Chapitre 18.

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Philesta regarda autour d'elle le cœur battant.

Des drones volaient dans le ciel en clignotant. Elle baissa la tête et serra ses mains sur sa capuche.

Elle bouillonnait de rage et essayait de comprendre mais elle ne voulait pas perdre l'avantage qu'elle avait sur le dirigeant en se jetant dans la gueule du loup.

La jeune femme allait d'abord rassembler des informations sur lui avant de le confronter afin d'être préparée à toute éventualités.

La seule chose qu'elle pouvait faire pour le moment était d'observer. Elle ne voulait plus essayer de questionner des passants au hasard car elle ne savait pas exactement en quoi consistait la puce qu'ils portaient tous, elles pouvaient très bien permettre au dirigeant de la retrouver très facilement en la localisant grâce à cette fameuse technologie qu'elle trouvait fascinante en même temps qu'extrêmement dangereuse et puis surtout, Philesta ne voulait plus causer la morts de gens innocents à cause de ses questions.

La jeune femme se promena ainsi dans de nombreux quartiers, ruelles durant toute la journée, en vain.

Il faisait froid, elle avait terriblement faim et elle n'avait aucun endroit où dormir.

Elle s'arrêta finalement devant un marchant ambulant et acheta de quoi se nourrir puis elle s'étendit sur un banc et se recouvrit de papiers journaux pour garder un peu de chaleur.

Philesta regarda en serrant les lèvres, dans le ciel d'ébène, des petites lumières clignoter en faisant le même parcours.

Il la cherchait. Il savait qu'elle n'était plus dans son expérience et il voulait la récupérer.

Elle ferma les yeux en frissonnant. Elle avait peur qu'on l'enlève dans son sommeil et qu'on l'enferme.

Après une nuit chargée de cauchemars, Philesta se réveilla péniblement et retira les papiers journaux de son corps.

Elle se leva énergiquement et se mit en marche immédiatement.

Sans s'en rendre compte, elle se rendit à l'endroit de la ville par lequel elle était arrivée la première fois avec Elyrian.

Elle revit la route remplie de voitures allant à toute vitesse et elle resta un instant à observer le mouvement continu des véhicules.

Philesta soupira puis continua à avancer plus profondément au cœur de la ville. Elle se retrouva finalement devant d'immenses bâtiments lumineux.

Elle tourna la tête et vit que certains comportaient d'immenses écran lumineux comme celui qu'Elyrian portait tout le temps avec lui et qu'il nommait téléphone.

La jeune femme observa qu'une foule de personne commençait à se faire devant un des écrans et soudain un visage apparu et se mit à parler à toute la population d'une voix ferme et autoritaire.

Philesta comprit aussitôt. Cette personne devait être le dirigeant.

Elle s'approcha légèrement et vit plus précisément les traits de la personne. Elle fronça les sourcils et son sang se glaça. Son visage n'était ni masculin, ni féminin et ses traits n'étaient pas humains.

La jeune femme entendit alors une femme dire à son enfant :

— C'est elle dont je te parlais, fais toujours attention à ce que tu dis parce qu'elle a des oreilles et des yeux partout.

L'enfant leva ses yeux innocents vers sa mère et rétorqua :

— Mais elle a que deux yeux et deux oreilles.

La femme regarda autour d'elle. Philesta se retourna et fixa de nouveau l'écran mais entendit tout de même la réponse de la mère à son enfant :

— C'est une façon de parler, elle n'est pas humaine, c'est une IA, une intelligence artificielle.

Philesta pâlit et recula. Elle avait très bien compris ce qu'était une intelligence artificielle.

Elle s'en alla en marchant d'un pas rapide. Si le dirigeant était une intelligence artificielle alors tout était vain, tout était perdu d'avance puisqu'elle ne pouvait pas être raisonné n'ayant pas de sentiments.

La jeune femme serra ses mains tremblantes dans ses poches. Elle n'était plus de taille.

Elle était seule, sans défense face à un monstre de technologie qui arriverait tôt ou tard à l'attraper.

Elle était impuissante.

Philesta passa devant le parc d'attraction dans lequel elle s'était amusée avec Elyrian. Elle se rappelait distinctement de son rire. A ce moment là il était vrai, spontané et naturel.

La jeune femme resta immobile à observer l'attraction qu'ils avaient faite et qui était à présent vide comme tout le parc, les gens étant sans doute en train d'écouter le discours de l'IA.

Elyrian brillait par son absence.

Philesta sentit son cœur se serrer, elle devait bien le reconnaître, le jeune homme lui manquait.

Malgré tout le mystère qui l'englobait et le fait qu'il n'était pas complètement net, le jeune homme ne lui avait jamais fait de mal et l'avait même protégé plusieurs fois.

Elle tourna la tête et sourit amèrement. Elle avait peur de ne plus jamais le revoir mais elle savait au fond d'elle-même que le revoir ne serait pas forcément une bonne chose.

Philesta serra les lèvres. Elle avait aussi besoin de sa présence pour l'aider, la protéger et la rassurer. Elle était inquiète certes lorsqu'elle fuyait ce fameux danger à ses côtés mais pas autant qu'elle l'était à présent qu'elle était entièrement seule.

Elle n'avait jamais eu l'habitude de prendre des décisions aussi importantes et cruciales. Toute sa vie avait été orchestrée parfaitement, tout était déjà tracé pour elle et elle n'avait jamais ou presque jamais eu à se poser des questions, seulement maintenant elle se retrouvait face à des questions de la plus haute importance, des choix à faire, des décisions déterminantes qu'elle ne se sentait pas en capacité d'assumer.

La jeune femme s'arrêta soudain et se redressa. Cette vie n'était pas la sienne, elle était construite de toute pièce par l'IA et cette personnalité qu'elle s'était forgée d'après cette vie illusoire n'était sans doute pas la sienne non plus.

Sa vision se brouilla. Qui était-elle ?

Elle serra ses épaules tremblantes en fermant les yeux. Cette sensation de ne pas se connaitre était terrible, inhumaine.

Comment avait-on osé lui arracher toute sa vie jusqu'à sa personne ?

Philesta aurait tout donné pour retrouver la mémoire, connaître ou plutôt, se rappeler de sa vraie vie, de sa vie avant l'Ercona avant cette fameuse expérience qui avait détruit toute sa famille, ses amis et qui lui avait fait perdre jusqu'à sa propre personnalité.

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