Le soleil venait de se lever à l'aube de ce deuxième jour en mer.
Philesta regarda le professeur Nehl qui dormait paisiblement dans le fond de leur petit bateau de sauvetage.
Il avait retrouvé la formule dans les méandres de sa mémoire et avait travaillé de longues heures dessus, le succès de l'opération était donc quasiment certain.
Elle laissa sa main effleurer l'eau et ferma les yeux. Tout semblait aller désormais dans leur sens.
Il faisait beau, le soleil qui était maintenant bien au-dessus de l'eau réchauffait sa peau de ses rayons chaleureux et une légère brise marine faisait flotter ses cheveux courts autour de sa tête lui créant une auréole dorée.
Elle ouvrit les yeux et regarda l'immense étendue d'eau qui les séparait de la ville qui apparaissait de loin comme une multitude de petites lumières.
Tout semblait parfait mais la jeune femme pour autant n'était pas sereine.
Elle avait l'étrange sentiment que quelque chose clochait.
Le bateau se rapprochait de la terre ferme de plus en plus vite et chaque mètre gagné faisait battre son cœur plus fort.
Elle lança un regard à Elyrian. Partageait il son inquiétude ?
Le jeune homme lui sourit sereinement.
Le bateau de sauvetage gagna finalement la petite plage qu'ils avaient quittés il y avait une semaine déjà et les trois marins improvisés sautèrent rapidement sur le sable chaud.
Elyrian s'ébouriffa les cheveux et dit :
— Nous allons devoir contourner entièrement l'Ercona pour atteindre la ville, cela va nous prendre plusieurs heures, et lorsqu'on sera proche de celle-ci faites bien attention professeur, cela fait plusieurs années que vous n'y êtes pas rentré alors vous ne savez pas mais elle a énormément changé depuis votre départ, tout, absolument tout est surveillé par les drones de l'Illusion et des caméras sont camouflées partout. Elle a même mis en place un système qui se met en marche dès qu'on parle d'elle en terme peu élogieux et tue instantanément la personne.
Le professeur déglutit et murmura :
— Je ferai attention.
Ils se mirent en marche et tandis que leurs pas les rapprochaient un peu plus à chaque fois de leur but, le mauvais pressentiment de Philesta ne cessait de croître.
Au bout de plusieurs heures de marche ils arrivèrent enfin devant la ville.
Ils allaient franchir la limite des réseaux de l'Illusion lorsque soudain, ils virent au loin, un homme boitant s'approcher d'eux en leur faisant des signes.
Il arriva finalement à quelques mètres d'eux et s'écroula au sol.
Philesta fut la première à réagir et franchit la distance qui les séparait pour s'accroupir à côté de l'homme.
Son visage était couvert de sang et son corps était mutilé d'une façon... inhumaine.
La jeune femme sentit ses yeux s'emplirent de larmes et lui demanda tandis que le professeur et Elyrian la rejoignait :
— Qui vous a fait cela ?
L'homme ouvrit difficilement la bouche et murmura :
— Tu ne me reconnais pas ? Je suis Guntar.
Philesta écarquilla les yeux d'effroi et de surprise. Son visage était tellement déformé par la douleur et les blessures qu'elle ne l'avait pas reconnu.
Il continua difficilement d'une voix de plus en plus faible :
— N'entrez pas dans la ville ou vous subirez le même sort que moi. Tous les Gratsans qui était resté avec moi et moi-même avons tenté une attaque contre l'Illusion aujourd'hui après l'avoir préparé durant plusieurs semaines. Ils ont tous été tués sans exception, je suis le seul survivant. Elle a activé la puce de tous les humains qui en ont, en mode guerre et ce sont eux qui nous ont fait cela. Elle est seule mais... elle a une armée d'humain qui se salissent les mains à sa place.
La jeune femme regarda tétanisée Guntar se mettre soudain à convulser. Du sang jaillit de sa bouche et coula de ses lèvres tuméfiées. Il expira.
Philesta s'apprêtait à essayer de le ranimer avec son don de guérison mais Elyrian posa sa main sur son épaule en disant :
— C'est fini tu ne peux rien faire et... tu n'aurai rien pu faire, il était condamné regarde, il montra une blessure au cœur dont le sang coulait encore, les principales artères sont touchées, c'est déjà un miracle qu'il soit arrivé en vie jusqu'à nous.
La jeune femme lui ferma les yeux et se leva en essuyant brusquement les larmes qui roulaient sur sa joue.
Voilà ce qui clochait, la trop grande facilité avec laquelle tout s'était déroulé jusqu'alors.
C'était comme si l'Illusion les avait laissé chercher un moyen de la détruire. Cependant la réalité venait de la frapper en pleine face, elle ne les avait pas attendu patiemment, elle s'était préparée et avait une armée avec elle prête à leur faire obstacle. Ils arrivaient trop tard.
Elyrian s'ébouriffa les cheveux nerveusement et dit :
— Elle a encore un temps d'avance sur nous... et en même temps avec le temps que nous avons mis, nous aurions dû nous douter qu'elle aurait eu tout le loisir de se préparer. Elle ne se laissera bien évidement pas détruire.
Le professeur remonta ses lunettes et dit :
— Alors ? Que fait-on ? On... abandonne ?
Philesta répondit brusquement :
— Non ! Il reste une solution, elle sortit son insigne de sa poche et le serra dans ses mains, ils m'ont promis d'être là pour moi si j'avais besoin d'aide, et là j'ai grand besoin d'eux. Allons-y.
Le professeur Nehl se racla la gorge et demanda :
— Où allons nous exactement?
La jeune femme répondit le regard tourné vers la ville qui semblait couverte d'un voile sombre :
— Dans la cité des guérisseurs.

VOUS LISEZ
Illusion
ParanormalDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...