devrions-nous pas aller vérifier s'il va bien ? demanda Maddy, inquiète.

— Hors de question ! s'exclama Aliénor en chuchotant.

— Il s'est donné tout ce mal pour que l'on puisse s'en sortir. Partons sur le champ, ajouta-t-elle.

Et d'un mouvement de bras autoritaire, elle incita tout le monde à prendre la porte indiquée par Nunzio dans sa lettre. Tout le monde avait le cœur gros. Ils jetèrent leur sac sur leur dos. Ils joignirent leurs mains et Osmane se retransforma en rat, car il était bien trop fatigué pour continuer à marcher. Sédah l'installa dans la poche ventrale de son sweat. Aka reprit sa forme de chien. Quant aux autres, elles conservèrent leur apparence, rabattant simplement casquettes et capuches. Sédah enfila sa paire de mitaines de crainte que le contact de ses mains n'affaiblisse Osmane. Puis ils s'empressèrent de quitter les lieux. La sortie de secours donnait sur une petite cours sombre. Ils suivirent la recommandation de Nunzio, et Aliénor appela le numéro qui figurait dans la partie contact du téléphone. Une personne lui répondit. Et, après une série d'acquiescements, elle raccrocha.