Chapitre 50.

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Philesta s'appuya sur la paroi de la montagne qu'ils longeaient depuis le matin étourdie par la fatigue et la faim.

Elle demanda soudain à Elyrian :

— Est-ce qu'on arrivera avant la nuit ?

Le jeune homme s'épongea le front et répondit aussitôt :

— Nous sommes bientôt arrivés.

Quelques minutes plus tard les deux jeunes arrivèrent enfin de l'autre côté de l'Ercona tandis que le soleil se couchait teintant le ciel d'orange.

Philesta se laissa tomber sur le sable humide en enlevant ses chaussures pour libérer ses pieds meurtris par la marche et regarda la mer avancer vers eux puis reculer avec fascination.

Elyrian s'assit à côté d'elle et dit en défaisant ses chaussures également :

— Je ne pensais pas que contourner la montagne serait aussi long... et nous n'avons pas mangé depuis pas mal de temps maintenant, tu dois avoir faim.

Le jeune homme se leva et alla chercher un long bâton qu'il aiguisa avec un couteau avant de dire :

— Je vais tenter d'attraper des poissons, en attendant essaye de faire un feu pour les cuire.

Philesta le regarda frapper la mer de son bâton. Le soleil se reflétait dans l'eau derrière lui créant un chemin doré. L'image était... magique.

Il se redressa et rangea ses cheveux en arrière. La jeune femme ne pu retenir un frisson.

Ce mouvement... l'homme dans ses visions...

Elle secoua la tête. Elle ne voulait pas penser à tout ça. Elle ne savait pas comment réagirait Elyrian s'il apprenait que son père était encore en vie et... si elle s'était trompée ? Elle ne voulait pas prendre le risque de le blesser avant d'être sûre mais... avait-elle vraiment le droit de lui cacher cela ?

Philesta se leva et alla ramasser des brindilles qu'elle fit flamber avec le briquet que lui avait laissé Elyrian puis elle ajouta des petits bâtons plus épais qu'elle plaça en forme de Tipi et les flammes montèrent plus haut. Elle alla chercher des bâtons encore plus épais et les ajouta jusqu'à que le feu devienne conséquent puis elle s'assit à côté.

Le jeune homme revint avec trois poissons et se laissa tomber au sol trempé.

Il sourit à la vue du feu et s'en approcha en frissonnant. Philesta prit les poissons et les planta dans des bâtons avant de les placer sur le feu.

Elle regarda Elyrian. Les flammes brillaient dans ses yeux. Il leva soudain la tête et demanda en souriant :

— Pourquoi tu me fixe aussi intensément ?

La jeune femme baissa aussitôt le regard en se raclant la gorge. Elle lui tendit brusquement un poisson grillé et répondit :

— Tiens mange, toi aussi tu dois avoir faim.

Le jeune homme attrapa le poisson qu'elle lui tendait et Philesta sursauta au contact de sa main glacée.

Elle dit aussitôt :

— Tu dois avoir très froid, attend, elle enleva son sweet, tiens met le.

Elyrian secoua la tête et répondit :

— Mais non le feu me réchauffe ne t'inquiète pas, garde le.

Philesta se redressa et lui mit son sweet dans les bras en rétorquant :

— Met-le sinon tu vas tomber malade !

Le jeune homme répliqua :

— Mais il n'est pas à ma taille, garde le, la température va tomber cette nuit et tu vas finir par avoir froid.

La jeune femme le regarda droit dans les yeux et répondit :

— Met-le c'est un ordre.

Puis elle se tourna sans lui laisser le temps de répondre et croqua dans son poisson.

Elyrian se mit à rire et soupira en disant :

— Bon, d'accord...

Il regarda la jeune femme qui mangeait son poisson en fixant la mer face à elle, en souriant. Il s'approcha d'elle jusqu'à que leur épaules se touchent puis il murmura :

— Je t'aime...

Philesta sursauta et avala de travers. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il dise ça comme ça...

Elle se tourna vers lui. Il la regardait intensément. Elle se racla la gorge et dit en détournant le regard :

— Tu m'as surprise...

Il attrapa sa main et la serra dans la sienne puis il tourna la tête vers la mer face à eux en disant :

— J'espère... que tout se finira bien...

La jeune femme le regarda. Elle l'espérait elle aussi, de tout son cœur. Elle murmura :

— Elyrian... promet moi quelque chose.

Le jeune homme tourna la tête vers elle et demanda :

— Quoi ?

Philesta plongea son regard dans le sien et répondit :

— Promet moi que tu resteras sur l'île de Taribati pendant que je partirai avec le professeur, c'est le seul moyen... pour être sûr que rien ne t'arrive.

Elyrian la regarda quelques instants puis répondit finalement :

— Je ne peux pas. Je ne pourrai pas te laisser seule face à l'Illusion. Ne t'inquiète pas je sais me défendre, et maintenant l'IA... n'a plus de moyen de pression pour me faire marcher, et quand bien même elle en aurait encore un, je ne la suivrai pas et je la combattrai.

La jeune femme soupira et dit :

— Je sais que tu es fort, tu étais un des meilleurs soldats Gratsans, ce n'est pas ça qui m'inquiète, c'est plutôt le futur... j'ai peur que d'une façon ou d'une autre ce qui devait se produire se produise et que tu meure comme dans le passé de la Philesta du futur. Je ne m'en remettrai pas... tu sais... je t'aime plus que ma vie...

Le jeune homme la regarda ému. Il l'attira à lui et la serra dans ses bras en disant:

— Je te promet... que je survivrai.

Philesta se dégagea doucement après quelques instants de ses bras en disant:

— Tu as intérêt à tenir ta promesse.

Elyrian rangea les cheveux presque blanc de la jeune femme derrière ses oreilles et murmura tout près de son visage :

— Je n'ai qu'une parole.

Philesta vit les yeux bleu clair du jeune homme qui la fixaient. Ils étaient de la couleur de la mer qui s'agitait de plus en plus fort à côté d'eux. La marée commençait à monter et les vagues comme les battements de son cœur augmentaient progressivement.

Elle approcha doucement son visage du sien et ses lèvres rencontrèrent les siennes dans un doux baiser. Son cœur battait la chamade. Elle ferma les yeux savourant la chaleur et la douceur de ses lèvres contre les siennes. Ce n'était qu'un effleurement léger comme un souffle mais il portait en lui tout l'amour qu'elle ressentait.

Le moment dura à peine une seconde mais il lui sembla s'étirer à l'infini. Puis, réalisant ce qu'elle venait de faire, elle s'écarta brusquement. Ses joues s'empourprèrent et elle détourna le regard gênée.

Elyrian d'abord surpris se ressaisit et un sourire éclaira son visage. Il posa sa main sur sa joue doucement. Elle tourna son regard vers lui au contact de sa main. Il se pencha et l'embrassa avec tendresse en réponse à son baiser.

Puis il se détacha lentement, leurs regards se retrouvèrent et ils virent dans leurs yeux le même éclat de bonheur.

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