Chapitre 72.

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Philesta recula et regarda autour d'elle.

Sa vision se flouta et un mal de crane fulgurant la transperça. Elle serra sa tête entre ses mains moites de peur.

Tout se mit à tourner autour d'elle ou peut-être était-ce elle qui tournait ?

Elle revoyait encore et encore le regard peiné d'Elyrian. Où était-il ? Elle ne voyait plus rien.

Elle ne voulait pas comprendre, c'était trop dur, trop cru, pourtant, elle savait...

La voix l'appelait de plus en plus fort ou peut-être avait-elle seulement l'impression qu'on l'appelait ? Rien n'avait de sens.

La jeune femme avait l'impression de devenir folle. Qu'est ce qui était vrai et qu'est ce qui ne l'était pas ?

Elle voulait que cela cesse, qu'elle puisse dormir, elle était épuisée comme si elle n'avait pas dormi depuis des jours...

Philesta senti soudain la chaleur d'une main sur son bras. Elle l'attrapa vivement comme une bouée de secours.

Sa vue se stabilisa mais une faisceau de lumière l'éblouit la forçant à plisser les yeux pour tenter d'apercevoir la personne qui la tenait et soudain elle le vit, l'homme qui l'appelait.

Elle eut la sensation de revivre. Il la tira dans sa direction et elle tomba au sol épuisée. Elle venait enfin d'être arrachée au cauchemar éveillé qu'elle vivait depuis des jours.

Devant elle, Elyrian et le professeur était debout, pâles et immobiles sous les faisceaux des drones qui brillaient étrangement dans la nuit.

Un frisson glacé lui parcouru l'échine. Tout était faux.

L'homme l'aida à se relever et la jeune femme pu voir plus précisément son visage. Elle écarquilla les yeux. Cet homme à la voix familière n'était autre que... le père d'Elyrian.

Était-il de leur côté ou était-ce encore une ruse de l'Illusion ?

Elle regarda autour d'elle. Était-elle vraiment dans la réalité ?

Il sortit tant bien que mal son fils et le professeur de leur transe et les tira hors du faisceau dangereux des drones.

Philesta regarda Elyrian. Il n'avait rien fait de mal, il n'avait pas revu Aliénor, tout ça était faux, c'était illusoire.

Le jeune homme se redressa les yeux empli de larmes et regarda aussitôt la jeune femme.

Philesta frissonna. Qu'avait-elle fait dans sa vision ?

Ils se regardèrent longtemps avant qu'Elyrian dise :

— Je suppose que tout est faux.

Le professeur frotta son crane dégarnie et répondit :

— Tout était faux.

La jeune femme lui demanda :

— Vous n'avez jamais eu de fille, n'est-ce pas ?

Le professeur Nehl haussa les sourcils et secoua la tête.

Philesta soupira de soulagement et sourit légèrement. Lucy n'existait donc bel et bien pas. Mais son sourire s'effaça aussitôt, en quoi cela pouvait-il la réjouir, son père n'existant plus, non plus ?

Le père d'Elyrian se racla soudain la gorge et dit :

— Au cas où vous vous poseriez la question : vous étiez tous dans une illusion différente créé à partir de vos souvenirs, de vos sentiments et de vos émotions construite par l'Illusion à l'aide de la technologie la plus avancée qui existe.

Elyrian tourna brusquement la tête dans la direction de son père et la jeune femme vit son visage prendre une expression qu'elle n'avait jamais vu.

Il s'avança vers lui en tentant de contenir son émotion et balbutia :

— Papa ? C'est vraiment toi ?

Son père le regarda avec tendresse et le serra tout à coup contre son cœur en répondant d'une voix étouffée :

— Oui c'est bien moi mon fiston. Tu m'as énormément manqué.

Philesta ne pu s'empêcher de sourire émue face à cette scène de retrouvaille si douce après la violence de l'illusion qu'elle avait subi.

Le professeur se racla la gorge et dit :

— Je ne voudrai pas paraitre rabat-joie mais l'Illusion ne va pas attendre qu'on vienne la voir pour nous attaquer, nous ne sommes pas en sécurité ici.

Le père d'Elyrian répondit tandis que le soleil se levait dans le ciel :

— Vous avez raison, allons-y.

La jeune femme déglutit et demanda :

— Où ?

L'homme se mit en marche et répondit étonné:

— Dans le bâtiment à l'intérieur duquel se terre l'Illusion. Nous n'avons aucune raison d'attendre.

Philesta sentit son cœur battre la chamade. C'était vrai, ils n'avaient aucune raison d'attendre mais maintenant que c'était Le moment, alors même qu'elle l'attendait depuis longtemps, la jeune femme ne ressentait plus cette rage puissante qui la poussait à vouloir détruire l'Illusion, elle avait juste peur.

Elle avait peur de ce qui pourrait arriver à Elyrian, et à elle aussi.

Ce besoin presque vital de vengeance, de venger tous les humains, elle ne le ressentait plus.

Un seul but se dessinait désormais, simple, limpide et clair : la paix. Elle voulait que tous les humains quels qui soient, puissent vivre enfin en paix et puissent atteindre le bonheur devenu inaccessible.

Pour cela, elle le savait, il fallait que l'Illusion disparaisse, mais ce n'était plus qu'un moyen, ce n'était plus son but ultime.

Elle avait trop souffert du comportement de son père, certes illusoire mais qui l'avait marqué au fer rouge, qui obnubilé par sa vengeance avait perdu son humanité, délaissant même sa propre fille.

Elle ne ferait pas la même erreur, elle ne permettrait pas à l'Illusion de noircir son âme, elle ne lui laisserait pas cette victoire.

Elle avait choisi son camp, et c'était celui de la paix.

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant