Illusion

Chapitre 15.

Philesta ne se releva pas tout de suite et prit la sacoche du jeune homme qui contenait sans doute de l'argent du monde moderne et qui conservait l'odeur familière de son ami.

Elle se redressa brusquement enroula ses cheveux et rabattit la capuche de son sweet sur sa chevelure particulière.

Puis après un dernier regard derrière elle pour vérifier qu'Elyrian ne se trouvait pas au coin de la rue, elle se mit à courir de toutes ses forces, à perdre haleine dans les rues les plus remplis de gens.

Elle se fondit dans la foule des passants et reprit son souffle en marchant au rythme de leurs pas.

Le papier que tenait fermement Konstan lors de sa mort lui brûlait le poing.

Que signifiait ce mot ? Qu'est ce qui était une illusion ? Pourquoi ce simple mot la bouleversait ?

Et surtout pourquoi l'avait-il écrit ? Savait-il qu'il allait mourir et par conséquent qu'il n'aurait pas le temps de lui expliquer le danger ? Ce mot serait-il donc la clé pour tout comprendre ?

Mais en parlant d'illusion, tout ce que lui avait raconté Elyrian depuis son arrivée dans le monde moderne n'en serait pas une ?

Elle n'avait plus aucune base sur laquelle s'appuyer, tout lui semblait flou et faux.

Son cœur se serra violemment au souvenir des yeux bleu d'Elyrian qui l'avait regardé partir sans expression.

Y était-il pour quelque chose dans le meurtre de Konstan ou était-il simplement l'instrument de quelqu'un de bien plus grand ?

Un simple instrument sans émotions.

Elle secoua la tête. Cela ne lui correspondait pas.

Il lui avait prouvé qu'il pouvait s'ouvrir et pouvait se montrer chaleureux mais elle avait cependant la désagréable impression que ce n'était pas volontaire à chaque fois et que lorsqu'il redevenait maître de lui-même il redevenait non pas froid mais neutre, d'une neutralité glaçante et contradictoire à ses émotions précédentes.

Il y avait du vrai et du spontané dans son attitude mais aussi du faux et de la manipulation.

Elle ne pouvait pas se permettre de refaire la même erreur et de lui faire confiance.

La jeune femme ne savait pas quel rôle exactement il jouait mais en attendant de trouver la personne derrière tout cela et de clarifier son attitude elle préférait s'éloigner.

Restait à savoir : qui était réellement derrière tout ça ?

Philesta inspira et leva les yeux pour regarder autour d'elle et se changer les idées le temps d'un instant.

Elle remarqua alors quelque chose de curieux qu'elle n'avait jamais vu. Les passants tout autour d'elle se grattait régulièrement le cou sans y faire attention, habituellement, machinalement.

Cela la marquait d'autant plus que cela lui rappelait sa mère qui avait elle aussi cette habitude qui lui avait valu souvent des moqueries car elle était la seule à faire cela mais ici tout le monde se comportait de cette manière.

Pourquoi ?

Soudain il y eut un mouvement de foule, Philesta se sentit poussée vers l'avant happée par le déplacement.

Son cœur s'accéléra et la panique l'envahit. Elle se mit à courir en sens inverse et se fraya un chemin vers un côté pour finalement réussir tant bien que mal à sortir de la foule.

Essoufflée, elle s'éloigna d'un pas rapide vers une ruelle sombre et vide pour reprendre son souffle.

Après quelques pas elle se rendit compte qu'elle s'était approchée sans le savoir d'une bagarre violente entre deux groupes d'hommes. Ils étaient tous habillés de vêtements sombres et avaient des dessins peint sur leurs bras.

Philesta recula en frissonnant et regarda derrière elle mais le mouvement de foule n'était pas terminé.

Les hommes ne l'avait pas remarqué, trop occupé qu'ils étaient à se frapper.

La jeune femme recula dans l'ombre d'un lampadaire éteint et observa la scène en tremblant d'effroi.

Les hommes s'éloignèrent peu à peu et arrêtèrent de se battre pour laisser de la place aux deux hommes du centre dont la bagarre était d'une violence inouï.

Soudain l'un des deux homme sortit un poignard dont la lame aiguisé brilla avant de le planter violement dans le cou de son adversaire qui tomba en hurlant sur le sol.

Il convulsa puis ne bougea plus. Son sang se fraya un chemin à travers les jambes de l'homme qui l'avait tué qui se décala aussitôt pour ne pas être souillé.

Philesta pu alors voir le cadavre de l'homme au sol. Sa main se crispa sur sa bouche pour retenir un hoquet de dégoût et des larmes montèrent à ses yeux.

C'est alors qu'elle vit quelque chose briller étrangement à l'intérieur du cou de l'homme égorgé. Elle cligna des yeux pour éclaircir sa vision et vit une puce clignoter au milieu du sang.

Son cœur manqua un battement.

Et comme pour confirmer ses doutes, au même instant presque en même temps, tous les hommes qui entouraient le cadavres se grattèrent le cou.