Chapitre 1.

106 8 24
                                    

L'eau coulait toujours aussi pure et limpide entre les doigts fins de la guérisseuse pour finalement asperger la plaie du blessé qui se referma aussitôt.

La femme se releva alors en rejetant sa longue tresse blanche derrière ses épaules.

Philesta qui observait sa mère depuis le début se leva à son tour et la suivit en silence jusqu'à leur maison située au milieu de l'immense ville afin d'être plus facilement accessible pour les malades.

La jeune femme contempla les murs blancs de la pièce principale dans laquelle sa mère soignait généralement ses patients.

Elle aussi deviendra guérisseuse comme sa mère l'était avant elle et sa grand-mère avant. Dans sa famille on n'était pas guérisseuse par choix on le devenait tout simplement le jour de ses vingt et un ans, et ce même jour l'ancienne guérisseuse perdait son don.

Philesta regarda sa mère ranger ses affaires soigneusement dans le petit meuble prévu à cet effet. Elle ne savait pas si elle arriverait à être à sa hauteur.

La guérisseuse se retourna brusquement et demanda à sa fille :

— Tu es prête pour demain?

La jeune femme sursauta. Demain était le jour de son anniversaire de vingt et un ans.

Elle bredouilla :

— Je crois, oui.

Sa mère se retourna et sourit avec douceur à sa fille avant de lui dire :

— Viens, assied-toi sur ce tabouret.

Philesta s'assit sur le tabouret face au miroir sur lequel elle s'asseyait depuis toute petite pour que sa mère puisse lui brosser les cheveux.

Cette fois-ci la guérisseuse emplit ses mains d'eau et mouilla légèrement la brosse avant de dire :

— Cela va te détendre, ma mère m'a fait ce traitement également la veille du grand jour. Cette après-midi, pense à autre chose, vide toi l'esprit et va t'amuser hors de la maison.

Patiemment, la guérisseuse brossa les longs cheveux blond clair, presque blanc de sa fille avant de les natter dans une tresse serrée.

Elle la regarda un instant avec fierté à travers le reflet du miroir. Philesta était belle, elle avait une peau très pâle, des yeux en amandes bleu clair avec de longs cils, un nez fin et très légèrement retroussé, des lèvres rosées et de beaux cheveux presque blanc.

Philesta qui s'étonnait de l'immobilité de sa mère croisa son regard à travers le miroir et celle-ci lui sourit en disant :

— J'ai fini, vas-y mais ne rentre pas trop tard, il ne faut pas que tu sois fatiguée demain.

La jeune femme acquiesça et partit d'un pas léger.

Avant de franchir le pas de la porte elle s'arrêta pour ne pas trébucher sur un objet qui jonchait le sol, sa mère le vit et l'attrapa vivement avant de le ranger dans une poche de son tablier.

Philesta eut juste le temps de voir les initiales de son père gravé dessus : A.K, pour Angelin Katharos.

La jeune femme sortit de chez elle, fit quelques pas et lorsqu'elle vit que la porte de sa maison était fermée elle s'arrêta.

Elle se trouvait au milieu de la ville et de nombreuses personnes courraient de partout autour d'elle s'affairant à diverses tâches pour faire vivre tout le monde.

Quelque fois on s'arrêtait pour la saluer car tout le monde la connaissait, elle était pour tous ces gens « la prochaine guérisseuse ».

Philesta sourit d'un air absent aux gens qui la saluait et regarda au loin, derrière tous les remparts immenses qui les séparait du monde extérieur, à de nombreux kilomètres de là, son père avait donné sa vie avec des milliers d'hommes pour le peuple des Katharos en se battant contre le peuple des Gratsans.

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant