Chapitre 25.

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Philesta sortit de sa cabine et rejoignit Elyrian sur le pont. Il avait les deux bras appuyés sur la rambarde et regardait devant lui avec le même regard que celui qu'il avait devant le lac la veille.

La jeune femme déglutit et tenta de le rejoindre mais un balancement de la péniche plus fort que les autres lui fit perdre l'équilibre et elle s'étala de tout son long devant Elyrian qui se retourna surpris et lui tendit la main pour l'aider à se relever en essayant de ne pas rire.

Philesta s'empourpra légèrement en attrapant sa main et se leva brusquement en la lâchant aussitôt.

Elyrian sourit et dit :

— Moi aussi j'étais comme ça au début, personne n'a le pied marin dès le départ, il s'acquiert avec le temps.

La jeune femme fronça les sourcils et lui demanda :

— Tu as déjà fait du bateau ?

Le jeune homme sourit amèrement et son regard s'assombrit. Il tourna la tête et répondit :

— Mon père était marin, je montais donc souvent sur son bateau, avant... tout ça.

Un silence chargé de nostalgie et de tristesse s'installa lourdement. Philesta rejoignit Elyrian et laissa ses bras ballants sur la rambarde.

Elle tourna le regard vers lui. Le jeune homme regardait un point à l'horizon la mâchoire serrée comme pour contenir un flot d'émotions. Il avait tous ses souvenirs et en souffrait.

Philesta se racla la gorge et posa la première question qui lui venait en tête :

— L'Illusion... elle est au pouvoir depuis longtemps ?

Elyrian secoua la tête et répondit en plissant les yeux comme pour fouiller dans ses souvenirs :

— Mes parents m'avaient raconté qu'à l'époque où ils étaient enfant, c'était un humain au pouvoir mais celui-ci était un ancien professeur en science et il était féru de technologie. Il avait donc utilisé pratiquement tous les fonds du pays dans la recherche-développement en utilisant comme raison que de cette façon nous deviendrions une plus grande puissance et nous dépasserions les pays voisins. Il a finalement présenté la forme la plus avancé d'IA jamais vu et lui a laissé progressivement les tâches des ministres sous prétexte de gagner du temps. Ce qui devait arriver finit par arriver, comme une maladie contagieuse l'IA s'est propagée dans tous les domaines du gouvernement jusqu'à prendre la place du président qui disparu du jour au lendemain. Elle se fit alors appeler Illusion et progressivement établit une dictature de plus en plus sévère. Les autres pays, par peur que cette technologie terrifiante ne se propage également chez eux, coupèrent tout contact avec notre pays. Ils fermèrent leurs frontières et n'intervinrent pas pour nous libérer de l'Illusion. Nous devons désormais tout produire par nous même et le pays est en train de sombrer progressivement dans la pauvreté.

La jeune femme déglutit. Elle serra ses mains sur la rambarde et demanda finalement :

— Et... est-ce que tu sais à quoi servent les puces que porte tout le monde ici ?

Le jeune homme sourit légèrement et répondit en haussant les épaules :

— J'ai découvert cela en revenant ici, j'imagine qu'elles contrôlent en partie les actions ou les pensées des gens.

Philesta serra ses lèvres et fronça les sourcils. Elyrian venait de lui confirmer qu'il n'y avait bien pas de puces avant qu'ils partent pour « l'expérience » ce qui prouvait que la puce de sa mère n'était donc pas, comme elle le pensait, l'œuvre de l'Illusion. Pourquoi sa mère s'en était incrustée une ?

La jeune femme soupira. Elle trouverait peut-être la réponse en interrogeant l'Illusion.

Elle tourna la tête vers Elyrian et sourit légèrement. Ses beaux cheveux ébènes étaient balayés vers la gauche emportés par le vent marin et ses yeux bleu brillaient en regardant les mouvements réguliers de la mer.

Elle lui était infiniment reconnaissante de l'avoir guidée dans ce monde inconnu, d'avoir répondu à ses questions, de l'avoir aidé à se cacher et protégé et enfin d'être à ses côtés pour arrêter l'Illusion.

Philesta l'aimait et elle s'en rendait compte de plus en plus.

La jeune femme détourna le regard et fixa l'eau devant elle. Elle avait l'impression que c'était réciproque. Pourquoi l'aurait-il aidée ? Pourquoi l'aurait-il protégée ? Pourquoi serait-il encore à ses côtés aujourd'hui alors qu'elle ne lui avait pas fait confiance et l'avais traité comme un traitre en s'enfuyant lâchement après tout ce qu'il avait fait pour elle ? Pourquoi avait-il toujours ce petit sourire en coin lorsqu'ils parlaient ? Pourquoi si ce n'est parce qu'il... l'aimait ?

Philesta tourna de nouveau la tête vers le jeune homme qui regardait au-delà de l'eau la ville et ses bâtiments et posa doucement sa main sur son bras.

Elyrian se tourna surpris et la regarda. La jeune femme sentit ses joues s'enflammer progressivement et son cœur s'emballer, elle se racla la gorge et dit :

— Elyrian... je ne sais pas trop comment dire ça... c'est... tout nouveau pour moi... mais il faut que je te le dises... , elle leva les yeux et plongea son regard dans le sien, ... je crois bien que... je t'aime...

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant