Chapitre 3.

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Guntar Gratsans leva les yeux vers la prisonnière et sourit étrangement.

Philesta le fixait sans ciller le cœur emplit de rage.

Il se tourna vers l'homme qui tenait la guérisseuse et lui dit :

— Voici un ordre de la plus haute importance pour vous Elyrian : vous aller épouser la guérisseuse Katharos. Je pense que vous avez bien compris le sens de mes paroles. C'est pour le bien de notre peuple.

Philesta vit Elyrian à côté d'elle frémir puis répondre après quelques secondes de silence d'une voix étrange comme bouillonnante de rage :

— J'ai bien compris, chef.

Puis le chef des Gratsans sourit satisfait et déclara :

— Comme ce n'est pas un mariage important et qu'il n'est pas consentit nous allons procéder à la cérémonie immédiatement.

La jeune femme qui n'avait pas encore réalisé le sens des mots prononcés par Guntar Gratsans sursauta quand on lui posa la question à laquelle elle pensait répondre à côté de Konstan.

— Le voulez-vous ?

Philesta blêmit. Elyrian avait déjà répondu un « oui » sourd et la regardait de ses yeux bleu foncé d'un air menaçant.

La jeune femme balbutia :

— Oui...

Le chef des Gratsans applaudit et dit :

— Très bien, bien sûr il n'y a pas de bague de toute façon le mariage durera seulement le temps nécessaire.

Philesta vit Elyrian serrer les poings de rage et se demanda avec inquiétude ce que voulait dire le chef.

Guntar Gratsans se leva de son siège et déclara finalement en sortant de la pièce :

— Vous habiterez dans l'ancienne maison du cordonnier.

Elyrian attendit que son chef sorte de la salle pour tirer brusquement la jeune femme hors de l'imposante demeure.

Il la tira jusqu'à leur nouvelle maison qu'il ouvrit avant de la pousser dedans.

Le jeune homme enleva le tissu sombre qui couvrait le bas de son visage et ne laissait voir que ses yeux, et le posa sur la table en silence.

Philesta tétanisée ne bougeait pas. Il était furieux et elle ne voulait pas qu'il ait l'idée d'extérioriser sa colère sur elle.

Finalement, Elyrian se tourna vers elle et la jeune femme vit entièrement son visage. Il avait les traits étonnamment fins, une mâchoire marquée, des lèvres légèrement pulpeuses, un nez bien dessiné, des yeux en amandes bleu foncé et des sourcils arqués.

Il s'approcha d'elle et d'un coup de couteau précis et rapide il coupa ses liens puis il plongea son regard dans ses yeux et dit :

— Que ce soit bien clair, tu n'as aucun droit ici, tu n'es ma femme que sur le papier et je te haïrai toujours.

Il se recula et sourit nerveusement en murmurant :

— Je n'y crois pas... comment ça a pu m'arriver à moi ? Comment a-t 'il put me faire ça ?

Philesta se racla la gorge et les yeux bleu recroisèrent son regard. Elle frémit et demanda :

— Que voulait dire votre chef quand il disait que le mariage ne durerait que le temps nécessaire ?

Elyrian la regarda avec incompréhension comme si c'était lui qui venait de poser la question.

Au bout de quelques secondes de silence il fronça les sourcils et sortit de la maison.

La jeune femme le cœur battant le rattrapa et lui demanda d'une voix tremblante :

— Vous ne pouvez pas me le dire ? Je vous en prie...

Elyrian les lèvres frémissantes de rage répondit :

— Pourquoi crois-tu que tu es encore en vie ?

Philesta les larmes aux yeux s'écria :

— J'aimerai bien le savoir !

Le jeune homme fronça les sourcils et dit :

— L'unique raison pour laquelle tu es encore vivante est que tu es la guérisseuse des Katharos et n'ose pas me faire croire l'inverse, tes cheveux blancs sont la preuve que tu descends des guérisseuses Katharos.

La jeune femme déglutit et répondit :

— C'est vrai, c'est moi.

Elyrian la regarda avec dégoût et poursuivit :

— Comme tu es guérisseuse, ta fille le sera aussi, mon chef m'a donc ordonné par ce mariage de... concevoir un enfant avec toi de cette façon le don de guérison sera désormais dans notre peuple.

Philesta recula choquée. Elle ne permettrait jamais qu'il la touche.

Le jeune homme se rapprocha d'elle et ajouta avec mépris :

— Lorsque ton enfant sera né, et comme les guérisseuses ne peuvent qu'avoir des filles cela prendra moins d'un an, je te tuerai. C'est cela que voulait dire mon chef quand il disait que le mariage ne durerait que le temps nécessaire. Après ta mort, ton enfant sera éduqué par une nourrice de notre peuple. N'imagine donc pas un seul instant qu'avec ton enfant vous consisterez ma famille!

Elyrian avait presque crié sa dernière phrase tant il bouillonnait de rage. Il avait tout donné à l'armée des Gratsans, tout et ce depuis tout petit car il avait perdu ses parents très tôt cependant il y avait une seule et unique chose qu'il s'était promis de garder précieux et de protéger, c'était sa famille future, mais voilà qu'on lui demandait de céder cette unique chose.

Philesta le regarda avec effroi, le sang glacé. Elle allait être utilisée puis tuée et son enfant serait éduqué avec les lois du peuple ennemi. On ne pouvait pas imaginer pire déshonneur.

Le jeune homme lança un dernier regard à la jeune femme puis partit d'un pas rapide en serrant la mâchoire.

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