Chapitre 7.

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Philesta ouvrit ses yeux embués de larmes qu'elle n'avait pas senti couler.

Elle se redressa sur ses avant-bras et sentit un liquide chaud couler sur ses mains.

La jeune femme s'assit péniblement et passa une main tremblante sur son crâne. Il était poisseux et brûlant et une douleur lancinante commençait à se faire sentir.

Elle sentit distinctement son cœur ralentir de plus en plus dans sa poitrine. Ses oreilles bourdonnèrent, sa vue se brouilla. Ses membres devinrent de plus en plus lourds comme émantés par le sol.

Philesta s'agrippa au sol de toutes ses forces. Elle ne voulait pas mourir elle ne le permettait pas.

Elle se redressa soudain et dans un dernier sursaut d'énergie elle sonda le reste d'eau de son corps pour en extraire les propriétés bienfaitrices.

Tout d'un coup son corps fut irradié d'une onde de chaleur et ses blessures se refermèrent.

Son cœur s'accéléra et battit la chamade faisant affluer du sang dans tout son corps ce qui la réchauffa tout à fait.

Philesta cligna des yeux abasourdie. Elle avait faillis mourir.

Elle se leva brusquement et chercha tout autour d'elle pour apercevoir le corps d'Elyrian.

Soudain elle le vit et eut un haut le cœur en voyant l'état de ses jambes. Elle s'approcha du jeune homme et s'accroupit à sa hauteur pour prendre son pouls. Il était encore vivant.

Philesta le regarda un instant et se demanda s'il méritait qu'elle le sauve, après tout il avait contribué à la destruction massive de son peuple.

La jeune femme se souvint alors de la loi suprême des guérisseuses :« Qu'importe la personne qui se trouve devant elle, la guérisseuse dois la sauver car son rôle est de guérir et non de s'octroyer le droit de choisir qui doit vivre ou mourir. ».

Elle serra les lèvres puis posa ses mains sur le ventre d'Elyrian afin de récupérer son eau. Elle ferma les yeux et transporta le liquide dans tous ses membres afin de les guérir puis elle se leva.

Elyrian ouvrit les yeux et expira bruyamment comme s'il reprenait vie.

Philesta se pencha vers lui et dit simplement sans aucune émotion :

— Je viens de te sauver la vie.

Le jeune homme la fixa avec un regard indéchiffrable puis il regarda ses mains et ses jambes et dit finalement en se relevant :

— Je ne t'ai pas permis de me tutoyer.

La jeune femme eut un hoquet de surprise.

Elyrian se dépoussiéra et continua :

— Maintenant que tu m'as sauvée ne pense pas que je me sentirai redevable c'était ton choix et non le mien.

Philesta serra les poings et répliqua :

— Si ça n'avait tenu qu'à moi je vous aurez laissé agoniser ici mais je suis une guérisseuse Katharos et en tant que telle je me dois de respecter certaines règles dont le fait de sauver les blessés qui se trouvent sur mon chemin.

Le jeune homme remit en place sa ceinture et répondit calmement :

— Je me moque de tes raisons mais ne pense pas que je te dois quoi que ce soit.

La jeune femme fronça les sourcils et s'écria :

— Mais enfin c'est si compliqué que ça de dire merci ?!

Elyrian la scruta quelques minutes de ses yeux bleu foncé et répondit d'une voix remplie de haine :

— Je ne remercierai jamais mon ennemie.

Puis il passa à côté de Philesta sans la regarder.

La jeune femme le regarda s'éloigner des larmes de rages brillants dans ses yeux. Elle murmura :

— Tu n'imagines pas à quel point je te hais, mon ennemi...

Maintenant qu'ils étaient descendus de l'Ercona, le peuple des Gratsans ne pouvaient plus les trouver. Ils étaient désormais hors d'atteinte.

Philesta fit glisser le tissu grisâtre de ses cheveux laissant au vent sa longue chevelure blanche puis lança le chiffon au sol un sourire assuré se dessinant sur ses lèvres.

Elle était désormais libre. Elyrian ne la contrôlerai pas, elle ne le permettrait plus.

Les Katharos avait un honneur et cet honneur reposait à présent entièrement sur ses épaules.

Son peuple avait peut-être perdu la guerre contre les Gratsans mais elle, elle ne perdrait pas sa bataille contre Elyrian.

Philesta leva le menton et avança jusqu'au jeune homme, lequel ne bougeait étonnamment plus depuis quelques secondes.

La jeune femme se plaça à côté de lui et tourna les yeux dans la direction de son regard.

Elle compris alors l'immobilité d'Elyrian et se figea à son tour face au paysage qui s'offraient à ses yeux.

Les lumières multicolores qu'elle avait aperçue à la descente de l'Ercona se trouvaient maintenant devant eux et elle vit ce qu'elles étaient réellement.

Elyrian se ressaisit lentement et souffla impressionné :

— Mais qu'est-ce que c'est ? Pourquoi... est-ce aussi immense ?

Philesta s'avança lentement le souffle coupé et lança, le reflet des lumières multicolores brillants dans ses yeux écarquillés :

— Alors comme ça, durant tout ce temps, nous n'étions pas seuls ?

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