Illusion

Chapitre 14.

Philesta les mains collées à la vitre du taxi regardait avec émerveillement le paysage défiler à toute vitesse devant ses yeux.

Elle se tourna vers Elyrian qui avait lui, les yeux rivés sur son téléphone et elle lui demanda :

— Comment cela peut-il aller aussi vite ?

Le jeune homme répondit sans lever le regard de son écran lumineux :

— Grâce à la technologie... c'est trop compliqué à expliquer.

La jeune femme le fixa quelques instants. Il était comme à son habitude paisible et sûr de lui. Ses sourcils sombres étaient légèrement froncés signe de sa concentration, ses yeux en amandes bleu faisaient un vas et viens de gauche à droite comme s'il lisait quelque chose et son nez fin était légèrement retroussé par un imperceptible sourire étirant insensiblement ses lèvres pulpeuses.

Il se tourna brusquement vers Philesta ce qui la fit sursauter et dit :

— Nous allons nous arrêter pour manger, il tourna la tête vers le conducteur, arrêtez vous près d'un fast food s'il vous plait.

Le taxi se gara quelques minutes plus tard.

Elyrian paya puis sortit du véhicule suivit de près par Philesta.

Ils entrèrent dans le fameux fast food et commandèrent des sandwichs puis ils s'installèrent à une table.

Le jeune homme mangea son sandwich consciencieusement sans lancer un regard à la jeune femme.

Philesta, elle, au contraire le fixait tout en mangeant, elle demanda finalement :

— Pourquoi est-ce que je ne dois parler à personne à Marienva ?

Elyrian répondit simplement :

— Parce que.

La jeune femme soupira et dit :

— Regarde-moi dans les yeux.

Le jeune homme leva les yeux en demandant :

— Pourquoi ?

Philesta répondit en le regardant enfin dans les yeux :

— Parce que.

Elyrian sourit imperceptiblement mais reprit très vite son expression habituelle et se leva brusquement en disant :

— Tu as fini ? Je vais payer.

Mais Philesta ne le regarda pas partir, son sandwich avait glissé de ses mains et rebondissait mollement sur le sol.

Au loin, un homme avec des cheveux châtains bouclé et des yeux noisette la fixait les lèvres tremblantes.

La jeune femme bondit de sa chaise en même temps que Konstan, car c'était bien lui, s'approchait à grands pas d'elle.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine et des larmes qu'elle n'avait pas senti venir coulèrent abondamment sur ses joues.

Lorsqu'il fut en face d'elle, elle le serra dans ses bras.

Elle se décala en pleurant de joie et vit alors Elyrian sur le côté qui la fixait de ses yeux bleu.

Philesta tourna son regard vers les yeux noisette remplis de larmes comme les siens et s'écria :

— Comment as-tu survécu ?

Konstan répondit en se raclant la gorge :

— J'étais parti très tôt le matin pour chercher des fleurs pour ton bouquet et lorsque je suis revenu tout... était à feu et à sang... Azaëlle... était... et toi tu avais complètement disparu...

La jeune femme était chamboulée. Elle était tellement heureuse de revoir ce visage familier, ses yeux noisette et ses boucles rebelles que son cœur s'affolait dans sa poitrine.

Elle le serra de nouveau dans ses bras et lui dit :

— Je suis tellement heureuse que tu sois en vie, tu ne peux pas imaginer à quel point...

Philesta sentit les bras familiers de Konstan enserrer ses épaules. Le parfum si particulier du jeune homme qu'elle reconnaissait parfaitement sans jamais l'avoir remarqué la rassurait plus qu'elle ne l'aurait jamais pensé.

La jeune femme se recula en se raclant la gorge et recroisa le regard d'Elyrian qui regardait la scène sans rien dire.

Konstan suivit son regard et fronça les sourcils en s'exclamant :

— Philesta cet homme est dangereux ! Tu es en danger !

La jeune femme regarda Elyrian puis Konstan et rit légèrement en répondant :

— Mais non, ne t'inquiète pas il est gentil, il n'est pas vraiment un Gratsans, il vient d'ici et il est de notre côté, je sais qu'il y a un danger mais il m'aide à le fuir.

Konstan se mit à rire d'un rire froid et s'écria en attrapant les épaules de la jeune femme :

— A ton avis pourquoi il ne te dit pas quel est ce fameux danger ? Réveille-toi Philesta ! Le plus grand danger que tu dois fuir, c'est lui !

Philesta avait perdu son sourire. Elle recula en titubant. Elle avait l'impression de sortir d'un rêve et de recevoir une douche froide sur la tête.

Elle lança un regard perdu à Elyrian qui serrait la mâchoire en la fixant puis elle tourna les yeux vers Konstan qui la regardait avec une expression de panique qu'elle ne lui avait jamais vu.

Une étrange et désagréable sensation enserra son cœur. Elyrian l'aurait manipulée depuis le début ? N'y avait-il vraiment rien eu entre eux ? Tout cela n'était qu'un mensonge dans un but précis ? N'était-elle qu'un moyen d'atteindre quelque chose pour lui ?

La jeune femme frissonna d'effroi et attrapa le bras de Konstan en murmurant :

— Allons-y.

Elle préférait faire confiance à Konstan qu'elle connaissait parfaitement et qui s'était toujours montré droit et honnête depuis son plus jeune âge.

Elle sentit lorsqu'elle s'éloignait le regard bleu d'Elyrian la suivre. Elle accéléra le pas la gorge serrée.

Konstan marchait très rapidement et semblait totalement paniqué. Philesta finit par lui demander essoufflée :

— Comment tu sais qu'Elyrian est dangereux ?

Konstan tourna la tête vers elle et répondit :

— Parce que...

Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, une sorte de laser sortit d'un lampadaire du côté et transperça le jeune homme qui tomba au sol sans vie.

Philesta se stoppa net, son cœur manqua un battement.

Elle fixa pendant quelques secondes le corps de Konstan sans réagir puis un sanglot secoua tout son corps et elle tomba à genou à côté de son ami.

Elle ne pouvait plus rien faire pour lui, il était déjà mort. Elle lui ferma les yeux doucement.

La jeune femme lança un regard rempli d'effroi au lampadaire. Pourquoi Konstan avait-il était tué ? Ne serait-ce pas... parce qu'il allait lui révéler pourquoi Elyrian était dangereux ?

Un long frisson glacé parcouru tout son corps. Elle se leva brusquement, elle voulait partir au plus vite pour qu'Elyrian n'ait aucune chance de la rattraper.

Elle fut cependant attirée par le poing serré de Konstan.

Philesta s'accroupit et l'ouvrit délicatement. Il tenait fermement un papier avec un seul mot griffonné rapidement dessus : Illusion.