Chapitre 37 - L'aide inespérée d'Osmane - partie 2

9 0 0
                                    


Osmane et Sédah étaient seuls dans le bureau de Beaucerf.

— Tu t'es mise dans de beaux draps la nouvelle. Et comme je t'en dois  une, je vais t'aider. Mais après, faudra plus que tu comptes sur moi.  On sera quittes.

— Je n'ai pas besoin de ton aide.

—  Malheureusement pour toi, tu n'as pas le choix. Et je déteste les  dettes, alors arrête ce petit jeu. On n'a pas beaucoup de temps. Dès que  Beaucerf revient, tu vas faire semblant d'avoir très mal à la tête. Je  vais proposer de t'amener à l'infirmerie. Si elle nous accompagne, tu  continueras la mascarade, quitte à faire semblant de tomber dans les  pommes. Normalement, elle devrait nous laisser. Nous en profiterons  ensuite pour retourner ensemble à ta chambre. Je proposerai de te  chaperonner comme le fait l'autre prétentieux. Je crois que tu n'y  verras pas d'inconvénient n'est-ce pas ? demanda-t-il avec un sourire  narquois. Ensuite, nous aviserons.

— Et si ça ne se passe pas comme prévu ? demanda-t-elle.

— Alors on improvisera. 

  La conversation était close. Il termina d'écrire les dernières lignes  de son devoir et Cybèle Beaucerf entra. Elle était visiblement  contrariée. 

— C'est fini Aleazim ? 

— C'est terminé. 

Elle adressa un regard interrogateur à Sédah, qui était penchée sur le livre en se tenant le front avec ses deux mains. 

  — Qu'y a-t-il Mordoh ? Vous n'allez tout de même pas me faire le coup  du mal à la tête ? Vous plaisantez j'espère ! déclara-t-elle avec mépris.

  Afin de donner plus de crédit à sa comédie, elle se concentra sur le  sang qui affluait dans sa tête. Elle s'imagina alors saignant du nez, y  mettant toute son intention. Une goutte s'écrasa dans la seconde sur le  livre du professeur, entachant au passage le paragraphe le plus  important du chapitre. Elle prendrait probablement cela pour un signe,  mais tant pis. Au moins elle ne pourrait plus dire qu'elle était en  train de faire des simagrées. Le professeur Beaucerf bondit sur elle,  lui proposa un mouchoir en tissu qu'elle sortit d'une boîte. Du bout  des doigts, et avec un air de dégoût à peine masqué, elle épongea le  sang qui venait de maculer la page du livre ainsi que la table et le  plancher. Alors que Beaucerf semblait en proie à l'hésitation, ne  sachant comment réagir face à ce nez qui n'en finissait pas de  s'épancher, Osmane prit les choses en main. Après un soupir  volontairement exagéré, et du bout des lèvres, il proposa de conduire  Sédah à l'infirmerie. Ça avait l'air de représenter une telle corvée  pour lui que même Sédah en fut convaincue et presque vexée.

— C'est une bonne idée. Accompagnez-la. Nous reprendrons notre discussion demain Mordoh, déclara-t-elle contrariée. 

  Le nez de Sédah continuait de goutter avec une telle intensité que le  mouchoir ne retint bientôt plus le sang qui continuait d'affluer. Elle  salissait les meubles, le plancher et tout ce qui se trouvait sur son  passage. Le professeur les poussa rapidement dehors avec un air écœuré,  puis elle referma la porte. 

— Pas mal la nouvelle ! Tu m'as impressionné. Mais tu peux arrêter ça maintenant, lui dit-il sur un ton un tantinet moqueur.

— Mais c'est que je n'y arrive pas, lui dit-elle en paniquant un peu. 

  — Regarde-moi la nouvelle. Maintenant tu te calmes, tu respires, tu  défais ce que tu as construit. C'est le même processus, mais en marche  arrière.

C'est ce qu'elle fit et les gouttes de sang s'arrêtèrent de couler. 

— Bien. On descend maintenant. Continue d'avoir l'air d'avoir mal à la tête.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant