Chapitre 23.

21 3 16
                                    

Philesta s'allongea sur son lit et regarda le plafond jaunis de la chambre qu'on lui avait prêté.

La petite pièce était simple mais confortable et cela était amplement suffisant.

Elle se redressa et ouvrit la fenêtre qui découvrit à ses yeux une immense étendue de blé et au loin les premiers arbres d'une forêt qu'ils avaient traversé la veille.

Elle sourit, le temps s'était adoucis. Elle se rappelait encore du vent glacé qui les avait accompagné durant toute la journée de marche qui les avait conduit ici, dans cette petite maison de campagne au milieu de nulle part.

La jeune femme soupira et ferma sa fenêtre.

Elyrian lui avait dit qu'ils resteraient ici plus longtemps que dans les autres endroit car celui-ci était coupé de la technologie qui les menaçait et qu'ils en profiteraient donc pour se reposer et mettre en place un plan, cela allait parfaitement à Philesta et elle s'était dit qu'elle en profiterait pour lui poser toutes les questions qu'elle voulait.

Seulement, depuis le début de la journée, le jeune homme était introuvable.

Elle se disait que s'il avait prévu de partir longtemps il l'aurait prévenue mais il ne l'avait pas fait ce qui signifiait qui lui était peut être arrivé quelque chose.

Philesta se décida finalement à sortir de sa chambre pour interroger la maîtresse de maison. Elle descendit donc l'escalier et s'arrêta face à leur hôte, une femme aux cheveux blond comme le blé coupé en carré flou et aux yeux émeraude, qui sourit légèrement quand elle la vit en demandant simplement :

— Vous le cherchez ?

Philesta acquiesça et répondit gênée en arrangeant ses cheveux pour éviter le regard perçant de leur hôte:

— Oui je dois... lui parler.

La femme attrapa une grosse bûche et la lança dans le feu tout en répondant :

— Il m'a dit qu'il partait se promener dans les environs pour se vider la tête.

Philesta lâcha ses cheveux et fronça les sourcils. Pourquoi ne l'avait-il pas prévenue mais avait-il prévenue leur hôte ? N'avait-il pas pensé un instant qu'elle aurait pu s'inquiéter ?

La jeune femme soupira et sortit de la maison.

Elle avait encore de nombreuses questions à lui poser, elle devait donc le retrouver.

Philesta s'engagea à travers les longues tiges de blé doré balancés légèrement par le vent en les poussant comme on pousserait de l'eau.

Elle arriva finalement à l'orée de la forêt en face d'un petit lac qui miroitait au soleil.

La jeune femme allait se retourner lorsqu'elle vit Elyrian immobile, debout face à la petite étendue d'eau les mains dans les poches.

Ses cheveux de jais flottaient légèrement emportés par les mouvement du vent et ses yeux du même bleu que l'eau fixaient le lac avec un regard indéchiffrable.

Son cœur manqua un battement. Il n'était pas bien. Était-ce à cause de leur conversation près des tentes, lorsqu'il lui avait révélé que son père avait été tué par l'Illusion ? Ou pour une autre raison qu'elle ignorait ?

Philesta s'approcha du jeune homme.

Elyrian l'entendit arriver et se retourna brusquement recouvrant immédiatement son regard habituel.

La jeune femme le toisa du regard et lui demanda :

— Pourquoi tu es parti sans me prévenir ? J'ai cru que tu t'étais enfui et que tu ne voulais plus détruire l'Illusion.

Le jeune homme se mit à rire légèrement en rétorquant :

— Ce n'est pas plutôt moi qui devrait douter de toi ? Qui de nous deux a fui rappelle moi ?

Philesta le fixa sans répondre puis finalement sourit. Il avait de la répartis comme toujours.

La jeune femme posa ses mains sur ses hanches et dit finalement pour changer de sujet :

— Quand je penses que tu connais de nombreuses choses de ma vie mais que je connais presque rien de la tienne, ça me fruste. Tu ne pourrais pas me parler un peu de toi, de ton enfance par exemple en plus la tienne ne sera pas faussée puisque tu as tes vrais souvenirs ?

Elyrian passa une main dans ses cheveux en souriant légèrement puis il répondit:

— D'accord. Je viens d'une famille aimante, des parents parfait avec une grande sœur et une petite sœur aux caractères opposés. La seconde était très douce tandis que la première se battait souvent avec moi car j'étais un enfant qui bougeait beaucoup, je ne tenais pas en place mais nos désaccords ne durait pas longtemps et on se réconciliait facilement parce que nos parents nous avaient toujours appris que la famille est ce qu'on a de plus précieux...

Le jeune homme s'arrêta de parler car Philesta était secouée de rire.

Elle dit finalement en riant:

— Je suis désolée, c'est juste que je ne t'imagine vraiment pas te battre avec ta sœur...

La jeune femme tout en riant sans s'en rendre compte avait dangereusement reculé vers le lac. Elyrian blêmit et courut pour la tirer dans la direction opposée.

Philesta s'arrête net de rire et comprit immédiatement la situation à laquelle elle venait d'échapper grâce à lui. S'il n'avait pas réagit aussi rapidement elle serait tombée dans le lac et... elle ne savait pas nager.

Elle leva les yeux vers le jeune homme. Son regard emplit d'inquiétude disparut immédiatement et il sourit légèrement avec désinvolture en s'éloignant de la jeune femme puis il dit naturellement :

— D'ailleurs tu m'avais posé une question lorsque nous avions discuté près du camping-car, j'ai bien réfléchi et j'ai ma réponse. Etant donné que notre vie en haut de l'Ercona était illusoire tous les liens que nous avons pu avoir là-haut ont été liés sur un mensonge et sont de ce fait faux. Notre mariage est donc considéré comme nul ici. De toute façon nous ne sommes pas marié conformément aux lois du monde moderne et ce sont les seules qui comptent.

Philesta acquiesça en se forçant à sourire.

Elle n'était donc pas mariée avec lui. Elle ne l'avait jamais réellement considéré comme son mari ni elle-même comme sa femme mais de savoir que plus rien ne les liait la déplaisait. On l'avait forcé à l'épouser mais de savoir qu'en réalité leur mariage n'avait pas de valeur, la dérangeait.

La jeune femme tout en continuant à se forcer à sourire, regarda avec incompréhension Elyrian qui tentait de se recoiffer à l'aide de ses longues mains fines.

Pourquoi cela la contrariait ? Ne devrait-elle pas être soulagée ?

Le regard du jeune homme se posa soudain sur son visage. Philesta cessa son sourire forcé. Son cœur s'accéléra dans sa poitrine et elle détourna les yeux.

Comment cela avait-il pu arriver ?

Comment avait-elle pu... tomber amoureuse d'Elyrian ?

IllusionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant