Chapitre 8 - Vers de nouveaux horizons - transition

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Alors que le chauffeur démarrait, Sédah leva la tête et observa par la fenêtre, s'attendant à voir le cimetière d'arbres roussis. Mais en lieu et place, de jeunes pousses vertes se dressaient déjà vers le ciel, assoiffées de lumière.

Elle sentit alors l'espoir renaître. En voyant l'émerveillement se peindre sur le visage de sa petite fille, Cérès précisa : 

Je n'ai pas le don de ranimer les morts. Je peux seulement donner la vie. C'est vrai que c'est extraordinaire et très gratifiant !

Mais c'est aussi une énorme limite ! Si un sol est stérile, mon pouvoir l'est aussi.

Et vois-tu, lorsque je te disais que la vie a besoin de la mort, tu en as ici la preuve : les arbres morts ont permis à des graines en dormance de trouver la voie de la lumière.

Tout est question d'équilibre. 

Sédah ne répondit rien. Brune avait failli mourir sous le coup de sa colère. Elle la caressa alors doucement, comme pour s'assurer que la petite bête était bien vivante. Mais, alors même qu'elle éprouvait du remord pour ce qui venait d'arriver, une autre impression particulièrement troublante, avait ressurgit en elle : elle avait désiré anéantir et avait été grisée par la puissance de destruction qui était montée en elle.

L'absence de retenue qui s'était saisie d'elle la questionnait beaucoup. Elle eut une soudaine pensée pour ce père destructeur Hadès et se prit à s'y voir comme en miroir.

Se pouvait-il qu'elle n'ait hérité que de lui ?

Se pouvait-il que sa mère et sa grand-mère se trompent et qu'elle ne soit qu'un vecteur de destruction et de mort ?

Elle aurait aimé s'autoriser à partager ses craintes avec sa grand-mère, mais elle n'osa pas, de peur de s'exposer à son jugement. 

Le chauffeur ne tarda pas à rejoindre la route principale. Sédah était calme et étrangement, elle se sentait prête, non sans regret, à laisser Hylas à sa propre destinée. Par égard pour lui, elle se décida également à ne plus en reparler avec sa grand-mère. Elle garderait la découverte du contenu de la boîte secret.

Elle devait au moins  cette discrétion à Irina qui lui avait fait l'honneur de lui faire confiance. Ils reprirent donc la route. 

Nous arriverons d'ici quelques heures à Athènes, prend du repos. 

Cérès plongea dans un état méditatif profond. Sédah ne parvenait pas à s'assoupir, ni à se détendre. Si elle avait retrouvé son calme, il n'était qu'apparent. Sous la surface, couvaient des émotions troublées et inquiètes.

Comment pouvait-il en être autrement ?

En quelques jours, la vie de Sédah était bouleversée à tout jamais, et sa quiétude passée lui apparaissait désormais comme un Éden perdu. Alors qu'ils roulaient déjà depuis une bonne heure, Sédah s'étonnait de ne pas voir le ciel s'assombrir ou des éclairs le zébrer brutalement.

Tout semblait on ne peut plus normal. La jeune fille regardait défiler le paysage passivement. Le temps était d'un bleu clair et limpide. En observant le ciel, elle aperçut un vol de grues cendrées. Les oiseaux volaient en formation serrée, dessinant un V parfait dans le ciel.

Puis ils disparurent derrière une chaîne d'arbres, avant de réapparaître. Légèrement inquiète, elle cherchait d'une fenêtre à l'autre, s'imaginant qu'il s'agissait peut-être d'un prémisse d'attaque. Sa grand-mère, apercevant la nervosité de sa petite fille, lui déclara : 

Ce sont des amies Sédah. Elles veillent sur notre trajet.

Je leur ai demandé de nous accompagner. Je crois que nous ne craignons plus rien. Je n'ai rien aperçu de troublant depuis notre arrêt de tout à l'heure.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant