Chapitre 22.

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Elyrian désigna un véhicule immobile devant eux et dit en souriant :

— Nous sommes arrivés. C'est un camping-car.

Philesta fronça les sourcils et demanda :

— Nous allons dormir... dedans ?

Le jeune homme s'approcha du véhicule et dit en montrant deux petites tentes derrière le camping-car :

— Non, il n'y a pas assez de place. Nous dormirons plutôt ici.

Au même moment un homme d'âge mur sortit du camping-car et serra vigoureusement la main d'Elyrian en s'exclamant :

— Ca faisait longtemps ! Bienvenu, il sourit à Philesta, à vous aussi. Entrez, le repas n'attend que vous !

Les deux jeunes gens entrèrent dans le véhicule et s'assirent aussitôt à la petite table.

La jeune femme regarda Elyrian converser joyeusement avec l'homme en silence.

Le jeune homme lui avait manqué, tellement que maintenant qu'il était là elle sentait un poids disparaître de son cœur.

Une grande lassitude s'empara de tout son corps et tous ses muscles se relâchèrent. Ce fut tellement brusque qu'elle perdit l'équilibre et Elyrian du la retenir d'une main pour qu'elle ne tombe pas de sa chaise.

La jeune femme se redressa immédiatement et le jeune homme se leva en disant à leur hôte :

— Je pense que nous allons nous coucher, nous sommes fatigués par la route.

L'homme acquiesça en répondant :

— Oui bien sûr, passez une bonne nuit !

Les deux jeunes gens sortirent du camping-car et Elyrian sourit et dit tout en s'approchant d'une des deux tentes :

— Bonne nuit !

Philesta se sentit tout à coup oppressée et elle attrapa la manche du jeune homme en prenant soin de ne pas toucher son bras et lui demanda en plongeant son regard dans le sien :

— Est-ce que... tu peux rester avec moi ? J'ai vraiment besoin de parler...

Elyrian baissa son regard vers la main de la jeune femme agrippée sur sa manche mais ne la repoussa pas, il répondit finalement :

— D'accord, juste un peu alors.

La jeune femme sourit de soulagement et le lâcha pour aller chercher deux chaises pliantes près du véhicule qu'elle plaça au centre de leur deux tentes puis elle s'assit sur l'une des deux, imité aussitôt par Elyrian.

Elle inspira fortement et dit en regardant les étoiles scintillantes dans le ciel d'ébène:

— C'est magnifique, cela au moins l'Illusion ne peut pas encore le contrôler...

Elyrian sourit et leva la tête en répondant :

— N'en soit pas si sûr, il y a des satellites là-haut et qui sait s'il n'y en pas quelques-uns qui sont reliés à sa base de données.

Devant le silence de Philesta, le jeune homme tourna la tête et vit que des larmes roulaient sur ses joues. Il se racla la gorge et regarda de nouveau le ciel ne sachant pas trop comment réagir.

La jeune femme dit finalement des sanglots dans la voix :

— Elle m'a tout prit, je ne supporte pas l'idée qu'une IA puisse avoir autant de pouvoir. Je n'ai plus de famille, mes amis proches sont morts, elle m'a pris mes souvenirs et cette illusion horrible... pourquoi ai-je subi cela ?

Elyrian tourna ses yeux bleus vers Philesta et répondit doucement :

— Tu avais posé ta tête sur le mur des songes...

La jeune femme regarda de ses yeux emplit de larmes le jeune homme et ajouta :

— Elle a tué tellement de gens importants pour moi et inutilement en plus. J'avais sans doute dix-sept ans, étant donné que mes souvenirs ont été modifiés, quand mon père est mort en combattant les Gratsans qui devaient sans doute être simplement de pauvres gens de Marienva... j'ai eu tellement de mal à accepter sa mort et de continuer à grandir sans lui mais je me disais que c'était un héros qui était mort pour son peuple et cela m'a aidé un peu à l'accepter... sauf qu'en réalité... mon papa... est mort...inutilement...

Elyrian déglutit et passa sa main dans ses cheveux mal à l'aise.

Philesta baissa la tête pour cacher ses larmes qui coulaient maintenant abondamment sur ses joues.

Soudain une main se posa sur la sienne. Elle leva la tête et vit Elyrian regarder le ciel avec un regard qu'elle ne lui avait jamais vu, un mélange de nostalgie et de tristesse. Il dit finalement dans un souffle :

— Moi aussi...j'ai perdu mon père... à cause d'elle...

Ses paroles eurent l'effet d'arrêter immédiatement le flot de larme de la jeune femme. Elyrian venait pour la première fois de s'ouvrir à elle.

Elle se racla la gorge. Elle n'était pas la seule à souffrir, il avait du lui aussi perdre beaucoup de personne auxquelles il tenait, dont son père comme elle, il ne fallait pas qu'elle oublie qu'il faisait également partit de « l'expérience » et que ses souvenirs lui avait aussi été volés.

Philesta se redressa et dit en regardant le ciel :

— Nous avons tous souffert à cause d'elle...

Un silence s'installa. La jeune femme se tourna vers le jeune homme et dit soudain naturellement pour changer de sujet :

— Pourquoi tu as dit que Konstan était jaloux de toi ?

Elyrian se tourna vers elle. Philesta se racla la gorge. Sa question était stupide et mal venue.

Le jeune homme répondit finalement en souriant légèrement :

— Eh bien j'ai cru comprendre que vous deviez vous marier, j'imagine que de te voir avec un autre homme a dû l'énerver.

Philesta acquiesça lentement et ajouta en levant de nouveau les yeux vers les étoiles :

— Est-ce que... notre mariage est valable ici, dans le « monde moderne » ?

Elyrian la fixa et répondit :

— Je ne sais pas...

La jeune femme le regarda. Ses yeux bleu brillaient dans l'obscurité et ses cheveux d'ébènes étaient ébouriffés par la brise de la nuit comme le jour où ils s'étaient amusés dans le parc d'attraction.

Il rompit soudain le contact visuel et se leva retirant sa main posée sur celle de la jeune femme. Il rangea ses mains dans ses poches et dit en souriant légèrement :

— Il se fait tard, je pense qu'il est temps qu'on aille se coucher.

Philesta cligna des yeux comme pour se réveiller et se leva brusquement en répondant :

— Ah... oui, bonne nuit.

La jeune femme regarda Elyrian s'éloigner puis entrer dans sa tente en silence. Elle sentait distinctement son cœur cogner dans sa poitrine.

Elle se racla la gorge.

Elle tourna les talons et entra à son tour dans sa tente.

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