Chapitre 54 - Drôles de métamorphoses - partie 2

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Ils aperçurent rapidement un escalier qui montait. Ils s'y engagèrent et atterrirent dans un vaste espace intérieur par une porte en arc de cercle aux ouvrants vitrés. Le dormant était surmonté d'une horloge ancienne. Le tour de cadran était composé d'éléments végétaux soulignant un aigle aux ailes déployées empoignant un caducée doré. La cage d'escaliers s'élevait en un monolithe rectangulaire courant sur deux étages. Elle ouvrait sur un gigantesque puits de jour d'où ruisselait la lumière de la lune. De splendides coursives à balcons rythmaient chacun des deux étages et chaque porte était surmontée de fenêtres en œils-de-bœuf soulignées par de sobres embrasures circulaires. La symétrie qui régnait dans la composition architecturale de cet immense hall lui donnait une majesté empreinte de classicisme. Ils remarquèrent la statue d'Hermès en marbre noir qui trônait avantageusement en plein cœur de l'espace, son index droit pointé haut vers le ciel, tandis qu'il soutenait le caducée dans sa main droite. Ils ne s'attardèrent pas à explorer davantage ce lieu, voyant dans la présence du messager des dieux un avertissement. Ils se mirent alors à chercher des indices pour identifier l'endroit où ils pouvaient bien se trouver. C'est Maddy qui le découvrit en premier en remarquant les papiers à en-têtes disposés sur un comptoir d'accueil dont le mauvais design dénotait avec la noblesse de l'architecture environnante. Ils se trouvaient dans le hall de la chambre du commerce et de l'industrie. Le lieu était heureusement vide et silencieux.

Étant donné que leur signalement avait peut-être été transmis aux autorités, qu'ils étaient sales, et qu'il était tard, ils tentèrent de trouver une porte de sortie plus discrète que l'entrée principale. Alors qu'ils testaient successivement l'ouverture des différentes portes et fenêtres, de puissants faisceaux lumineux se braquèrent sur eux, les éblouissant. Maddy ne put retenir un cri de surprise. À cet instant, ils crurent qu'ils étaient découverts. Telles des souris prises au piège, leurs cœur battaient à l'unisson. Deux silhouettes s'avançaient vers eux. Sédah ne tarda pas à reconnaître sa grand-mère. À son grand étonnement, elle était accompagnée d'Aliénor.

— Grand-mère ! s'exclama Sédah en explosant de joie.

Elle était tellement soulagée de la voir, que contrairement à d'habitude, elle ne ménagea pas son enthousiasme et lui sauta dans les bras.

— Comment as-tu fait pour nous retrouver ?

— Le pierre de soleil ! lui sourit-elle. C'est moi qui l'aie confiée à Nicæa. Elle m'a permis de vous suivre à la trace. Quelle imprudence Sédah ! Mais en même temps, quel jugement ! Heureusement que vous n'êtes pas allés à l'endroit indiqué par Nicæa. Elle s'est faite prendre et ils ont réussi à lui extorquer le lieu où vous vous rendiez. Ne perdons pas une minute. La ville est surveillée. Il nous faut immédiatement quitter Malte. Elle jeta alors un sort d'illusion sur toute la bande. À part Brune, ils se transformèrent une bande de chats de gouttière. Ils miaulèrent et se reniflèrent instinctivement les uns les autres avant de se frotter.

— Allez ! Venez ! Nous ne devons surtout pas traîner ici ! miaula Cérès.

Suivie des cinq chats et de la belette, Cérès s'engagea dans la cage d'escalier et ils montèrent jusqu'au second étage. Ils passèrent par une fenêtre œil-de-bœuf laissée ouverte et sautèrent sur le toit du bâtiment. Ils coururent à toutes pattes bondissant d'un toit à un autre jusqu'à ce qu'ils rejoignent les quais du côté du grand Harbour qu'ils longèrent jusqu'à l'extension sud-ouest. Ils y découvrirent de vieux entrepôts en pierres de globigérine noircies qui s'étendaient sans discontinuer sur toute une longueur de rue. Chacun des entrepôts était rythmé par de larges portes en anse de panier aux battants en bois renforcées par des barres métalliques rouillées à force d'être exposées aux embruns. Les bâtiments étaient situés en front de mer. L'une des portes était entrouverte. Ils y entrèrent et une fois à l'intérieur, Cérès leva l'illusion. Ils reprirent tous forme humaine. Ils examinèrent les membres de leur corps, émerveillés par cette expérience extraordinaire. Cérès venait de refermer la porte et d'allumer une vieille ampoule qui répandait sa lumière jaunâtre. C'est ainsi qu'ils découvrirent l'intérieur d'un atelier de réparation pour bateaux. Un mélange d'odeurs de poussière, de colle et de verni, régnait dans l'espace. Au cœur de l'atelier un vieux bateau était disposé en hauteur faisant sans doute l'objet de quelques réparations. Il y avait une vielle banquette située dans un coin sur laquelle reposait un bleu de travail tâché de cambouis et de peinture.

Sédah - La fille cachée d'Hadès - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant