Philesta se recula effrayée.
Elle venait enfin de mettre les mots sur ce qu'elle devait faire...
Elyrian mort... le monde ne serait pas détruit...
C'était le seul humain a avoir accepté de suivre l'Illusion dans son plan fou. Même le réseau humain de l'IA, qui s'était fait passé pour les amis d'Elyrian à l'époque, n'avait pas accepté de suivre l'Illusion cette fois là.
Elle tituba. Qu'est ce qui s'était passé dans sa tête ?
Quelque chose s'était produit forcément car il n'aurait pas fait cela en ayant toute sa conscience.
Elyrian était quelqu'un de bien, de très bien même... mais... elle n'avait aucun moyen de connaître la raison de son changement et... elle n'avait pas le droit de prendre le risque d'attendre l'élément déclencheur.
Elle se recroquevilla au sol. C'était inhumain...
La responsabilité était trop lourde pour elle.
La jeune femme se leva lentement et sortit des toilettes la mort dans l'âme.
Elle rejoignit dans le calme de la nuit la trappe discrète menant à leur cachette et entra dedans.
Elyrian s'était endormis la tête posée sur un énorme sac de farine.
Son cœur s'accéléra dans sa poitrine.
Elle s'assit à côté de lui et regarda son visage paisible. Elle l'aimait... plus que tout.
Elle ne pouvait pas s'y résoudre, jamais elle n'arriverait à lui faire de mal. Elle serait même prête à donner sa vie pour qu'il vive... alors le tuer ?
Impossible...
Le jeune homme ouvrit brusquement les yeux et les deux jeunes gens se regardèrent quelques secondes sans rien dire puis Elyrian se redressa en se raclant la gorge et dit en rangeant ses cheveux :
— Tu as quelque chose à me dire peut-être ?
Philesta se leva précipitamment et répondit la première chose qui lui vint en tête:
— Nous ne pouvons plus rester sur ce bateau, un employé du navire m'a interrogée et j'ai réussi à m'en sortir tant bien que mal en lui parlant de faute administrative et de la belle fille du capitaine mais je lui ai dit que demain tout serait réglé sauf que bien sûr ce ne sera pas le cas...
Elyrian réfléchit puis se leva et dit :
— Nous n'avons plus le choix, nous devons fuir cette nuit, suis moi.
La jeune femme acquiesça vigoureusement, soulagée d'avoir pu contourner le sujet et d'avoir pu du même coup trouver une solution à son autre problème.
Ils sortirent de leur cachette et le jeune homme murmura :
— Il y a toujours des petits bateaux de sauvetages en plastique à l'arrière du bateau facilement accessible en cas de problème. Nous allons en prendre un.
Il ouvrit une grande porte de couleur vive et en sortit péniblement un petit bateau d'environ cinq mètres.
Philesta l'aida aussitôt à le porter et ils le firent glisser contre le navire à l'aide d'une corde jusqu'à qu'il touche l'eau afin de ne pas faire de bruit puis ils l'attachèrent au pont et descendirent par la trappe menant à leur cachette jusqu'en bas du bateau et rejoignirent l'eau par un fenêtre silencieusement.
Ils nagèrent jusqu'au petit bateau puis Elyrian tira sur la corde qui se défit du pont, aussitôt le bateau de sauvetage fut à la merci des vagues.
Il s'éloigna lentement du navire de plaisance et lorsque que le navire ne fut plus qu'un point à l'horizon, le jeune homme alluma le petit moteur.
La jeune femme quand à elle ouvrit le sac accroché au bateau pour éviter le regard d'Elyrian.
Il y avait des provisions suffisamment pour tenir une semaine, une lampe, plusieurs gilets de sauvetages, une carte, plusieurs couvertures de survie, une trousse de secours, et d'autres objets sans intérêts dans l'immédiat.
Elle tendit un gilet de sauvetage au jeune homme et en mit un puis elle déplia la carte en murmurant :
— J'espère que l'île de Taribati apparait dessus...
Elyrian lui prit la carte des mains en disant :
— C'est une carte marine, tu n'arriveras pas à la lire.
Il arrêta le moteur et fixa avec attention la carte puis il l'a tendit à Philesta en disant :
— Nous sommes étonnamment très proche. Le navire de plaisance nous a énormément rapproché. Nous arriverons à destination dans environ deux jours je pense.
Philesta ressentit un immense soulagement à cette nouvelle. Ils étaient près du but.
Elle regarda à l'horizon. Le navire de plaisance n'était plus visible. Elle tourna les yeux vers le jeune homme qui avait rallumé le moteur.
Elle ne le tuerait pas, elle ne le pouvait pas, à la place elle ferait de son mieux pour qu'il ne change pas et elle se battrait jusqu'au bout même si elle devait y laisser la vie pour détruire l'Illusion avant que ses visions ne se produisent.
Elle serra les poings fermement. Elle allait protéger l'humanité et... Elyrian.
La jeune femme allait prendre ce risque énorme et peut-être irresponsable mais elle ne pouvait faire autrement, sa raison avait perdu face à son cœur.
Elyrian sentant son regard tourna la tête et dit en plongeant ses yeux bleu dans les siens :
— Philesta, je ne peux pas faire semblant, te voir souffrir en silence m'atteint à un point que tu ne peux sans doute pas imaginer, dis moi ce qui se passe, je t'en supplie...
Il ne décrochait pas son regard du sien tentant de sonder son cœur. La jeune femme se racla la gorge et dit finalement :
— Promet moi que... qu'importe la situation ou l'évènement tu resteras l'Elyrian que je connais, juste, droit et honnête. Promet moi que tu ne te laisseras influencer par rien, que tu te battras toujours pour la justice et que même si un jour je venais à ne plus être de ce monde tu continueras à vivre, à faire le bien et à être heureux. Promet moi de... ne pas changer.
Le jeune homme continuait à la fixer troublé et répondit après un instant de silence :
— Je te promet de ne pas changer mais je ne peux pas te promettre d'être heureux sans toi.
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Illusion
ParanormalDepuis des siècles, deux peuples, les Katharos, détenteurs du pouvoir de guérison, et le puissant peuple des Gratsans se déchirent dans une guerre sanglante. Suite à de terribles circonstances, Philesta, une jeune guérisseuse Katharos, est capturée...