Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1

Chapitre 33 - Accablement et humiliation - partie 2

Tous les élèves étaient réunis devant le réfectoire. Le professeur Thoth prit la parole d'un ton solennel :

— Cette nuit, le système de détection de l'établissement a signalé des intrusions. Nous sommes en train d'enquêter. Des empreintes ont été recueillies, et nous procéderons à quelques entretiens pour compléter notre investigation. Afin de garantir votre sécurité, nous renforçons certaines mesures : un couvre-feu à 21h30 sera instauré. Les élèves ne devront pas se trouver hors de leurs chambres après son déclenchement. Les conditions d'entrées et sorties seront davantage contrôlées pour les externes, qui devront être munis de leur badge. Nous comptons sur votre entière collaboration pour le bien de toutes et tous. Malgré les événements, nous vous souhaitons un bon petit déjeuner et un excellent début de semaine.

Pendant son discours, Sédah avait l'impression que le directeur ne cessait de la fixer. Une autre personne la regardait avec insistance : le professeur de pratique des songes et illusions, Astarté Sérapis, la femme aux cheveux de serpents qu'elle avait croisée aux bains. Georgios posa sa main sur son épaule, comme pour l'encourager. Avait-il raconté tout ce qui s'était passé dans la nuit ? L'avait-il trahie ? Elle sentait avec un pincement que l'aventure qu'ils avaient traversée tous les trois était loin d'être terminée.

Ils prirent leur petit déjeuner, et la journée se déroula sans incident. En fin de journée, elle fut convoquée par le professeur Thoth et escortée par Georgios jusqu'à son bureau. Lorsqu'elle entra, elle le découvrit accompagné des professeurs Astarté Sérapis, Nicaea Lunare, Cybèle Beaucerf et deux personnes que Sédah n'avait jamais vues. Le professeur Thoth était aussi hypocritement affable qu'à son habitude. Il invita la jeune élève à s'asseoir en face d'eux.

—  Nous avons des questions concernant l'incident de cette nuit.  Pour ne pas affoler les élèves, nous avons choisi de ne pas le  détailler. Nous avons détecté la présence d'une sombre créature,  peut-être une Moire, une furie ou une Kère, nous ne parvenons pas à  identifier précisément l'empreinte qu'elle a laissée derrière elle. Nous  savons qu'elle a voyagé dans le corps d'un petit animal, probablement  un rongeur. Nous ne comprenons pas ce qui a pu l'attirer dans l'enceinte de l'école, ni comment elle a réussi à tromper notre vigilance ni les nombreuses barrières de protection magiques. Nous  avons évidemment tout mis en œuvre pour barrer la route à toute autre  créature à qui prendrait l'envie de violer de nouveau l'enceinte de  l'école. Cybèle, tu as émis une autre hypothèse. Je te cède la parole. Après tout, tu es notre experte sur le sujet, termina-t-il mielleusement.

Avec son assurance habituelle, Cybèle Beaucerf prit la parole :

—  En effet, comme je l'ai affirmé suite à l'incident qui a engagé la santé de Pilar Mendoza, tout laisse à penser que mademoiselle  Mordoh a provoqué un presque-mort. Les créatures du royaume d'Hadès n'auraient jamais laissé des traces d'ombres aussi grossières derrière elles, Hénoch, fit-elle en regardant le professeur Thoth de travers, n'est-ce pas Astarté ?

Elle se tourna vers sa collègue qui confirma d'un petit geste de la tête.

— À ce titre, je vous repose de nouveau la même question Mordoh : qu'avez-vous fait pour provoquer une telle créature ? l'agressa-t-elle en la scrutant avec un air suspicieux.

Mais Beaucerf n'avait aucunement l'intention de laisser à Sédah le temps de se défendre. À peine cette dernière avait-elle commencé à balbutier un semblant de réponse que la professeure la coupa sèchement :

— Et ne cherchez pas à vous dédouaner une nouvelle fois ! Nous savons qu'il s'est passé quelque chose. Co-o-pé-rez ! la situation est grave. Votre secret a déjà causé deux victimes : Pilar, et maintenant Georgios Céryces qui est aussi votre tuteur, comme par hasard, glissa-t-elle malicieusement tout en soupirant, feignant de se parler à elle-même. Madame  Signor l'a examiné et il semblerait qu'il ait été marqué ! Prenez-vous bien la mesure du caractère préoccupant des circonstances qui vous entourent ?