Philesta se leva et dit simplement à Elyrian :
— Encore un cauchemar, ne t'inquiète pas.
Le jeune homme se leva à son tour et rétorqua en fronçant les sourcils :
— Tu es bizarre depuis quelques jours, j'ai l'impression que tu me caches quelque chose...
La jeune femme se racla la gorge et se força à sourire en répondant :
— Mais non, je suis sans doute stressée par l'Illusion, c'est tout...
Elyrian soupira et tourna la tête en murmurant :
— Je ne suis pas dupe... j'attendrai que tu me fasse suffisamment confiance pour parler...
Le cœur de Philesta se serra dans sa poitrine. Elle se mordit les lèvres et ne répondit rien.
Était-ce un manque de confiance... le fait qu'elle ne lui dise rien ? Elle déglutit. Non, elle lui faisait confiance, elle voulait juste... le protéger.
Le jeune homme passa ses mains dans ses cheveux pour les remettre en place et dit en évitant son regard :
— Les navires de croisières ne vont pas tarder à accoster, nous monterons dans l'un d'eux clandestinement. Je sais exactement comment faire mais il faudra que tu me suive et que... tu me fasse confiance.
La jeune femme hocha la tête et regarda Elyrian qui fixait l'horizon sa main droite plaçée à l'horizontale sur son front pour se protéger du soleil. Elle se souvenait qu'il lui avait dit que son père était marin, c'était sans doute pour cette raison qu'il avait ces informations.
Quelques minutes plus tard des bateaux apparurent à l'horizon. Elyrian remit ses chaussures imité aussitôt par Philesta.
Il fit signe à la jeune femme de le suivre et ils se cachèrent derrière un gros rocher regardant de loin les bateaux accoster.
Le jeune homme murmura :
— Dès que je rabat ma capuche sur mes cheveux, c'est le signal. Suis moi de près.
Des vacanciers descendirent des bateaux en discutant bruyamment entre eux. Un groupe de marins s'activait autour d'une pile de caisses en bois, attendant d'être embarquées.
Elyrian rabattit brusquement sa capuche et se mit à marcher rapidement se mêlant à la foule des passagers suivit de Philesta.
Soudain, d'un geste assuré, il se glissa derrière une caisse tout près du bateau, profitant d'un moment d'inattention des employés. La jeune femme le suivit le cœur battant la chamade.
Les deux jeune gens se retrouvèrent accroupis derrière une pile de caisses, cachés à la vue de tous.
A quelques mètres, une rampe menait directement à une soute ouverte du bateau.
Il fallait avancer rapidement, mais sans précipitation, pour ne pas attirer l'attention.
Le jeune homme regarda autour de lui et souffla finalement :
— Ca ne va pas le faire, il y a trop de monde...
Il se leva brusquement et secoua ses vêtements faignant être tombé puis se tourna vers Philesta et l'aida à se relever en disant :
— Ca va tu ne t'es pas fait mal ?
La jeune femme entra dans son jeu et répondit en lissant du plat de la main son jean :
— Non ça va, plus de peur que de mal.
Elyrian avança rapidement pour atteindre l'autre côté du bateau, se posta devant et dit à Philesta tout en jetant des coups d'œil de temps en temps :
— Il faut qu'on parle ensemble pour ne pas attirer l'attention. Il y a une entrée discrète à l'arrière du bateau, c'est l'écoutille, elle est souvent utilisée pour l'accès aux ponts inférieurs, aux zones de stockage ou aux compartiments techniques. Nous avons de la chance il n'y a que le mousse devant. Il sera facile de le faire partir. Laisse moi faire.
Il s'approcha d'un jeune homme qui sourit à leur vue et leur demanda :
— Que puis-je faire pour vous ?
Elyrian lui répondit :
— Vous êtes bien le mousse ?
Le jeune homme acquiesça vivement. Elyrian continua en semblant pressé :
— Le contremaître de quai vous cherche, ça avait l'air urgent.
Le mousse déglutit et les remercia en partant au pas de course.
Le cœur battant à tout rompre la jeune femme suivit Elyrian qui se glissa aussitôt à l'intérieur de l'écoutille.
Une forte odeur de sel marin et de bois verni les enveloppèrent instantanément.
Le jeune homme attrapa la main de Philesta et ils se cachèrent dans une petite cale.
Il soupira de soulagement et murmura :
— Nous y resterons jusqu'à que le bateau atteigne la pleine mer.
La jeune femme demanda :
— Et après ?
Elyrian qui n'avait pas lâché sa main tourna la tête vers Philesta et répondit :
— Après nous nous introduirons parmi les passagers.
La jeune femme écarquilla les yeux et rétorqua :
— Et comment compte tu t'y prendre pour qu'on ne se fasse pas repérer ?
Le jeune homme sourit légèrement en répondant d'un ton tranquille :
— Encore une fois fais moi confiance. Je suis né sur un bateau. Demain matin, juste après le petit-déjeuner, sera le moment idéal. Nous serons en pleine mer, les marins seront occupés avec les tâches de la matinée et les passagers seront dispersés sur le pont pour profiter du soleil.
Philesta ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Elle voulait lui dire qu'elle lui faisait entièrement confiance mais elle ne pouvait pas sans devoir lui dire ce qu'elle lui cachait.
Trop de questions se bousculaient dans sa tête, trop de questions sans réponses mais elle ne voulait pas exposer Elyrian, pas encore...
Elle posa sa tête sur la caisse en bois derrière eux et ferma les yeux. Le temps semblait suspendu. Il n'y avait qu'eux et rien ne venait encore troubler leur bonheur.
Elle voulait arrêter le temps pour vivre encore cet instant, profiter de ce moment, de leur mains entrelacées, de leur sourire tranquille et repousser ses questions à demain.

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Illusion
ParanormalDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...