Chapitre 62.

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Philesta regarda Elyrian et ils se sourirent soulagés.

Le professeur enleva ses lunettes et les essuya méticuleusement en prenant soin d'éviter le regard des deux jeunes gens puis dit finalement en les replaçant sur son nez :

— Je vous ai un peu mentit lorsque je vous ai dit que je n'avais pas inventé la formule permettant d'hacker le système de l'Illusion, je l'ai en réalité inventé dès que je l'ai construite par mesure de sécurité mais bien sûr lorsque j'ai perdu le contrôle sur elle, elle l'a détruite. Il me faudra donc quelques jours pour la retrouver dans les méandres de ma mémoire. Nous pourrons partir lorsque ce sera fait. En attendant faite comme chez vous, les gens sont très gentils et accueillants ici, vous verrez.

Les deux jeunes gens remercièrent le professeur Nehl et sortirent de la petite cabane de bois pour le laisser réfléchir seul.

Ils passèrent devant l'arbre creux et la jeune femme frissonna. A quoi avaient ils échappés ?

Elle tourna son regard vers Elyrian et vit qu'il fixait en souriant un homme et une femme à la peau basané qui jouaient avec leur enfant.

Elle sourit légèrement.

Le jeune homme tourna la tête se sentant observé et Philesta accentua son sourire en disant :

— Alors ? Pourquoi tu fixes les gens comme ça ?

Elyrian se mit à rire et accéléra le pas. La jeune femme le rattrapa et répéta :

— Alors ?

Le jeune homme regarda Philesta quelques secondes puis dit avant de partir en courant :

— Parce que.

La jeune femme se mit à rire et dit tout en se mettant à courir elle aussi :

— A quoi tu joues ?

Ils s'arrêtèrent épuisés dans une clairière inhabitée et s'allongèrent dans les herbes sauvages.

Philesta dit essoufflée en riant :

— On a passé l'âge de courir comme des fous sans raison.

Elyrian posa sa tête sur ses bras repliés et répondit en souriant :

— On en avait besoin.

La jeune femme haussa les sourcils en souriant et rétorqua :

— Qu'est-ce que tu racontes ?

Le jeune homme ferma les yeux et ne répondit rien.

Philesta posa sa tête à côté de la sienne et regarda le ciel s'assombrir peu à peu en murmurant :

— La journée est passée si vite et pourtant elle était tellement chargée en émotions.

Elyrian ouvrit les yeux et dit sur le même ton :

— Tu penses qu'on réussira ?

La jeune femme glissa sa main dans celle du jeune homme et répondit :

— J'avais des visions du futur régulièrement mais depuis quelques temps je n'en ai plus du tout, cela ne peut signifier qu'une chose, nous allons réussir et l'Illusion du futur n'existera donc jamais. Je ne sais pas si nous nous en sortirons mais je suis persuadée que l'Illusion, elle, ne s'en sortira pas, elle tourna sa tête vers Elyrian, c'est le principal non ?

Elyrian la fixa de ses yeux bleu et dit finalement :

— Je ne peux pas te mentir en acquiesçant simplement, ce sera une victoire si et seulement si nous nous en sortons tous les deux.

Philesta sourit et répondit dans un souffle :

— J'espère aussi qu'on s'en sortira car j'aimerai que notre histoire continue et ne s'arrête jamais.

Soudain un enfant à la peau basané sortit de derrière un buisson et se plaça devant eux.

Les deux jeunes gens sursautèrent et se levèrent brusquement.

Il leur fit signe de le suivre en parlant dans une langue inconnue.

Ils se regardèrent perplexe et suivirent tant bien que mal l'enfant qui courait à travers les herbes hautes.

Ils arrivèrent enfin dans le village. Il faisait nuit et toutes les cabanes étaient éclairées avec des lanternes.

L'enfant s'arrêta au milieu et leur désigna l'arbre creux qui brillait de mille feux.

Dans l'obscurité de la nuit le spectacle des lanternes scintillantes et de l'arbre centenaire comme brûlé par une lumière d'une beauté éblouissante était tout simplement magique.

Le professeur se trouvait devant et semblait vouloir toucher les faisceaux de lumières qui sortaient de l'arbre creux.

La jeune femme blêmit et courut dans sa direction aussitôt suivie du jeune homme.

Il se tourna vers eux et les jeunes gens virent des larmes rouler sur ses joues.

Il dit simplement :

— Je ne voulais pas manquer le spectacle. C'est l'unique phénomène répertorié dans lequel la lumière est palpable. Elle sert de pont entre les lignes temporelles et on traverse les époques à la vitesse de la lumière.

Elyrian tapota l'épaule du professeur dans un geste de réconfort feignant de croire au fait qu'il n'était pas venu en pensant à sa femme mais pour voir la beauté éblouissante de l'arbre incandescent et répondit :

— C'est extraordinaire, je n'aurai jamais cru pouvoir contempler un phénomène aussi beau de ma vie.

Philesta posa sa main sur son autre épaule et murmura les yeux brillants :

— Et... votre sacrifice, à l'image de cet arbre, est sublime, je ne l'oublierai jamais.

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