Illusion

Chapitre 44.

Philesta se leva lentement et attrapa l'insigne. Elle le tourna dans tous les sens avec émotion.

Elle avait retrouvé la mémoire, enfin... et ce grâce à ce petit insigne.

La jeune femme se rappelait de son père lui disant que si elle venait à se retrouver seule cet insigne serait alors son bien le plus précieux car il lui permettrait de ne plus jamais être seule, cependant elle devait le garder secret. Elle s'était alors efforcée de le garder en mémoire à tout prix et grâce à cette effort elle avait aujourd'hui retrouvé tous ses souvenirs.

Elle le frôla du bout des doigts. Elle ne savait cependant pas à quoi il correspondait et ne savait pas ce que signifiaient les mots de son père et cela l'intriguait.

Lorsque son père faisait allusion au fait qu'elle pourrait un jour se retrouver seule, pressentait-il à ce moment-là qu'ils mourraient lui et sa femme ? Comment pouvait-il s'en douter ?

Elyrian se racla la gorge et dit soudain :

— Il ne faut pas trainer ici, l'Illusion ne va malheureusement pas tarder à nous repérer malgré nos subterfuges.

Philesta leva la tête et répondit aussitôt :

— Tu as raison, allons-y nous n'avons plus rien à faire ici de toute façon.

Elle déposa à regret l'insigne dans le tiroir du bureau de son père et suivit le jeune homme hors de la pièce.

La jeune femme fit quelques pas puis s'arrêta finalement et fit demi-tour, elle récupéra l'insigne et dit à Elyrian :

— Je... je veux savoir ce qu'il signifie. Je ne partirai pas de la ville sans avoir de réponses. Tu n'es pas obligé de me suivre si tu considère que c'est trop risqué, je ne t'en voudrai pas.

Le jeune homme regarda Philesta pendant quelques secondes puis soupira en répondant :

— Ce n'est pas pour moi que j'ai peur mais pour toi, si tu reste je reste, je ne te laisserai certainement pas seule, et s'il doit nous arriver quelque chose... je te défendrai jusqu'au bout.

La jeune femme se racla la gorge pour reprendre contenance et souffla :

— Merci.

Puis les deux jeunes gens sortirent de la maison de Philesta rapidement.

Elyrian rangea la clé à sa place et dit :

— Il va falloir qu'on se cache pour de vrai cette fois, nous ne pourrons plus aller où bon nous semble comme avant, nous devrons impérativement éviter les caméras et les drones et nous mêler dans la foule pour ne pas être reconnu.

Philesta acquiesça et rabattit la capuche de son sweet sur ses cheveux désormais courts en disant :

— Je pense qu'on trouvera la signification de cet insigne rapidement, en fait j'en suis certaine car mon père ne m'a pas donné plus d'indications lorsque j'avais sept ans ce qui signifie que le simple fait de posséder cet insigne est la clé pour découvrir ce que j'ai à découvrir et qu'il faut juste chercher un peu.

Le jeune homme sourit légèrement en demandant :

— Chercher quoi exactement et où ?

La jeune femme répondit :

— Allons au centre-ville, là où il y a le plus d'animation, là où il est plus facile de se fondre dans la foule et cherchons cet insigne, j'ai comme un pressentiment... en fait non je crois que c'est un souvenir...

Elyrian fronça les sourcils et la poussa à continuer :

— C'est-à-dire ?

Philesta pressa le pas et répondit :

— Je crois me rappeler de mon père m'emmenant dans une ruelle pour une raison floue et sur le mur à sa gauche des rivières entremêlées bleu, rouge et blanche étaient dessinée à la peinture. C'est cette ruelle que nous devons trouver.

Les deux jeunes gens accélèrent et arrivèrent quelques minutes plus tard dans la ville.

La jeune femme pressa l'insigne dans ses mains et se mêla à une foule juste devant eux suivie d'Elyrian.

Philesta marcha au rythme de leurs pas tout en regardant les ruelles à sa droite et à sa gauche fébrilement.

Soudain, son cœur manqua un battement.

Elle l'avait trouvée. Elle était en tout point similaire aux dizaines de ruelles devant lesquelles elle était passée mais elle la reconnaissait, elle savait que c'était la ruelle de ses souvenirs.

La jeune femme attrapa le bras d'Elyrian et ils s'engouffrèrent dedans.

La foule s'éloigna peu à peu et le silence se fit.

Philesta reprit son souffle et regarda le pan de mur devant elle, derrière elle, au loin mais rien.

Ses doigts tremblèrent sur l'insigne. Elle souffla :

— Elle n'est plus là... la peinture.

Elyrian regarda autour de lui et répondit simplement :

— Ce n'est pas la bonne ruelle.

La jeune femme secoua la tête et rétorqua :

— Non c'est celle-là j'en suis sûr. J'aurai du m'en douter, cela fait quatorze ans, elle a dut s'effacer...

Elyrian qui s'était adossé au mur se redressa en soupirant et tourna la tête pour secouer la poussière de son dos. Il sourit soudain et se retourna brusquement en disant :

— Elle n'est pas complètement effacée...

Il passa sa main sur le pan de mur face à lui laissant apparaitre trois rivières entremêlées blanche, rouge et bleu.

Philesta plaqua ses mains sur sa bouche pour contenir son émotion. Elle sortit l'insigne de sa poche et le plaça à côté de la peinture. L'image était identique.

Son regard glissa du haut des rivières vers le point qu'elles rejoignaient toutes à la fin. Il était rond et creux.

Le cœur de la jeune femme se mit à battre la chamade. Elle glissa l'insigne qu'elle tenait sur le mur vers le creux et il s'emboîta parfaitement.

Elle lança un regard à Elyrian bouche bée puis elle enfonça l'insigne mettant alors en branle tout un mécanisme.

Elle sursauta et recula.

Le mur s'ouvrit lentement devant eux.