Chapitre 16.

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Philesta n'attendit pas qu'on la repère et se mit à courir tout à coup de toutes ses forces pour sortir de cette ruelle sombre à l'odeur métallique du sang.

Elle ne s'arrêta pas mais ralentit lorsqu'elle rejoignit un endroit remplis de monde.

Pourquoi les gens portaient-ils des puces ? Pourquoi portaient-ils tous des puces sans exceptions ? Pourquoi sa mère en portait-elle une aussi ?

Qui était derrière tout cela ? Vu l'ampleur de l'action cela ne pouvait être que le gouvernement ?

Ce gouvernement pourrait-il avoir un lien avec ce fameux danger qui la menaçait et qui avait causé la mort de Konstan ?

La jeune femme enserra sa tête dans ses mains. Que pouvait-elle faire ? Elle ne savait rien, elle ne faisait que supposer depuis le début.

De toute façon elle était seule, sans défense. Qui la protégerait ?

Un seul nom jaillit dans sa tête : Elyrian.

La jeune femme sourit amèrement, maintenant qu'il n'était plus là elle était perdue, seule au monde.

Ses lèvres tremblèrent et tout en marchant au rythme des pas des passants tout autour d'elle, au milieu de cette masse humaine elle se mit à sangloter silencieusement.

Pourquoi tout cela lui arrivait-il ? Qu'avait-elle fait pour mériter cela ?

Pourquoi fallait-il qu'Elyrian ne soit pas celui qu'il paraissait être ?

Au fond elle se posait des questions depuis le début et menait même une enquête mais elle l'appréciait et cela avait noyé ses doutes les plus importants.

Le fait qu'il soit en réalité dangereux la touchait plus qu'elle ne l'aurait cru. Cela la blessait parce qu'elle avait été dupé mais aussi parce qu'elle s'était dupée elle-même en le voyant comme il voulait être vu.

Elle n'arrivait encore maintenant pas à croire qu'il n'était pas de son côté. Pour quelle raison l'aurait-il manipulée ?

Elle n'était personne, pourquoi lui voudrait-on du mal ?

Philesta inspira un grand coup et posa sa main sur la sacoche de Konstan.

Elle regarda autour d'elle et vit un taxi qui attendait des passagers. Elle sourit soudain et courut jusqu'au véhicule, entra dedans puis demanda au conducteur de démarrer.

L'homme se retourna en souriant et demanda :

— Où voulez-vous vous rendre ?

Philesta répondit sans hésiter :

— A Marienva.

La jeune femme posa sa tête sur l'appui tête et ferma les yeux. Puisque Elyrian lui avait formellement interdit de parler à quiconque dans ce village, elle allait parler aux villageois.

Le jeune homme ne pourrait pas se douter un seul instant qu'elle y soit allée après l'avoir fuit et se serait le dernier endroit qu'il irait visiter, de cette façon ce village était également une très bonne cachette.

Après une heure de trajet, le véhicule s'arrêta à Marienva. Philesta sortit le montant demandé de la sacoche de Konstan puis paya le taxi qui repartit aussitôt qu'elle fut descendu du véhicule.

Philesta regarda autour d'elle. Elle avait une étrange sensation de déjà-vu et un sentiment proche de la nostalgie l'étreignit sans qu'elle ne sache pourquoi.

La jeune femme se sentit oppressée et perdue.

Elle enleva la capuche de son sweet laissant ses cheveux presque blanc à l'air libre et le vent frais qui s'engouffrait dans sa chevelure la rafraichit et régula les battements de son cœur.

Tout cela n'était que des impressions.

Son regard croisa soudain des yeux bleu limpide qui la fixait depuis qu'elle avait enlevé sa capuche.

Une jeune fille de dix sept ans environ s'avança dans sa direction et à mesure qu'elle s'approchait Philesta distingua de plus en plus précisément ses traits.

Elle avait des cheveux châtains bouclé, une peau pâle, de beaux yeux bleu et un grand sourire franc découvrant une rangée de dents blanche.

Philesta était tétanisée. Cette jeune fille était le parfait mélange... de Konstan et d'Azaëlle en une seule personne.

La jeune fille la serra dans ses bras en pleurant et en répétant son nom :

— Philesta, Philesta...

Philesta se sentit émue au plus profond d'elle-même. Elle se décala légèrement et demanda d'une voix peu assurée :

— Qui es-tu ?

La jeune fille fronça les sourcils et répondit aussitôt :

— C'est moi Lorena, tu ne me reconnais pas ?

La jeune femme se mit à trembler en regardant tout autour d'elle ces maisons qu'elle reconnaissait parfaitement sans jamais les avoir vu puis son regard se tourna vers Lorena en face d'elle dont le prénom et le visage lui était terriblement familier et elle dit finalement d'une voix tremblante :

— Il... semblerait que j'ai perdu la mémoire. Aide-moi, dis-moi qui tu es et tout ce que tu sais sur moi.

Lorena la regarda avec tristesse et sourit avant de répondre :

— Je suis Lorena, nous nous aimons comme des sœurs et avons grandis ensemble, nous étions inséparables et je t'ai toujours considéré comme ma grande sœur. Il y a quatre ans, tu avais alors dix-sept ans, tu as été choisie avec tes parents et de nombreuses personnes de ce village pour faire partie de « l'expérience ». Moi je n'ai pas été sélectionnée parce que du haut de mes treize ans j'étais considérée trop jeune.

Philesta tituba et mit sa main en avant comme pour se protéger et aussi cacher à son regard le visage si familier de Lorena.

Elle se recula en disant :

— Attends, attends...

Elle n'était pas née en haut de l'Ercona ? Toute cette histoire de peuple, de haine ancestrale, c'était faux ?

Tous ces gens, tout son peuple était mort pour rien ?

Tous ses souvenirs étaient factices, fabriqués de toute pièce ? Konstan et Azaëlle ne seraient donc pas ses amis d'enfance mais des amis qu'on lui aurait attitré dans ce monde inventé, car ressemblant à sa réelle amie d'enfance Lorena ?

Toute sa vie ne serait donc qu'une simple... illusion ?

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